Semua Bab LA CAPTIVE DU LYCAN: Bab 21 - Bab 30

La vapeur s’élevait doucement dans l’air tiède de la pièce. Isalys, seule dans le petit bassin creusé dans la pierre, laissait l’eau chaude délier ses muscles. La lumière de la lune passait par une ouverture circulaire au plafond, et baignait sa peau d’un éclat spectral. Ses yeux étaient mi-clos. Elle chantait.Des mots anciens, étranges, caressaient l’air, roulant sur sa langue comme s’ils lui avaient toujours appartenu.— Ithamar, eli ven shara… ethayn lira, cor me’anash…Elle ne comprenait pas leur sens, pas consciemment. Mais elle les connaissait. Ils vibraient dans sa gorge avec une douceur sacrée. Un chant sur l’amour, sur la perte, sur une promesse. Une supplique à la Lune.Elle ne savait pas qu’elle était écoutée.Thorne s’était arrêté devant la porte entrouverte. Il aurait dû parler, l’alerter de sa présence. Mais quand il avait entendu sa voix, il était resté figé. Les mots. Ces mots.Il les avait entendus dans un rêve, des années plus tôt, récités par une silhouette en feu.

La nuit tombait sur la forêt, avalant peu à peu les derniers éclats du crépuscule. Thorne était seul au sommet de la crête, le regard vissé à l’horizon. En contrebas, la rivière chantait une plainte glaciale, celle des absentes, des fuyardes. Celle d’Isalys.Elle était partie. Et il ne savait plus s’il devait la poursuivre… ou la laisser partir.Il n’avait pas essayé de l’enfermer. Pas vraiment. Mais quand elle s’était mise à chanter, nue dans les eaux de la cascade, des mots anciens que seul un Alpha initié pouvait comprendre… Thorne avait senti la vérité s’ouvrir devant lui comme une plaie.Elle était elle.Raven. Et avant elle, Ashara.L’âme qu’il avait trahie dans une autre vie. Celle qui, par sa douleur, avait scellé leur sort à jamais.Il avait reconnu l’incantation. L’appel aux lunes, à l’amour maudit.“Vel Asha luná, serë doran Thal.”Par la Lune d’Asha, que mon cœur trouve l’Alpha.Il n’avait rien dit, mais il s’était figé. Et elle l’avait vu. Elle avait vu la peur, la certit

Le vent de la forêt soufflait plus doux. La tension surnaturelle qui avait saturé l’air semblait s’être dissipée avec la disparition de Raven. Pourtant, un frisson parcourait encore la peau d’Isalys.Elle marchait à côté de Thorne, son bras effleurant parfois le sien. Aucun mot n’avait été échangé depuis la confrontation. Mais il l’avait regardée. Et dans ce regard, elle avait lu tout ce qu’elle avait besoin de savoir : il l’avait vue. Il l’avait crue. Et, surtout, il était resté.Ils quittèrent les sous-bois, traversèrent le sentier menant au cœur du territoire. Le hameau de la meute s’éveillait sous les premières lueurs de l’aube. Un bêta patrouilleur les aperçut et fit aussitôt un signe à ses camarades. En quelques minutes, un petit attroupement se forma.Vaena fut la première à s’approcher. Son regard glissa sur Isalys, cherchant des blessures, de la peur, de la honte. Elle n’y trouva que de la résolution.— Vous allez bien ? demanda-t-elle, posant une main sur l’épaule de Thorne.

La forêt dormait encore, comme si elle pansait ses plaies. L’herbe était lourde de rosée, les troncs assoupis, et les feuilles suspendues dans une paix étrange — presque irréelle. Le ciel, d’un bleu pâle, s’ouvrait au jour à peine naissant.Isalys marchait pieds nus, ses pas froissant les fougères avec douceur. Chaque respiration lui faisait mal, mais pas comme une blessure physique. C’était plus profond. Un espace en elle, longtemps habité, était soudain… vide.Elle s’arrêta au bord du ruisseau, là où la veille encore, l’écho de Raven s’était élevé dans l’air comme une clameur. Là où son propre corps s’était raidi sous la voix glaciale du passé.Et maintenant…— Elle est partie, souffla-t-elle.Pas un mot ne vint troubler l’eau claire. Pas un murmure dans les branches. Le silence avait une densité étrange, comme un secret révélé.Isalys posa une main sur sa poitrine. Son cœur battait encore fort, mais c’était un rythme nouveau. Un rythme libéré.Elle releva les yeux, et le vit.Thorn

Depuis la nuit de la fête, quelque chose avait changé.Isalys ne parvenait pas à mettre de mots sur ce qui l’habitait. Ce n’était pas une douleur, ni une angoisse. Plutôt un frémissement intérieur, comme si son propre corps n’obéissait plus tout à fait. Elle se sentait… habitée. Ses sens étaient à vif. Le moindre son lui semblait amplifier, ses rêves devenaient plus intenses, plus lumineux, presque prophétiques.Elle s’éveillait chaque matin le cœur battant, une sueur fine sur le front, avec la sensation étrange d’avoir couru, ou d’avoir pleuré, ou ri dans une autre vie. Parfois, elle entendait encore les échos d’un chant ancien dans son sommeil, des murmures en langue oubliée qui vibraient au creux de sa poitrine, bien après le réveil.Thorne, lui, l’observait plus qu’il ne parlait. Il n’était pas du genre à s’inquiéter pour rien, mais il sentait que quelque chose frémissait sous la surface. Quand elle passait près de lui, l’odeur d’Isalys semblait différente. Pas plus forte, pas mau