All Chapters of LA HAQUEUSE ET LE MAFIEUX : Chapter 101 - Chapter 110

SashaLe matin se glisse doucement à travers les rideaux, une lumière dorée s’étire lentement dans la pièce, caressant notre peau encore humide, comme si elle voulait rappeler que la nuit n’a pas effacé les traces de ce que nous avons vécu, qu’elle ne fait que prolonger la brûlure douce et lancinante de nos étreintes. Je sens sur mes cuisses la tiédeur de la douche, sur mes lèvres le goût de ses baisers, et pourtant, malgré tout ce bonheur qui pulse encore dans mes veines, il y a une ombre que je n’arrive pas à repousser.Nous sommes assis face à face, autour de la petite table du petit déjeuner, et pourtant j’ai l’impression qu’un gouffre invisible nous sépare, un gouffre creusé par mes doutes, mes jalousies, mes peurs que je cache derrière un sourire fragile. Le café fume dans nos tasses, l’arôme chaud emplit l’air, mais mes mains tremblent, mes doigts serrent la porcelaine comme si je cherchais à m’y accrocher, à trouver un appui contre le vertige qui me prend.Je le regarde. Ses y

LucianoLa journée s’étire comme une lame, tranchante et longue, et quand je sors enfin du siège, le ciel s’est chargé d’une lueur orangée, les vitres des immeubles renvoient un feu qui me brûle les yeux, mais ce n’est pas le soleil qui m’aveugle, c’est la rage que je retiens encore, cette brûlure au creux de ma poitrine que je ne veux pas ramener avec moi.Je rentre à la maison plus tard que prévu, les clés froides dans ma main, et déjà, avant même d’ouvrir la porte, je sens l’odeur familière de Sasha, ce mélange de chaleur et de douceur qui s’échappe jusqu’au couloir, et tout mon corps se détend d’un coup, comme si son simple parfum pouvait apaiser ce que mon père a planté en moi.Elle est dans la cuisine, les cheveux attachés à la hâte, les épaules couvertes d’une chemise trop large que je reconnais comme étant l’une des miennes, et quand elle se retourne, son sourire s’illumine, mais je vois aussitôt son regard se froncer, une ombre qui glisse dans ses yeux clairs.— Tu as eu une

LucianoLa lumière du matin glisse doucement à travers les rideaux, caressant les courbes de Sasha endormie, et je reste là, immobile, à l’admirer, chaque respiration, chaque frisson de sa poitrine me rappelant la nuit que nous venons de partager, un vertige encore brûlant qui pulse dans mes veines. Sa peau est tiède, ses cheveux épars sur l’oreiller, et je me penche pour déposer un baiser léger sur sa tempe, un murmure de tendresse contre le souvenir de nos gémissements d’hier, un souvenir qui continue de me consumer de désir et de bonheur.— Bonjour… souffle-t-elle, sa voix encore douce, encore rauque du sommeil, et je souris, le cœur gonflé d’une chaleur nouvelle, tendre et intense, comme si chaque battement venait d’elle, comme si elle avait gravé sa présence dans mes veines.Je m’installe à côté d’elle, nos corps s’effleurant encore, et je sens son sourire contre ma poitrine lorsque je glisse mes mains sur son dos, la tirant doucement contre moi. Le souffle se mélange, lentement,

LUCIANOLe néant me retient encore quelques instants, un gouffre poisseux où mon corps flotte sans contours, mais des bruits filtrent, étouffés, comme si je percevais le monde derrière une paroi de verre. Des pas précipités, une voix basse, rauque, que je reconnaîtrais entre toutes, celle de mon père, mais teintée d’une vigueur que son état maladif ne laissait pas deviner quelques secondes plus tôt.— Vite, Gracias, il n’y a pas de temps à perdre.Sa voix est ferme, dure, autoritaire. Pas la plainte fragile d’un malade, non, le timbre froid et calculé d’un homme qui orchestre. Mes paupières refusent de s’ouvrir, mes muscles sont de pierre, je suis prisonnier de ce corps inerte, mais mon esprit capte chaque mot comme un coup de scalpel.Des talons claquent doucement sur le parquet, une présence féminine s’avance. L’air se charge d’un parfum lourd, capiteux, mélange de jasmin et d’alcool, qui contraste brutalement avec l’odeur de sueur maladive d’il y a peu.— Il est complètement à ma m

SASHALe vrombissement bref du téléphone me tire d’un demi-sommeil fragile, je tends la main à tâtons sur la table de chevet, mes paupières encore lourdes, et l’écran éclaire la chambre d’une lueur froide qui tranche avec la chaleur rassurante des draps. J’inspire profondément, espérant que ce n’est qu’un message anodin, une notification sans importance, mais déjà une inquiétude sourde serre ma poitrine. L’écran clignote encore, m’appelle, refuse de me laisser dans l’ignorance.Le nom affiché n’est pas celui de Luciano, ni celui d’un proche. Juste une suite de chiffres inconnus, impersonnels, presque hostiles. Je fronce les sourcils, mon cœur s’accélère sans raison, un instinct me murmure que je devrais ignorer, éteindre, oublier. Mais je n’y parviens pas.Un message. Une pièce jointe.Mes doigts tremblent, hésitent, l’écran se brouille derrière le voile de mes cils encore collés de sommeil. Je me dis que je peux attendre, que ce n’est rien. Mais une force invisible me pousse à clique