All Chapters of SOUS L'EMPRISE DU DÉSIR: Chapter 101 - Chapter 110

LucasJe marche dans le couloir sombre de la maison familiale, mes pas résonnant dans le silence pesant de la nuit. Les murs étroits semblent se refermer sur moi, comme si la maison elle-même retenait son souffle, prête à libérer une vérité que je ne suis pas certain de vouloir entendre. Le cœur battant, je me dirige vers la bibliothèque.L’ombre que j’ai vue dans le jardin hante encore mes pensées. Ce n’était pas un hasard. Quelqu’un nous observe. Quelqu’un joue avec nous. Et je suis prêt à découvrir qui.J’ouvre la porte de la bibliothèque d’un geste vif. La pièce est plongée dans la pénombre, seulement éclairée par la lueur de la lune filtrant à travers les lourds rideaux de velours. L’odeur du cuir ancien et du papier jauni flotte dans l’air.Je fais quelques pas, mes doigts glissant sur le rebord d’une étagère. Puis j’entends un bruit derrière moi. Un léger craquement.— Qui est là ?Le silence me répond.Je me retourne brusquement et aperçois une silhouette tapie dans l’ombre d’

LucasJe suis debout dans l’encadrement de la porte, le cœur froid, les mains vides, mais l’esprit armé.Dans la pièce, seul le feu semble vivant. Les flammes lèchent la pierre avec une obstination silencieuse, projetant des ombres qui rampent sur les murs, comme des souvenirs trop tenaces pour mourir.Gabriel est assis, de dos, dans ce fauteuil trop grand pour un seul homme. Il ne se retourne pas. Il n’a pas besoin. Il sait.— Tu viens pour me juger ? demande-t-il d’une voix posée, presque lasse.Pas une once de surprise. Juste cette tranquillité empoisonnée qui m’a toujours fait douter de ce qu’il ressent réellement.Je ne réponds pas tout de suite. Je laisse le silence s’installer, se distendre, s’infiltrer entre les pierres, entre nos corps, comme une pluie noire.— Non, dis-je enfin. Pas pour te juger. Pour te regarder droit dans les yeux.Il pivote alors, lentement, comme un roi qu’on convoque à son propre procès. Son regard croise le mien. Implacable. Calibré. Et pourtant, quel

EmmaRaphaëlJe passe la porte du QG à 9h13. Rien ne cloche. À première vue.Mais une odeur. Légère. Fumée récente. Et un courant d’air inhabituel.Je monte. Son bureau est ouvert.Elle est là.Assise, droite. En noir. Son carnet sur la gauche, l’écran devant elle. Pas un geste. Pas une crispation.Elle lève les yeux.— Tu as bien dormi ? je demande.— Trois heures , suffisant.Elle referme le carnet.Je sens tout de suite que je n’ai plus l’avantage. Pas aujourd’hui. Peut-être plus jamais.Je m’approche. Je regarde l’écran. Les flux financiers. Les prévisions d’alliances sur le Nord. Les noms des commanditaires. Même les codes internes de sécurité.— Tu fouilles ?— Je réorganise, dit-elle. Et je ferme les brèches.— Lesquelles ?— Celles qu’on a laissées en croyant que personne n’irait voir.Elle ne me regarde même pas en disant ça. Et ça me fout un frisson.Je me tais. Je ne sais pas encore ce qu’elle a en tête. Et c’est ça, le problème.EmmaJe suis allée plus loin que prévu. J’ai

RaphaëlLe nom de la holding est propre.Trois syllabes. Vaguement abstraites. Rassurantes.Un nom qui pourrait figurer dans un pitch pour la BPI ou dans un mail d’invitation à un séminaire sur l'impact social en entreprise.Nous l'avons choisi ensemble. Mais c'est moi qui ai verrouillé le dépôt INPI, les déclinaisons, les noms de domaine, les extensions en , tech, global, partners.La façade, c’est moi.Le cœur, c’est elle.Emma dirige. Moi, j’encadre.Et le monde ne comprend pas encore que cette fois, on ne cache pas le crime dans l’entreprise.On fait de l’entreprise un territoire à conquérir.Le matin de la signature, les notaires nous attendent dans une salle de réunion en verre.Plateaux de viennoiseries, verres d’eau alignés. Le genre de décor où personne ne soupçonne qu’un empire est en train de changer de nature.Emma porte un tailleur sans logo. Noir, structuré. Elle est immobile. Mais son regard scanne tout.Moi, je fais la mise en scène.Je plaisante avec le notaire. Je re

RaphaëlCe n’est pas le message qui me dérange.C’est l’heure à laquelle il est envoyé.03:07. Un mail court. Une seule ligne.Objet : « Petit doute de gouvernance ».Contenu : « Appelle-moi. Urgent. M. »M. : Marc Langlois, notre administrateur délégué, recruté via le cabinet de Luxembourg. Dossier solide, casier vierge, parcours en apparence linéaire. Une carrière de technocrate trop propre pour être honnête, mais assez opaque pour convenir à nos besoins.Je l’appelle à 07:04. Froid. Contrôlé.— Marc. Quel genre de doute ?Sa voix est tendue, inhabituellement directe :— J’ai eu un rendez-vous hier. Off the record. Un type que je ne connaissais pas, mais qui semblait bien informé. Trop bien.Je ne dis rien. Il continue :— Il m’a parlé de l’époque d’avant. De ton nom. D’affaires clôturées mais pas oubliées. Il a mentionné… Dubaï. Et une transaction entre deux entités dormantes que je ne pensais même pas connectées.Je ferme les yeux une seconde.— Qu’est-ce qu’il t’a demandé ?— De