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Chapitre 5 : La Première Brèche

Penulis: Darkness
last update Terakhir Diperbarui: 2025-11-01 22:16:06

Angèle

Le rapport a atterri dans la boîte de Néron à 11h58. Deux minutes d’avance. Un délai calculé pour montrer ma fiabilité, pas mon empressement. La journée s’est écoulée dans un bourdonnement feutré, chaque collègue me lançant des regards furtifs, une mixture de curiosité et de méfiance. La scène avec Rabis et l’intervention de son père m’ont placée sous les projecteurs. Je suis la nouvelle proie, et tout le monde attend de voir lequel des prédateurs fera la première prise.

18h00. L’open space se vide, les lumières s’éteignent une à une. Je reste, feignant de finaliser des notes. Je ne veux pas partir. Ici, dans le ventre de la bête, je me sens plus proche de mon but. Et je sais, viscéralement, que la vraie bataille ne se joue pas aux heures ouvrables.

Mon téléphone vibre, brisant le silence. Un message. Pas un numéro enregistré, mais je le reconnais. Celui de l’assistante, Élise.

M. Valesco senior souhaite vous voir dans son bureau. Maintenant.

Mon cœur fait un bond désagréable dans ma poitrine. Maintenant. 18h07. L’heure où les employés partent et où les secrets remontent à la surface.

— Je monte, je réponds par message.

Le trajet vers le dernier étage dans l’ascenseur de verre est une ascension vers l’inconnu. La ville s’allume en contrebas, un tapis de diamants noirs. Je me répète mes mantras. Contrôle. Retenue. Observation. Je ne suis pas une proie. Je suis un miroir. Je leur renvoie l’image qu’ils veulent voir.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent dans le silence absolu du penthouse. Plus de réceptionniste, plus d’assistante. Seule la lumière tamisée qui émane du bureau de Néron.

La porte est entrouverte. Je pousse.

Il n’est pas derrière son bureau. Il se tient devant la baie vitrée, dos à moi, un verre à pied contenant un liquide ambré à la main. La pièce est baignée dans la lueur orangée du couchant. Il semble immense, silencieux, maître de ce monde qu’il contemple.

— Fermez la porte, Angèle.

Sa voix est différente. Plus grave, moins veloutée. Plus directe. Elle résonne dans la pièce vide. J’obéis. Le clic de la serrure me semble irrévocable.

— Asseyez-vous.

Il se retourne enfin. Il a enlevé sa veste et desserré son nœud de cravate. La simplicité de la tenue le rend plus… humain. Plus dangereux. Ses yeux gris capturent la lumière mourante.

— Votre rapport, commence-t-il en se dirigeant lentement vers son bureau sans s’y asseoir. Il se poste plutôt devant, dominant l’espace entre nous. Il est brutal. Impitoyable. Exactement ce dont j’ai besoin.

Il prend une gorgée de son cognac.

— La plupart des nouveaux arrivants tentent de prouver leur valeur en proposant des solutions… éthiques. Ils veulent montrer qu’ils sont de « bons soldats ». Vous… vous avez identifié les points faibles de nos concurrents et vous avez suggéré des manœuvres pour les pousser à la faillite. Pourquoi ?

C’est l’épreuve. La vraie. Il ne teste pas mes compétences, il sonde mon âme.

Je croise les jambes, adoptant une posture assurée.

— La guerre économique n’a pas de place pour l’éthique, monsieur. Seuls les résultats comptent. Vous ne m’avez pas engagée pour être une bonne soldate, mais pour être une arme. Je suppose que c’est pour cela que vous m’avez choisie.

Un sourire lent, bien réel cette fois, étire ses lèvres. Il apprécie la réponse.

— Une arme, répète-t-il, comme pour lui-même. Oui. C’est exactement cela.

Il pose son verre et traverse la pièce pour se tenir devant mon fauteuil. Trop près. L’espace personnel n’existe pas pour lui. Je respire son parfum, un mélange de santal et de quelque chose de métallique, de froid. Le parfum du pouvoir.

— Et une arme doit être maniée avec précision. Rabis… maîtrise mal ses outils. Il les brise par enthousiasme.

— Je ne suis pas un outil, je rétorque, levant les yeux vers lui. Je suis une stratégie.

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