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Chapitre 6 : la première brèche 2

Penulis: Darkness
last update Terakhir Diperbarui: 2025-11-01 22:17:01

Angèle 

Son regard s’illumine. Je viens de prononcer les mots parfaits. Il tend une main et, avec une lenteur délibérée, effleure une mèche de mes cheveux qui a glissé sur mon épaule. Le contact est électrique. Ce n’est pas une caresse. C’est une inspection. Une évaluation tactile.

— C’est exactement ce que je me suis dit en vous lisant.

Soudain, un bruit sourd provenant de l’antichambre. Des pas lourds, précipités. La porte du bureau s’ouvre violemment.

Rabis.

Il est là, le visage légèrement empourpré, les cheveux en désordre. Il sent le whisky à distance. Ses yeux bleus, vitreux de colère ou d’alcool, balayent la pièce et se figent sur la scène : son père, debout, si près de moi. Sa main qui vient de quitter mes cheveux.

— Je savais que tu serais encore là, crache-t-il, son regard passant de son père à moi avec une haine palpable. Démarrer la nouvelle recrue en dehors des heures, père ? C’est un peu… cliché, non ?

Néron ne bouge pas d’un pouce. Son calme face à la tempête de son fils est terrifiant.

— Rabis. Tu es ivre. Rentres chez toi.

— Je ne suis pas ivre ! Je suis lucide ! hurle-t-il en s’avançant. Lucide sur tes manigances. Tu la veux pour toi tout seul. Comme tout le reste.

Il se tourne vers moi, son regard brûlant.

— Et toi ? Tu aimes jouer les proies dociles ? Tu crois qu’il te récompensera ? Il ne récompense personne. Il utilise, puis il jette.

— Rabis, ça suffit, la voix de Néron est un coup de fouet. Un avertissement.

Mais Rabis est hors de contrôle. Il ignore son père et se penche vers moi, posant ses deux mains sur les accoudoirs de mon faueuil, son visage à quelques centimètres du mien. L’odeur de l’alcool et de sa colère est étouffante.

— Tu veux voir comment ça se passe vraiment ici, petite ? Laisse-moi te montrer. Laisse-moi t’apprendre les vraies règles. Celles qui ne s’écrivent pas dans les rapports.

— Éloigne-toi d’elle, Rabis.

La voix de Néron n’a pas changé de volume, mais elle a changé de nature. Elle est devenue mortelle. Il a sorti son téléphone.

— Si tu ne quittes pas cette pièce immédiatement, j’appelle la sécurité. Et je m’assure que ton accès à cet étage soit révoqué pour un mois. Imagine. Un mois sans toucher à ton argent de poche.

La menace est précise, humiliante. Elle frappe Rabis au point le plus sensible : son ego et son portefeuille. La fureur dans ses yeux se mue en une haine pure et glacée. Il se redresse, recule de deux pas, son regard me transperçant une dernière fois.

— Ce n’est pas fini, murmure-t-il, la promesse sinistre destinée à moi seule.

Puis il tourne les talons et quitte le bureau, claquant la porte si fort que les vitres tremblent.

Le silence retombe, lourd, épais comme de la fumée. Néron pousse un soupir, un rare signe d’agacement.

— Mes excuses pour le comportement de mon fils. C’est un… désordre que je dois constamment contenir.

Il revient vers moi. L’incident a brisé la tension d’avant, mais l’a remplacée par quelque chose de plus sombre, de plus complice.

— Vous voyez la nature des défis ici, Angèle. Il ne s’agit pas seulement de chiffres. Il s’agit de gérer des forces incontrôlables.

— Je comprends, monsieur.

Il me regarde longuement, comme s’il pesait le pour et le contre d’une décision capitale.

— À partir de demain, vous travaillerez directement avec moi sur le projet Hélios. C’est confidentiel. Personne d’autre n’est au courant. Pas même mon fils.

Hélios. Le nom ne me dit rien. Un projet secret. C’est la brèche. La faille que je cherchais. Il me l’offre sur un plateau.

— Je suis honorée, monsieur.

— Ne soyez pas honorée. Soyez efficace.

Il se retourne vers la baie vitrée, signifiant que l’entretien est terminé. Je me lève et me dirige vers la porte, mes pas silencieux sur la moquette épaisse.

— Angèle.

Je me fige, ma main sur la poignée.

— Oui, monsieur ?

Il ne se retourne pas, contemplant les lumières de la ville.

— N’oubliez pas ce que vous êtes. Une stratégie. Les stratégies, je les garde toujours très, très près de moi.

Le message est clair. Je suis dans le piège. J’ai obtenu ce que je voulais : sa confiance, un projet secret. Mais le prix est de me mettre entre le tigre et son petit, devenant l’enjeu central de leur guerre.

Je sors du bureau, le corps tremblant d’adrénaline. La vengeance n’est plus un concept abstrait. C’est un chemin étroit et dangereux que je viens de m’engager à parcourir, et je sais, au plus profond de moi, que l’un d’entre eux, ou peut-être les deux, cherchera à me pousser vers le précipice.

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