Chapitre 22 – Là où la soif murmure IsisLa chambre est plongée dans une pénombre dorée.Quelques chandelles terminent leur vie sur les rebords de pierre, projetant des ombres mouvantes sur les murs veillés par des symboles anciens.Le silence est épais. Dense. Chargé d’un mystère que je ne peux nommer.Je suis encore enveloppée dans les draps, nue sous leur tissu sombre, et pourtant je ne ressens ni le froid ni la pudeur.Raven est là, allongé à mes côtés, et pourtant… absent.Il ne dort pas. Il ne bouge plus. Il attend.Ou plutôt : il lutte.Ses paupières sont closes, mais je sais qu’il m’entend.Chaque battement de mon cœur, chaque frémissement de ma peau l’atteint.Un souffle plus profond que les autres le trahit.Il est en train de se perdre.RavenLa soif est une prière muette.Elle monte en moi comme une marée noire, lente et impitoyable, creusant mes entrailles, brûlant mes nerfs, voilant mes pensées de brume et d’instinct.Je l’ai repoussée.Je l’ai niée.Je me suis accroché
Chapitre 21 – Là où renaît le feu IsisLe silence est tombé comme un manteau de velours sur le monde.Après les cris, après les larmes, il ne reste que cette accalmie étrange, presque irréelle, où même le vent semble marcher sur la pointe des pieds.Raven ne m’a rien dit.Il m’a simplement tendu la main.Et je l’ai prise.Ses doigts sont encore marqués de sang séché et de magie. Les miens tremblent à peine.Mais entre nos paumes, il n’y a plus de combat. Plus de peur. Plus de rôle à jouer.Il n’y a que nous.Nous avons quitté les ruines ensemble, sans nous retourner.RavenJe l’ai conduite jusqu’à ma demeure — celle que j’ai fait bâtir loin de tous les regards, entre les pierres du vieux monde et les racines de la montagne.Un lieu à l’abri du temps, un fragment d’éternité cristallisée dans la roche.Une forteresse oubliée. Un sanctuaire. Un tombeau devenu refuge.Elle n’avait jamais mis les pieds ici.Personne, d’ailleurs. Jusqu’à ce soir.Les lourdes portes se sont ouvertes dans un
Chapitre 20 – Là où tout bascule RavenLe fracas résonne comme un glas funeste, chaque coup des géants de pierre déclenche un séisme qui fait trembler la terre et résonner mes os.Le ciel lui-même semble se fissurer, vomissant des éclairs d’un noir abyssal qui griffent l’horizon, comme si la voûte céleste voulait s’arracher à son propre passé.L’air est saturé de magie, de poussière, de cendres.Je n’entends plus rien, sinon le martèlement furieux de mon sang dans mes tempes.Tout brûle.Le monde. Ma chair. Mes pensées.Et pourtant, une lucidité glacée s’empare de moi.Dans le chaos, quelque chose en moi se redresse.Je vois Isis.Elle marche vers l’épicentre de la tempête, cheveux déchaînés, peau fendue de lumière, tenant l’obsidienne comme un éclat de vérité que rien ne pourra briser.Elle n’a plus peur. Elle transcende la peur.Et Astar…Il ne se bat plus pour gagner.Il se bat pour finir.IsisLa douleur n’a plus de forme. Elle est un chant grave, souterrain, ancien.L’obsidienne
Chapitre 19 – Là où le monde se fracture RavenLe sol craque et se fend sous mes bottes, comme si la terre elle-même voulait vomir ses entrailles.La poussière s’élève en nuages suffocants, mêlée à des odeurs de pierre brisée et d’air électrique, dense, chargé d’une énergie presque toxique.Chaque vibration sous mes pieds semble ébranler plus que le monde matériel, elle fait vibrer mes nerfs, mon esprit, jusqu’au fond de mes souvenirs enfouis.L’obsidienne dans la main d’Isis pulse avec une intensité presque insoutenable, comme un cœur noir battant dans le creux de sa paume.Cette pierre n’est plus un simple fragment, mais une source vivante de puissance primordiale, à la fois fascinante et terrifiante.Elle aspire tout autour d’elle, avale la lumière, le souffle, la chaleur, aspirant avec elle l’espoir qui nous reste.Nous sommes au centre d’une tempête d’énergie brute, un cyclone magique qui déchire la trame même de la réalité.Les géants de pierre s’animent davantage, leurs mouvem
Chapitre 18 – Là où s’embrasent les âmesRavenLe silence après la déclaration d’Astar n’est pas seulement lourd : il est écrasant, comme si le poids des siècles s’abattait sur mes épaules.Je sens chaque fibre de mon corps vibrer d’une tension insoutenable, comme une corde tendue à l’extrême prête à se rompre.Mes poumons se contractent, ma respiration devient irrégulière, étouffée, étranglée par la peur qui s’infiltre sournoisement sous ma peau.« Battez-moi, et le chemin s’ouvrira. »Ces mots tournent en boucle dans mon esprit comme une malédiction lancinante.Le chemin… une voie incertaine, un horizon qu’on rêve de voir se dessiner mais dont on craint la lumière ou les ténèbres.Le feu glacial de la trahison coule sous ma peau, un poison insidieux que j’ai tenté de repousser, de nier, de faire taire.Mais il est là, toujours présent, comme une ombre tapie au creux de mon âme.Je ne suis plus cet enfant naïf qui croyait au pardon, à la rédemption, à la douceur d’un avenir possible.
Chapitre 17 – Là où se brisent les chaînesRavenLe silence qui suit la déclaration d’Astar pèse sur moi comme une chape de plomb.Chaque seconde s’étire, lourde, étouffante.Les mots « Battez-moi, et le chemin s’ouvrira » résonnent en boucle dans mon crâne, un avertissement et une menace.Je sens mon souffle se faire court, irrégulier, pris au piège entre peur, colère et espoir.Le feu froid de la trahison coule sous ma peau, comme un venin ancien qu’on a cru endormi mais qui resurgit, mordant, rongeant.Ce garçon que j’étais, plein d’illusions, n’existe plus.Aujourd’hui, je suis l’homme qui porte sur ses épaules le poids d’un monde brisé, le fardeau des choix impossibles.Je suis le juge, le bourreau et la dernière résistance.Isis serre ma main. Sa force me surprend toujours, ce lien silencieux, cette lumière indomptable dans le chaos.Elle est l’incendie qui embrase mes ténèbres, la chaleur qui réveille mes forces endormies.Autour de nous, les géants de pierre s’éveillent, ébran