All Chapters of Les trois reines sauvages : Chapter 101 - Chapter 105

Intérieur : Refuge du Nord : InconscienceLe drap est rêche contre sa peau. Sa respiration est lente, presque inaudible. Le souffle d’un corps vivant, mais absent. Les soigneuses, en l’observant, ont cru à une syncope, à une fatigue extrême, à ce que l’on nomme parfois le contrecoup celui qui frappe après la peur, après la fuite, après l’horreur. Elles ne savent pas que ce n’est rien de cela. Que ce n’est pas une absence. Que c’est une immersion.Elle ne dort pas.Elle ne rêve pas.Elle traverse.Et au fond du passage, il y a une porte. Et derrière cette porte, un nom qu’on avait arraché. Une vérité qui brûle.Car elle n’est pas seule.Et ce qu’elle rejoint, ce n’est pas un souvenir.C’est un monde enseveli sous les siècles et vivant encore.Intérieur : Temple du Feu-Mémoire 178 cycles plus tôtLe vent souffle sur les dômes noirs du Temple, transportant les cendres des offrandes passées, les cendres des serments tus, les cendres des vérités trop lourdes pour être portées à la lumière.

THALIAJe sens leur présence avant même de les entendre.Comme un frisson dans les murs. Une mémoire vivante, palpitante, tissée d’un fil invisible entre nous.Les maisons gardent les secrets, et celle-ci en est pleine à craquer.De souvenirs. De malédictions. De sang.Je reste un instant figée devant le miroir. Mon reflet me regarde avec des yeux vides, cernés.Mes mains reposent sur mon ventre tendu. Il bouge.Il est là.Il me brûle de l’intérieur.Pas de douleur physique, non pas encore mais un feu ancien, ancien comme le pacte, comme la lignée.Il est presque prêt.Le bois de la maison grince, et un silence dense s’abat.Sélène est la première à apparaître, silhouette de jais, droite comme une lame.Son regard, aussi tranchant qu’à son habitude, scanne chaque détail de la pièce, puis se fixe sur moi.Puis vient Amara, le contraste parfait. Plus ronde, plus calme, vêtue de couleurs douces. Mais ses yeux, eux, sont inquiets.— Tu pensais vraiment qu’on allait te laisser seule ? souf

THALIALe jour se lève à peine, et pourtant je ne dors plus.Pas de cris. Pas de sirènes. Pas d’incantations. Seulement le silence après la tempête.Il est là, contre moi, tout contre moi. Un petit corps chaud, lourd de mystère, fragile et pourtant indomptable. Il respire doucement, comme s’il avait toujours su que mon cœur serait son refuge. Sa maison.Je le regarde dormir, fascinée. Il a les poings fermés comme des serments, et une ride verticale entre les sourcils, comme s’il pensait déjà. Comme s’il portait un fardeau ancien.Il n’a pas pleuré en naissant. Il a hurlé. Comme un cyclone qui fait plier les mondes. Et puis… plus rien. Une paix étrange, presque inquiétante. Il nous a observés. Silencieux. Présent. Trop présent.Et malgré tout, il est à moi.À nous.Eryx est allongé derrière moi, bras repliés autour de mes côtes. Il ne dort pas. Il ne fait que respirer lentement, régulièrement, comme pour ne pas effrayer l’instant. Comme s’il craignait qu’un mot trop fort brise cette fr