Deborah cligna des yeux, prise au dépourvu par la proposition. Elle réfléchit un instant, les mains toujours crispées sur le volant, tandis que les rues défilaient sous un ciel gris et lourd.— À vrai dire, on a le temps, avec moi en arrêt et toi au chômage, répondit-elle, un sourire hésitant se dessinant sur ses lèvres.Jonathan posa une main sur sa cuisse, son regard plus sérieux, presque déterminé.— On va l’ouvrir, ta boutique, dit-il avec conviction.Elle lui lança un regard sceptique, ses doutes refaisant surface.— Je ne vais pas faire concurrence à Diego, non, rétorqua-t-elle, secouant la tête.Il insista, ses yeux plongés dans les siens.— T’en fais pas. Et c’était la première fois qu’il t’a embrassée ?Deborah sentit une bouffée de colère remonter à la mention de Diego. Elle révise son visage, ses mots cruels, puis ce baiser inattendu qui l’avait laissée furieuse et confuse.— Oui, répondit-elle, la voix crispée. — Il m’a dit des choses méchantes, puis il m’a embrassée. Je s
Deborah sentit ses doigts trembler légèrement lorsqu’elle attrapa les clés que Jonathan lui tendait. Son sourire, teinté d’une pointe de sévérité, semblait cacher une inquiétude qu’il ne voulait pas pleinement exprimer. Ses yeux, encore marqués par la fatigue et la douleur de sa blessure, la fixaient avec intensité.— Fais attention, hein ? dit-il, sa voix rauque mais ferme.Elle esquissa un sourire narquois, tentant de détendre l’atmosphère lourde qui planait entre eux.— Ne t’inquiète pas, je ne vais pas défoncer ton portail.Jonathan éclata d’un rire franc, mais son visage se crispa presque immédiatement, une grimace de douleur remplaçant son sourire. Il porta une main à son abdomen, là où le bandage cachait la plaie encore fraîche.— Tu veux me faire rire, et moi, je peux te faire rire et te parler de ton postérieur rouge ! lança-t-il, taquin, malgré la douleur.Deborah lui jeta un regard noir, mi-amusée, mi-agacée, tandis qu’il riait de plus belle, jusqu’à ce qu’un nouveau spasme
Quelques heures plus tard, après un passage interminable à l’hôpital entre formalités administratives et derniers examens pour Jonathan, ils sortirent enfin. La lumière du crépuscule baignait le parking dans une lueur orangée, et l’air frais du soir portait une odeur d’herbe humide. Deborah, encore secouée par les événements, accompagna Jonathan dans sa petite voiture jusqu’au parking du cimetière, où il avait laissé la sienne. Ses mains serraient le volant avec une tension qu’elle ne parvenait pas à dissiper, et son esprit oscillait entre les images de l’agression et les mots échangés avec Jonathan dans la salle d’attente.Une fois garés à côté de sa voiture, ils restèrent assis, aucun des deux ne faisant mine de descendre. Le silence s’installa, seulement troublé par le tic-tac du moteur qui refroidissait. Jonathan, le visage marqué par la fatigue et la douleur, se tourna vers elle, ses yeux cherchant les siens dans la pénombre.— Je vais quitter le bureau, c’est sûr, déclara-t-il d
Deborah recula précipitamment, ses bottes glissant sur les graviers humides du cimetière. Son dos heurta un pot de fleurs en céramique, qui vacilla avant de basculer. Elle trébucha, tombant à genoux avec un juron étouffé, la douleur irradiant dans ses jambes. Avant qu’elle ne puisse se relever, le deuxième homme, le plus grand, se jeta sur elle avec une rapidité surprenante pour son état d’ébriété. Son poids la cloua au sol, écrasant son souffle. L’odeur âcre de sueur et d’alcool envahit ses narines, et un frisson de panique lui traversa le corps.— J’suis mal, pensa-t-elle, suffoquant sous l’étreinte brutale.Dans un réflexe désespéré, Deborah attrapa une poignée de cheveux gras de l’homme et tira de toutes ses forces, son autre main cherchant frénétiquement autour d’elle quelque chose – n’importe quoi – pour se défendre. Ses doigts effleurèrent le bord du pot de fleurs renversé, mais avant qu’elle ne puisse l’agripper, le premier homme, celui au bâton, donna un coup de pied dedans,
Deborah sentit son cœur s’emballer, mais elle s’efforça de garder un visage impassible, les lèvres serrées. La douleur du coup dans son dos pulsait encore, un élancement sourd qui lui rappelait la violence de l’instant. Elle releva lentement les yeux, son regard croisant celui d’un homme trapu qui se tenait à quelques pas, un bâton noueux à la main. Son sourire tordu, à la fois moqueur et menaçant, dévoilait des dents jaunies. C’était lui qui l’avait frappée, un geste brusque qui avait fait tomber son téléphone sur le gravier avec un bruit sec. Avant qu’elle ne puisse répondre, une autre voix, nasillarde et éraillée, s’éleva dans l’air frais du matin :— Alors, petite poulette, tu t’es perdue ?Un deuxième homme s’approchait, traînant des pieds sur les graviers du sentier. Plus grand, dégingandé, il avait des cheveux gras collés au front et une barbe mal taillée qui accentuait son air négligé. Une odeur âcre de bière rance et de sueur flottait autour de lui, si forte que Deborah la pe
