LucienLa soirée avançait, et tout semblait se dérouler comme prévu. Gabriel, toujours maître de la situation, était en pleine discussion avec des invités influents, ses sourires polis dissimulant parfaitement sa stratégie. Son regard se posait parfois sur Cassandra, mais c’était plus par calcul que par désir. Ce n’était plus un secret pour personne que sa fascination pour elle était teintée de contrôle. Pourtant, je savais que ce n’était pas l’élément crucial de ce soir. Non, ce qui se tramait en arrière-plan était bien plus complexe.Je le savais, et pourtant, une partie de moi ne pouvait s’empêcher d’être frappée par la façon dont tout se mettait en place. Le jeu de Gabriel était astucieux, mais il était loin d’être parfait. Il avait une faiblesse, une fissure que personne n’avait encore remarquée. Et cette fissure se trouvait dans le regard de Cassandra.Je me trouvai seul un instant, loin des rires et des conversations animées qui se déroulaient autour de moi. J’avais besoin de r
RaphaëlJe n'avais jamais cru à ces histoires de destin. Ni à celles d’âmes sœurs, ni aux présages que la vie jetait parfois à nos pieds. Pourtant, ce soir-là, quelque chose en moi commençait à changer. Tout était devenu flou, étrange, comme un enchevêtrement de fils invisibles que j’avais ignoré jusqu'à présent. Cassandra. Elle était toujours au centre de tout. Et tout autour d’elle, tout autour de nous, était en train de se tordre.Je m’étais tenu à l’écart de cette guerre d’ego entre Lucien et Gabriel. Je n’étais pas un homme de politique, ni un manipulateur comme eux. Ma vie avait toujours été plus simple, ou du moins, je l’avais voulu ainsi. Mais Cassandra, avec sa beauté complexe et son esprit vif, m'avait transformé, m'amenant à une place dans ce jeu qui me semblait à la fois irréelle et incontournable.La soirée se poursuivait, mais un malaise grandissait en moi. J'avais vu ces éclats dans les yeux de Cassandra, ces moments où elle semblait suspendue entre deux mondes. Elle vo
LucienL’air dans la pièce était lourd, comme si les murs eux-mêmes ressentaient l’intensité des décisions que je devais prendre. Cassandra m’avait échappé, encore une fois. Cette fois, c’était différent. Je le sentais dans la façon dont elle s’éloignait de moi, comme si elle avait été attirée par une force invisible qui la poussait toujours plus loin. Une partie de moi se réjouissait de la voir se libérer des chaînes invisibles qu’elle portait autour d’elle, mais une autre, plus sombre, plus possessive, refusait d’accepter cette fuite.Les sons feutrés de la fête en bas semblaient provenir d’un autre monde. La musique, les rires, les éclats de voix… tout cela m’était devenu étranger. Je n'étais plus en mesure de profiter de la fête. J'étais là, enfermé dans ce cercle infernal, entouré de mensonges, de calculs et de sentiments que je ne pouvais contrôler. Et Cassandra, mon unique obsession, échappait à chaque instant de mes griffes, glissant entre mes doigts comme de la poudre.Je me
CassandraIl y avait des moments où l'isolement devenait une complice, un refuge où l’on pouvait prendre le temps de réfléchir sans être dérangé par les bruits du monde extérieur. Ce soir-là, dans la lumière tamisée de ma chambre, je laissais mes pensées vagabonder. La fête en bas, les rires, la musique… tout me semblait si lointain, comme un écho d’une réalité qui ne m’appartenait plus. Peut-être que je m’étais laissée emporter trop loin, trop profondément, mais la vérité s’imposait à moi : je ne pouvais plus rester dans l’ombre de ce que j’avais été. J’étais bien plus que cela. Et il était temps que je l’accepte.Je me levai de mon lit, déplaçant lentement mes pieds nus sur le parquet froid. L’air de la nuit, passé par la fenêtre entrouverte, me frôla le visage, apportant avec lui une bouffée de fraîcheur. Mais c’était une fraîcheur étrange, comme un vent porteur de changements imminents.Mes mains se posèrent contre le rebord de la fenêtre, et je scrutai l’horizon. Les lumières de
