All Chapters of THE ALPHA Wolf’S MATE : Chapter 121 - Chapter 130

LUNALa nuit était tombée sur le château, drapant les murailles de pierre d'une obscurité d'encre, troublée seulement par la lueur vacillante des torches. Dehors, la neige tombait encore, douce à présent, après des heures de tourmente. Les flocons, moins drus qu'auparavant, dansaient devant les fenêtres comme des âmes en peine, avant de se fondre en silence sur les dalles glacées. Luna, demeurant près de la croisée, sentait peser sur elle le regard de Sigvard, chargé de serments sanglants et de froids calculs. Un frisson lui parcourut l'échine – était-ce le vent glacé filtrant par les vitraux, ou la promesse voilée dans les yeux de son seigneur ? Le prisonnier, Karl, se tordait entre les mains des gardes, ses chaînes grinçant à chaque sursaut. Son visage tuméfié, souillé par les coups et l'effroi, était celui d'un homme déjà voué aux ténèbres. La neige avait blanchi ses cheveux en son temps, à présent mêlés de boue et de sang. - Monseigneur... gémit-il d'une voix brisée. Je vous

LUNAAllongée sous l'épaisse toile de la tente, le dos tourné à Sigvard comme une forteresse dressée contre lui, Luna fixait d'un regard vitreux les ombres dansantes que projetait la lanterne accrochée au mât central. La Confrérie des Lames Blanches constituait une organisation vouée à l'extermination des chimères — ce qui signifiait qu'elle n'était point leur première cible.Au commencement, cette révélation l'avait offusquée, non par crainte pour elle-même, mais parce qu'elle savait son âme pure de toute menace. Pourtant, au fil de leur voyage, une rumeur furtive avait glacé son sang : l'un des guerriers avait laissé échapper que la tempête de neige les avait surpris, et que, dans l'ombre des murailles du château, les réserves s'épuisaient. Les cultivateurs, les chasseurs — tous, impréparés face à la fureur des cieux — n'avaient pu ni moissonner ni traquer le gibier. Le royaume se mourrait.Et Sigvard l'avait tu.Les doigts de Luna s'enfoncèrent dans la fourrure qui lui servait de c

LUNA La sueur perlait encore à son front, et sa respiration, lente et profonde, trahissait l'épuisement qui alourdissait ses membres. Luna posa son menton contre l'épaule de Sigvard, fermant un instant les paupières sous l'éclat aveuglant du soleil matinal. La tourmente s'était apaisée, mais l'épais manteau neigeux persistait, ensevelissant la lande sous son linceul immaculé. À leurs côtés, Soren, le bêta de Sigvard, chevauchait en silence avant de rompre le calme de sa voix grave : - La nuit fut rude, certes, mais vous fûtes impressionnante, Votre Grâce. Luna redressa la tête, une rougeur discrète teintant ses joues pâles. Elle répondit d'un ton mesuré, bien qu'une lassitude sourde perçât dans ses mots : - Comme vous tous. - Oh, non, point comme nous, intervint un soldat à la barbe hirsute, qu'elle ne connaissait guère. Vos actes dépassent les nôtres. Par le sang, j'avais déjà prié pour mon âme avant que vous n'interveniez. Sigvard tourna légèrement la tête vers elle, so

SIGVARD À genoux sur le sol de pierre, Sigvard se penchait sur le corps frêle de sa bien-aimée, ses larges mains tremblantes encerclant son visage comme pour le protéger des griffes de la mort. La lueur vacillante du feu projetait des ombres mouvantes sur les traits tirés de Luna, son teint jadis si vif maintenant pâle comme la lune qu'elle portait en nom. Ses yeux bleus, autrefois pleins de vie, étaient clos, ses cils sombres posés sur ses joues comme des ailes d'oiseau blessé. D'un geste aussi doux que le frôlement d'une plume, il essuya la sueur perlant sur son front, effaçant d'un pouce calleux les stries de souffrance qui creusaient son visage. - Luna... murmura-t-il, d'une voix si rauque qu'elle semblait déchirée de l'intérieur. Il pressa sa paume contre la sienne, entrelaçant leurs doigts avec une ferveur désespérée. Le lien des âmes sœurs s'éveilla entre eux, brûlant comme un fer rouge dans ses veines. Il sentit aussitôt la douleur de sa blessure lui transpercer le flan

SIGVARD Attrapant une dernière fois la main fine de Luna – qui n'était autre que Soren métamorphosée – Sigvard colla leur front un bref instant avant de s'écarter brusquement, comme brûlé. À ses yeux, ce n'était point sa bien-aimée qui se tenait là, mais bien le facétieux Soren, dissimulé sous son apparence. L'homme – ou plutôt, elle désormais – juché sur la monture noire de Sigvard, étouffa un dernier spasme de rire, ses épaules frémissant sous les plis de la cape de voyage. D'une voix faussement mélodieuse, il lança, enflant les syllabes avec une grâce trop étudiée : - Par les cornes d'Ymir, cessez donc cette mine funèbre, mon seigneur ! Certes, je porte les traits de votre dame, mais mon esprit demeure aussi railleur qu'un corbeau en ribote. Il pencha la tête, imitant à s'y méprendre l'attitude pudique de Luna, avant d'ajouter, malicieusement : Toutefois, si votre cœur s'égare... je ne vous en tiendrai point grief. Un grondement sourd s'échappa de la gorge de Sigvard. Autour