Deborah, épuisée par une journée interminable et incertaine quant à l’endroit où passer la nuit, erra longtemps dans les rues sombres de la petite ville. Après avoir envisagé plusieurs options – un motel miteux, un banc dans un parc, ou même frapper à la porte d’une vieille connaissance – elle se résigna finalement à dormir dans sa voiture. Elle gara son vieux break sur le parking désert du cimetière, à l’orée d’un bois touffu où le vent murmurait doucement entre les branches nues. L’endroit, isolé et silencieux, semblait presque trop calme, mais elle n’avait ni l’énergie ni l’envie de chercher ailleurs.Enroulée dans une couverture usée qu’elle avait récupérée dans le coffre, Deborah tenta de trouver un semblant de confort sur la banquette arrière. Le froid mordant de la nuit s’infiltrait à travers les vitres embuées, et malgré ses efforts pour se réchauffer, ses doigts engourdis et ses frissons persistants rendaient le sommeil presque impossible. Elle serrait la couverture contre el
Les larmes coulaient librement maintenant, mais elle les essuya d’un revers de main, sans parvenir à les stopper. Elle ferma la valise d’un geste sec, cherchant à se reprendre, mais une partie d’elle savait qu’elle n’aurait jamais toute la clarté dont elle avait besoin. Elle inspira profondément, tenta de se calmer avant de quitter la chambre, les bruits de ses pas résonnant dans la maison, lourds de sens.Elle marcha lentement dans le couloir, le silence l’enveloppant comme un voile épais. Ses pas la guidaient d’eux-mêmes vers le salon, là où elle retrouverait les visages de ceux qui l’avaient trahie. Ils n’avaient pas de mots pour la retenir, et elle n’avait pas l’intention de se taire plus longtemps. Il était temps qu’elle prenne la parole.La valise heurtant le sol, un bruit sec marqua son entrée dans la pièce. Elle les regarda un instant, un mépris évident se lisant dans ses yeux.— J’ai découvert que tu étais au club avec elle hier soir, alors que tu prétendais travailler. Sa vo
Mais Deborah, restant debout, demeura interdite, le regard empreint de colère. Elle n’ouvrit plus la bouche, attrapa son sac à main, sa veste et partit vers sa petite voiture pour rentrer chez elle, mais elle n’avait aucune envie de rentrer ni de lui parler. Les pensées tournaient dans sa tête, mélangeant la douleur de la trahison de Jonathan avec le comportement inapproprié de Diego.Elle ne savait pas comment réagir. Peut-être que tous les retards que Jonathan accumulait étaient passés avec elle. Les larmes commencèrent à couler de nouveau. La révélation sur Jonathan remettait en question toute sa vie et sa relation. Elle devait trouver des réponses, mais pour l’instant, tout était confus et douloureux. La coupable de cette douleur était elle seule.Arrivée chez elle, elle se retrouva devant la maison où ses amis étaient déjà arrivés. L’idée de devoir faire face à eux et à Léa, qui faisait son retour, ne faisait qu’ajouter à son anxiété. Elle hésitait même à aborder le sujet avec Jo
Jonathan ne répondit pas avec des mots. Il l’attira contre lui, l’embrassant à nouveau, plus lentement, plus profondément, comme s’il voulait lui promettre quelque chose qu’il n’était pas sûr de pouvoir tenir. Ses mains glissèrent le long de ses flancs, remontant sous le pull, explorant la courbe de ses hanches avec une tendresse mêlée de désir. Déborah soupira contre ses lèvres, son corps s’abandonnant à lui, et pendant un moment, il n’y eut plus ni Léa, ni deadlines, ni peur de l’avenir. Juste eux, et Flocon, qui s’était rendormi sur le canapé, inconscient de la tempête d’émotions qui les enveloppait.De son côté, elle se sentait de plus en plus mal à l’aise en travaillant à la boutique avec Diego. Elle avait l’impression qu’une tension grandissante s’installait entre eux, sans vraiment comprendre pourquoi.Certains jours, tout allait bien. Ils travaillaient ensemble en harmonie, et Diego se montrait même attentionné, s’excusant pour son comportement distant des jours précédents. Ma