All Chapters of DOMINATION : Chapter 91 - Chapter 100

La journée avançait lentement dans la maison, rythmé par le tic-tac régulier de l’horloge du salon. Léa, seule, avait préparé un thé qu’elle n’avait pas bu. La vapeur s’était dissipée depuis longtemps, et la tasse refroidie dormait sur la table. Devant elle, le carnet noir reposait, ouvert à la page suivante.« J’avais dix ans. Il disait toujours que Maxime valait mieux que moi. Maxime savait monter, Maxime savait parler, Maxime savait obéir. Moi, j’étais juste… un poids. »Les mots piquaient déjà la peau de Léa.Elle inspira, et les murs de la maison s’effacèrent.Le manoir Durval baignait dans la lumière crue d’un matin d’hiver.Les vitres gelaient, les arbres du parc semblaient pétrifiés dans un silence de verre.Au milieu de la cour, un petit garçon, trop bien habillé pour son âge, tenait les rênes d’un poney tacheté. Ses doigts rougis par le froid tremblaient, mais il ne disait rien.— Tiens-toi droit, Einer, gronda la voix d’un homme derrière lui.Le père. Grand, raide, impa

Le soleil s’était couché depuis longtemps, avalé par une brume fine qui rendait les vitres du manoir opaques. Dans la chambre principale, les rideaux étaient tirés, les lampes diffusant une lumière dorée et douce. Léa se tenait assise au bord du lit, une main posée sur le drap, perdue dans ses pensées. Le carnet reposait à présent sous son oreiller. Elle l’avait glissé là en tremblant, comme un secret brûlant qu’elle devait protéger à tout prix. Depuis qu’elle avait lu ces pages, tout ce qu’elle croyait savoir d’Einer semblait vaciller. Chaque mot de Durval adolescent, chaque cicatrice invisible, s’imposait à elle dès qu’elle fermait les yeux. Le père violent. Le jeune garçon qui n’avait jamais eu le droit de pleurer. Le silence de deux jours. Tout cela expliquait tant de choses cette dureté qu’il portait, cette façon de contrôler, de dominer pour ne jamais être dominé à nouveau. Quand la porte d’entrée s’était ouverte un peu plus tôt, elle avait sursauté. Ell

À dix-sept ans, Einer Durval n’était plus le garçon maigre et tremblant qu’on avait humilié dans la cour familiale.Deux ans s’étaient écoulés depuis la bagarre avec Maxime.Deux ans à ravaler sa honte, à serrer les dents, à compter chaque minute en silence.Un matin, sans prévenir, il s’était levé avant l’aube.Il avait enfilé des baskets usées, un t-shirt noir, et il était sorti courir dans le froid.Le manoir dormait encore.Chaque respiration lui brûlait la gorge, chaque pas lui rappelait la douleur qu’il avait connue.Mais il courait.Et dans cette souffrance volontaire, il trouva une étrange paix.Peu à peu, il s’imposa une routine : le matin, la course ; le soir, la salle de sport du quartier.Au début, les entraîneurs riaient doucement de lui — ce jeune riche à la mine fermée, qui ne parlait jamais.Puis ils cessèrent de rire.Einer progressait vite.Ses gestes étaient précis, presque mécaniques.Il frappait le sac de frappe jusqu’à ce que ses phalanges saignent.

La lumière des projecteurs dansait sur les murs, se mêlant à la fumée et aux éclats de rire.La musique, trop forte, faisait vibrer le plancher du grand salon.Autour d’eux, les jeunes de la haute société s’agitaient, un verre à la main, profitant de la fin de l’été et de l’argent de leurs parents.Einer, appuyé contre le mur, regardait sans un mot.Il ne venait pas souvent à ce genre de soirée.Il n’aimait pas la foule, ni les conversations creuses, encore moins ces regards qui pesaient sur lui depuis qu’il avait changé.Mais Maxime avait insisté.— Allez, petit frère, viens t’amuser un peu. C’est pas en t’enfermant à la salle de sport que tu vas découvrir la vie.Einer avait fini par accepter, sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être par curiosité. Peut-être pour mesurer à quel point il avait cessé d’être celui qu’il était.Maxime, lui, était dans son élément : charmeur, entouré, bruyant.Il saluait, plaisantait, levait son verre à chaque phrase.Einer restait en retrait, son

La nuit était noire et silencieuse sur la ville endormie.Einer roulait lentement sur les routes pavées de gravier, encore tremblant de l’alcool qui avait accompagné sa soirée.Il avait tenté de se vider l’esprit, d’oublier la tension insupportable qui le liait à son frère, Maxime.Mais les mots échangés plus tôt cette semaine-là, les insultes, les provocations et la trahison mentionnée par Einer, brûlaient encore dans sa mémoire.Maxime était parti en colère après leur dernière rencontre. Leur relation s’était détériorée si rapidement, qu’Einer avait fini par se sentir à la fois coupable et soulagé de la distance qui s’était installée entre eux.Et maintenant, ce vide qu’il avait créé involontairement allait le frapper de plein fouet.Le téléphone sonna.Une sonnerie brisée, désespérée.— Allô ?Une voix étranglée, celle d’un policier :— Einer Durval ? Nous avons un accident. Votre frere Maxime… il…Einer sentit son corps se figer. Les mots restèrent suspendus dans l’air comm