Le silence de Leonard, après sa question abrupte, pesait plus lourd qu'un jugement. Alma sentit une sueur froide perler à sa nuque. Elle savait qu'elle était au pied du mur. Mentir de nouveau ne ferait qu'aggraver la situation, et la tension explosive qui les habitait depuis leur retour des Alpes menaçait de les consumer entièrement. Le téléphone brûlait contre son oreille, chaque seconde de silence s'étirant comme une torture.
"C'est un client," répondit-elle, sa voix plus ferme qu'elle ne l'aurait cru, malgré le tremblement qui parcourait son corps. "Un nouveau compte que Madame Smith m'a confié. Monsieur Marc Vallet. Il est à la tête d'une fondation. Des investissements avec un volet culturel." Elle s'accrochait aux faits, espérant que la vérité, aussi partielle soit-elle, apaiserait la tempête.
Un bref silence s'installa, rempli du souffle rete
Après avoir raccroché, Alma est restée un long moment, immobile, dans son atelier toscan. Ses mains ont cessé de trembler, remplacées par une froide détermination qui masquait à peine le tumulte de son cœur. L'appel à Leonard n'a pas été un acte de fuite, mais un défi. Elle lui a prouvé qu'elle n'était plus sa marionnette, mais elle savait au plus profond d'elle-même que ce geste était aussi un acte d'amour désespéré. Elle l'aimait. Follement. C'était la vérité brute qu'elle refusait d'admettre, même à elle-même, surtout à Malick, son ami et confident.Sa conversation avec Malick, plus tard dans la soirée, a été à la fois une bouffée d'air frais et une nouvelle épreuve. Malick, avec son calme et son soutien indéfectible, l'a exhortée à la
En Toscane, la lumière du matin filtrait à travers les volets de la résidence, inondant l'atelier d'une clarté dorée. Pour Alma, pourtant, la lumière s'était muée en une froide révélation. Le mail de Malick, concis mais détaillé, ne laissait plus aucune place au doute. Les "dons anonymes" à la galerie, les "opportunités providentielles", l'invitation à cette résidence idyllique... tout était l'œuvre de Leonard. Il avait osé transformer son rêve en une prison dorée, utilisant sa passion comme un outil de manipulation.Au lieu de la peur et de la fuite qui auraient pu l'envahir, une colère froide et une détermination implacable se sont emparées d'elle. Il avait franchi une ligne. Cette fois, elle ne se cacherait pas. L'idée de vivre constamment dans la peur, une ombre planant sur sa liberté durement a
Le départ pour la Toscane fut un mélange d'excitation et d'une légère appréhension pour Alma. La lumière dorée de la fin de l'après-midi inondait l'appartement parisien, projetant de longues ombres sur les cartons de matériel artistique qu'elle avait préparés. Marie, son éternel roc, l'avait aidée à boucler sa valise, son regard à la fois fier et inquiet. "Fais attention, ma fille. Le monde est grand, mais les mauvaises intentions voyagent vite," lui avait-elle murmuré, une allusion à peine voilée à Leonard.Le voyage en train vers l'Italie fut une parenthèse enchantée, offrant des paysages changeants, des champs de tournesols aux collines vallonnées. La résidence d'artistes, un ancien monastère niché au cœur de la campagne toscane, était un lieu d'une beauté époustouflante et
La vie d'Alma à Paris s'écoulait comme un fleuve paisible, emportant avec elle les derniers vestiges de la tourmente passée. Chaque jour à la galerie était une immersion dans ce qu'elle aimait le plus : l'art, la création, la connexion humaine. Malick était devenu plus qu'un collègue ; il était une présence constante, un rire partagé, un regard compréhensif qui apaisait ses craintes. Leur complicité grandissait, un sentiment d'attirance mutuelle, pur et sans exigences, éclosant au cœur de son renouveau. Alma se surprenait à sourire plus souvent, à envisager un avenir qui ne serait plus dicté par la peur ou le devoir. Cette nouvelle liberté était enivrante, un baume sur les blessures encore fraîches de son âme.Pourtant, des coïncidences troublantes commençaient à émailler cette sérénit&ea
Le silence qui suivit le départ de Leonard et Isabella était assourdissant. L'écho des mots d'Isabella, exposant l'obsession de son mari, résonnait encore dans la galerie. Les murmures reprirent timidement, mais tous les regards étaient braqués sur Alma. Malick fut le premier à rompre le charme, sa main toujours posée sur son épaule. "Alma, ça va ? Qui était cet homme ? Et cette femme ?" Son visage exprimait une profonde inquiétude.Alma prit une grande inspiration, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. "C'est... c'est mon passé qui vient de me rattraper." Elle ne pouvait pas en dire plus devant tout le monde. La soirée, qui avait commencé comme un triomphe, s'était transformée en un chaos émotionnel. La joie du vernissage fut éclipsée par la peur latente qui venait de refaire surface.Solange s'approcha, son visage grave. "Alma, nous allons fermer la galerie. Nous en parlerons plus tard, à l'appartement. Malick, peux-tu aider à raccompagner les der
Le vernissage à la galerie associative de Paris était un tourbillon d'émotions pour Alma. L'air vibrait de l'enthousiasme des invités, des rires et des conversations animées. Ses propres tableaux, éclatants de couleurs nouvelles et d'une force retrouvée, étaient accrochés avec fierté. Les retours étaient élogieux, les discussions avec les visiteurs stimulantes. Malick, à ses côtés, rayonnait de fierté pour elle, son sourire encourageant une ancre dans cette effervescence. Alma se sentait enfin à sa place, libre, épanouie, la lumière de la reconnaissance illuminant son visage. Pour un instant, elle oubliait l'ombre de son passé, le poids émotionnel qui l'avait si longtemps accablée.Pourtant, alors qu'elle échangeait avec un collectionneur, son regard glissa vers l'entrée de la galerie. Une silhouette famili&egra