Tous les chapitres de : Chapitre 111 - Chapitre 120

LUNA Le lendemain matin.Étendue sur le ventre près de Sigvard, Luna posait son regard attendri sur les deux nourrissons allongés devant eux. Ils s'amusaient avec les petits, les taquinant de légères chatouilles et les couvrant de baisers emplis de tendresse. L'alpha, à ses côtés, rompit le silence d'une voix grave, un sourire se dessinant lentement sur ses lèvres :- Lorsqu'ils auront grandi, Askel montera sur le trône à son dix-neuvièmes hiver.Luna fronça les sourcils, tournant vers lui un regard empreint d'inquiétude :- Cela ne suscitera-t-il point de contestation parmi les tiens ?- Nullement, répondit-il d'un ton apaisant, il est ton fils, et je le tiens pour le mien depuis le jour où Ace te l'a confié.Pour sceller ses paroles, Sigvard pinça doucement la joue potelée du nourrisson, faisant éclore un rire cristallin. Les lèvres de Luna s'étirèrent en un sourire joyeux , tandis que sa main se posait avec tendresse sur Runa, endormie près d'elle.- Et elle sera pour lui une sœur

LUNA Les sourcils froncés en une sombre colère, le visage crispé par l'effort, Luna se débattait contre les liens de soie qui emprisonnaient ses poignets au lit de bois sculpté. Sigvard, le fourbe, non seulement l'avait attachée comme une bête de somme, mais avait osé fuir sans répondre à ses légitimes interrogations.D'un mouvement rageur, elle tenta une nouvelle fois de libérer ses mains, faisant gémir les cordes sous l'effort. Rien n'y faisait - le loup avait su nouer ces entraves avec l'art d'un bourreau. Ses poignets délicats, déjà rougis par la friction, refusaient de se soustraire à leur prison de soie.Plus un mot, s'était-elle juré. Pas une syllabe ne franchira mes lèvres pour ce traître. Pourtant, lorsqu'elle entendit le grincement de la porte, son cœur trahit sa colère en bondissant dans sa poitrine.Ce n'était qu'une humble servante, une inconnue au visage penaud. La jeune fille s'inclina dans un froissement de laine brute, son geste empreint d'une déférence presque crai

LUNALa main crispée autour de la lourde poignée de bronze de la chambre qu'elle partageait désormais avec Sigvard, Luna piétinait, ses doigts blanchissant sous l'effet de son étreinte nerveuse. Le bois sculpté, froid sous ses paumes moites, semblait absorber son agitation.Ce matin même, elle lui avait remis le parchemin. Et la réaction de Sigvard l'avait glacée. Un silence trop long. Un regard trop lourd. Puis, en lui mentant, il avait roulé le document d'un geste sec, comme s'il venait d'y lire une menace.Et maintenant... Sigurd, le capitaine de la garde, était venu lui annoncer leur départ. Le seigneur Sigvard et ses hommes devaient régler des affaires urgentes à l'extérieur des murs, lui avait-il annoncé.Une coïncidence ? Luna n'y croyait pas.Dehors, les flocons s'étaient enfin calmés, suspendus dans l'air comme une trêve divine. Luna avait tenté, en vain, d'apaiser la tempête par sa seule volonté—comme elle l'avait fait autrefois, lorsque Frida l'avait énervée. Mais

LUNA Deux jours plus tardLa neige, apaisée, tombait en un lent ballet de flocons argentés, enveloppant la cour du château d'un manteau immaculé. Immobile au cœur de ce silence hivernal, la jeune femme, drapée dans une pelisse de fourrure aux reflets mordorés, inclina son cou gracile pour contempler la statue colossale de Sigvard. Son haleine formait de légères volutes dans l'air glacé, tandis que ses doigts délicats, d'une pâleur presque translucide, se crispaient imperceptiblement sur le tissu de son manteau.- Prends garde à toi, souffla-t-elle d'une voix aussi douce que le frôlement du vent, ses prunelles bleues se détournant vers l'escorte de gardes déjà en selle, leurs armures étincelant sous la lumière laiteuse du ciel. Et surtout... reviens à moi sans blessure.Un sourire énigmatique flotta sur les lèvres de Sigvard, ombragé d'une tendresse réservée. Le guerrier encadra le visage angélique de sa promise entre ses mains calleuses avant de répondre d'un chuchotement confidenti

LUNALa lourde porte des oubliettes gémit une dernière fois en se refermant derrière Sigvard et Luna, tandis qu'ils remontaient vers les lumières du château. Les imprécations des deux chasseurs s'évanouirent peu à peu, englouties par l'épaisseur des murs séculaires. Pourtant, les paroles de Frida flottaient encore dans l'air, tel un présage funeste :Elle causera ta perte, Sigvard...Un frisson parcourut l'échine de Luna, malgré elle. Le froid des profondeurs lui collait encore à la peau, mais il n'était rien comparé au poids des menaces qui désormais pesaient sur eux.Sentant son trouble, Sigvard resserra son étreinte autour de sa taille. Sa main, encore maculée du sang de leurs ennemis, paraissait sombre comme l'ébène dans la pénombre des couloirs.- Ils mentent. La Confrérie des Lames Blanches n'est qu'une poignée d'énergumènes fanatisés. Leurs rangs ne se comptent pas par milliers.- Et s'ils disaient vrai ? murmura-t-elle, les doigts crispés sur sa tunique. Si d'autres venaient..