Le week-end arrive, et avec lui, une lueur de répit après une semaine chargée. Je me réveille. Mon premier réflexe est d’attraper mon téléphone pour appeler Gabriel. Sa voix, même endormie, a le pouvoir de chasser les ombres qui s’accumulent dans mon esprit.— Bonjour, toi, murmure-t-il, sa voix lasse et légèrement rauque au bout du fil.— Tu dors encore ? demandé-je, un sourire amusé se dessinant sur mes lèvres.— Il est tôt, tu sais, répond-il, et je peux presque voir son air faussement indigné.— Je te laisse, alors, dis-je, taquine.— Non, voyons ! Il rit doucement. On est rentrés vers minuit, hier. Je suis un peu fatigué… et j’ai la gueule de bois. Je pouffe de rire, imaginant son regard pétillant malgré la fatigue.— Je voulais juste entendre ta voix, savoir que tu vas bien. — Oh, c’est mignon, chérie, dit-il, sa voix s’adoucissant. Je vais bien, ne t’inquiète pas. »— Tu fais quoi, aujourd’hui ? demandé-je, curieuse, enroulant une mèche de cheveux autour de mon doigt.— Bah
À la fin de la semaine, l’amphithéâtre principal bourdonne d’une énergie fébrile. Monsieur Herman, notre professeur principal, détaille le voyage d’études prévu dans sept semaines. Les mots « côtes Est », « fermes innovantes » et « adaptation au changement climatique » résonnent dans la salle, ponctués par des murmures enthousiastes. Les étudiants échangent des regards excités, comme si ce voyage était une porte ouverte vers une aventure qui brisera la monotonie des cours. Moi, je sens mon cœur battre un peu plus fort, porté par l’idée de m’échapper, ne serait-ce qu’un instant, de cette vie qui semble parfois m’enserrer.Un nuage vient pourtant ternir notre enthousiasme : les partiels, qui tombent une semaine avant le départ. Une semaine d’examens où chaque minute sera dévorée par les révisions, le stress, les nuits blanches. Mais ce n’est qu’un obstacle temporaire. Ce qui m’attend après – ce voyage, ces moments loin de tout – me fait vibrer d’anticipation. Gabriel sera là. Nous seron
La discussion avec Nadia m’a laissé un étrange mélange de soulagement et de vulnérabilité. Ses mots, pleins de bienveillance et de fermeté, ont allégé un peu le poids qui m’écrasait depuis des jours. Pour la première fois, j’ai l’impression que je ne suis pas complètement seule face à cette tempête. Pourtant, en quittant le lycée, une boule d’angoisse se forme dans mon ventre, grossissant à chaque pas. La peur qu’Antoine puisse surgir de nulle part – au portail, à l’arrêt de bus, dans la foule anonyme – me rend paranoïaque. Chaque silhouette au loin, chaque bruit de pas derrière moi me fait sursauter. Je scrute les visages, les ombres, cherchant un signe de lui, de cette menace invisible qui plane sur moi.Je cherche Gabriel du regard, par réflexe, mais il n’est nulle part. Tant mieux, me dis-je. Moins il est impliqué pour l’instant, mieux c’est. Si Antoine le surveillait vraiment, comme il l’a sous-entendu, je ne veux pas qu’il soit une cible. Mes yeux tombent alors sur Elena, entour
Malgré la détermination qui m’avait envahie dans le couloir, une peur sourde continue de me ronger. Chaque pas que je fais semble résonner avec une question : et si ? Et si Antoine mettait ses menaces à exécution ? Et s’il connaissait vraiment le visage de Gabriel, s’il l’avait observé, suivi, comme il me l’avait laissé entendre dans ses messages ? La pensée qu’il puisse s’en prendre à lui me noue la gorge. Et même s’il ne venait pas, même si tout cela n’était qu’un jeu cruel pour me tourmenter, Gabriel est-il vraiment en sécurité ? Ces pensées tourbillonnent dans ma tête, m’empêchant de respirer librement, comme une tempête qui refuse de s’apaiser.À midi, je n’ai presque rien avalé. Mon assiette reste à peine touchée, la nourriture semblant se transformer en cendres dans ma bouche. Assise à la cafétéria, je ne peux m’empêcher de fixer Gabriel, qui est attablé avec Elena à l’autre bout de la salle. Ils rient, partagent un plat, leurs têtes rapprochées comme s’ils étaient seuls au mon
Le matin, ma tête est lourde, comme si un brouillard épais s’était installé dans mon esprit. Les messages incessants d’Antoine, reçus au milieu de la nuit, résonnent encore dans ma mémoire, leurs mots acérés tournant en boucle. Des menaces voilées, des sous-entendus qui me nouent l’estomac. J’ai à peine fermé l’œil, mes pensées oscillant entre l’angoisse et les souvenirs brûlants de la veille avec Gabriel. Mon corps est encore marqué par cette soirée, chaque sensation gravée dans ma peau, mais l’inquiétude d’Antoine jette une ombre sur tout.Je jette un coup d’œil à mon téléphone : 7h45. Je suis en retard. J’attrape mon sac en hâte, renverse presque ma tasse de café sur le comptoir, et me précipite dehors, l’air frais du matin me frappant comme une gifle. Le trajet jusqu’au lycée est un flou d’images : les rues familières défilent, mais mon esprit est ailleurs, coincé entre la peur des mots d’Antoine et l’étrange chaleur que Gabriel a laissée en moi.Arrivée en classe, essoufflée, je
Gabriel est parti depuis un moment, mais je savoure encore son odeur qui s'est étalé sur mes draps.Je m’allonge, les yeux mi-clos, laissant mes doigts effleurer le tissu froissé là où son corps s’est lové contre le mien. Chaque souvenir de ses caresses, de ses baisers ardents, rallume une flamme dans ma poitrine. Mon cœur s’emballe, et un désir presque douloureux de l’enlacer encore plus fort m’envahit, comme si je pouvais le retenir ici, dans cet instant suspendu.Un bourdonnement soudain brise ma rêverie. Mon téléphone vibre sur la table de chevet, et un sourire involontaire se dessine sur mes lèvres. Gabriel, peut-être, m’écrivant pour me dire qu’il est bien rentré, qu’il pense à moi. Je me redresse d’un bond, le cœur léger, et attrape l’appareil avec empressement. Mais l’écran affiche un nom qui fait s’effondrer mon enthousiasme comme une vague sur le rivage. Antoine. Une pointe de déception me traverse, suivie d’une vague d’appréhension. J’hésite, puis ouvre le message.« Alors,