LucienLa porte se referma dans un claquement lourd derrière Gabriel. Un silence pesant s’installa dans la pièce, presque tangible, et je pouvais sentir l’écho de ses mots qui se noyaient dans le vide. Cassandra et moi, nous nous tenions là, à quelques pas l’un de l’autre, et pourtant, un abîme s’était creusé entre nous. Ce n’était pas une distance physique, mais une distance beaucoup plus profonde, plus complexe.Elle était plus que ce qu’elle semblait être. Ce qu’elle avait été avec moi, avec Gabriel, n’avait plus de sens. Les chaînes que je croyais invisibles, les attaches que je croyais inaltérables, se révélaient soudainement fragiles. Et pourtant, je n’étais pas prêt à les briser. Pas encore. Pas tout de suite. Le pouvoir, l’influence, tout ce que j’avais bâti autour d’elle… tout semblait vaciller sous mes pieds. Mais je n’allais pas céder à cette pression. Pas encore.Cassandra se tourna lentement vers moi, ses yeux sombres, empreints d’une sagesse et d’une colère nouvelles. El
GabrielL’heure était venue. Ce n’était plus une question de choix, ni de stratégie. C’était devenu une question de survie. La guerre que Lucien et moi nous livrions depuis des années avait franchi un seuil insurmontable. Cassandra, la pièce maîtresse, la clé de tout ce que nous avions construit, se trouvait maintenant entre nos mains, mais elle n’était plus celle que j’avais connue. Elle était devenue autre chose, plus forte, plus indépendante. Ce qui m’effrayait le plus, ce n’était pas qu’elle m’échappait, mais qu’elle le faisait de manière si… naturelle.Je me tenais devant la grande porte de son bureau, une porte qui avait été jadis un symbole de pouvoir et de contrôle. Un autre symbole brisé, un autre mirage tombé. Mais cette fois, je n’avais pas l’intention de me retirer. Pas sans avoir une réponse. Pas sans avoir une chance de lui dire ce que je portais en moi, tout ce que j’avais étouffé pour maintenir l’illusion de mon contrôle.Je frappai, le bruit de mes doigts résonnant da
LucienL’ombre de la défaite m’enveloppait, mais je refusais de l’accepter. Le jeu entre Gabriel et moi avait toujours été un combat pour le pouvoir, un combat pour Cassandra, mais plus que tout, il était une question d’ego. Une question de contrôle. Chaque mouvement, chaque décision, chaque sacrifice avait été minutieusement calculé, mais tout avait commencé à se fissurer.Elle m’avait échappé. Cassandra, la femme que je croyais mienne, s’était échappée de mes griffes. Et plus elle s’éloignait, plus je ressentais cette frustration grandissante, cette brûlure dans le fond de mes entrailles. Elle s’était rebellée contre moi, mais pire encore, elle s’était rebellée contre l’image que j’avais de nous. Cette image d’un amour parfait, de notre domination sur le monde.Je n'avais jamais voulu l'admettre, mais une partie de moi avait toujours su qu'elle n'était jamais mienne. Peut-être qu’elle n’avait jamais été mienne. J'avais cru pouvoir la façonner, la modeler à ma volonté. Et à force de
CassandraLes rues étaient désertes sous la lueur crue des réverbères, presque irréelles. Le vent soufflait doucement, portant avec lui une fraîcheur qui me glacerait jusqu’aux os si je n’étais pas déjà glacée. Je n’avais plus de repères, plus de certitudes. J’étais partie, et pourtant, je n’étais jamais aussi captive qu’à cet instant.Lucien, Gabriel… Tous deux avaient voulu me briser, m’utiliser, me modeler à leur vision de ce qu’ils croyaient être la vérité. Mais la vérité n’était pas là. Elle n’était ni dans la manipulation ni dans l’illusion de pouvoir. La vérité résidait en moi. Elle résidait dans cette force tranquille que j’avais longtemps ignorée.La question qui me hantait n’était plus « qui suis-je ? » mais « qui vais-je devenir ? » Parce que tout ce que j’avais vécu, tout ce que j’avais aimé, je devais maintenant le laisser derrière moi. Les hommes que j’avais aimés ne comprenaient pas ce que j’étais devenue. Mais moi, je le savais. Je savais que mon destin était ailleurs,
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi