Semua Bab L'interdit et l'évidence: Bab 11 - Bab 20

AzarIl riait encore quand il l’a fait.Un éclat bref, sans conviction, perdu dans les vapeurs d’alcool et la chaleur moite du bar où ses amis l’avaient tiré comme on traîne un chien battu au parc, pour lui « changer les idées ».Le genre de rire creux, automatique, qui n’appartient plus à personne.Il ne savait même plus ce qu’ils disaient. Des conneries, sûrement. Des plans pour le week-end. Des ragots sur une fille qui avait ghosté Zak ou une meuf de fac qu’ils avaient tous fantasmée à l’époque.Mais lui, son regard s’était déjà détaché de la scène.Il était là, sans y être.Et sur la table, coincé entre un verre vide et un paquet de clopes chiffonné, son téléphone vibrait doucement. Comme un rappel. Comme un appel silencieux au désordre qu’il sentait gronder depuis des jours.Leyna.Il n’avait pas répondu à son dernier message.Par orgueil.Par peur aussi.Trois petits points.Puis plus rien.Puis : Laisse tomber.Il n’avait rien dit. Pas parce qu’il n’avait rien à dire.Mais parc

AzarJe n’avais rien projeté.Aucune envie de sortir, aucune disposition pour converser, encore moins pour m’expliquer.Je ne désirais qu’une soirée paisible, silencieuse, enveloppée de pénombre et de lenteur. Le genre de soirée où la solitude, pour une fois, ne griffe pas.L’eau chauffait dans la bouilloire. Une vapeur discrète s’élevait, se perdant dans l’air tiède de la cuisine.Dans le salon, la lumière était tamisée. Une playlist d’airs instrumentaux anciens glissait doucement sur les murs.Mon téléphone, en mode silencieux, était relégué hors de portée.Lorsque deux coups secs furent frappés à la porte, je sus aussitôt que ma tranquillité allait être compromise.Je ne bougeai pas immédiatement. Je restai figé, espérant, dans un sursaut naïf, que cela resterait sans suite.Mais un troisième coup retentit. Plus hésitant.Et là, je compris.Il ne me fut même pas nécessaire de consulter le judas.En ouvrant, je la trouvai déjà dans sa mise en scène.Le sourire trop ajusté. Le maquil

AzarLe jour s’étire avec une lenteur presque cruelle. Chaque minute pèse sur ma poitrine, comme une promesse suspendue entre l’espoir et la peur. Je pense à Leyna, à cette présence fragile et forte qui a déjà ébranlé quelque chose en moi. Ce soir, tout doit être différent. Je veux qu’elle sente que je la choisis, que ce moment m’appartient, qu’il n’est pas simplement volé à un monde trop bruyant, trop curieux. Je veux m’ouvrir, même maladroitement, même juste un peu.Je décide d’aller la chercher.Je n’aime pas les rendez-vous où l’on attend, où les minutes deviennent des heures d’incertitude. Je veux la voir, la prendre au bras, lui offrir une présence réelle. Alors, je me prépare rapidement, enfilant une chemise sombre, simple, mais bien coupée. Je regarde mon reflet un instant, cherchant dans mes yeux le courage qui me manque parfois.Pendant ce temps, les domestiques s’activent dans la maison. Je leur ai demandé de tout préparer, de ranger, de tamiser les lumières, de disposer le

LeynaJe ne sais pas combien de temps je reste là, contre lui. Peut-être cinq minutes. Peut-être une heure. Le temps, dans cette pièce, n’a plus la même consistance. Il devient quelque chose de liquide, de chaud, de souple. Il se coule entre nous, s’étire, s’épaissit. Comme si l’univers entier ralentissait pour nous laisser respirer.Je sens la cadence de sa poitrine, régulière, grave. C’est une ancre. Une pulsation tranquille à laquelle mon propre cœur finit par se caler. Il ne dit rien. Et je crois que c’est ce silence-là qui me bouleverse le plus. Pas un silence vide, gêné, incertain. Non. Un silence habité. Présent. Dense. Un silence qui écoute. Qui accueille.Ses doigts bougent à peine, sur ma hanche. Ils dessinent des cercles imaginaires, comme s’il voulait m’apprivoiser en douceur. Me rassurer sans poser de mots. J’ai du mal à respirer normalement, tant cette proximité me fait vaciller. Mais je ne veux pas m’éloigner. Pas encore.Je ferme les yeux. Je me dis que je pourrais res

AzarLe matin est silencieux.Je reste allongé, regardant le plafond, encore perdu dans la brume de la nuit. Les ombres du petit jour dansent sur les murs, et je me demande comment un instant peut être à la fois si plein et si vide. Elle est partie. Leyna. Mais sa présence imprègne encore l'air autour de moi.Je me redresse lentement, le corps un peu lourd, comme si la gravité elle-même voulait me retenir là, dans ce lit où son parfum flotte encore. Je ferme les yeux et revis chaque seconde de la nuit précédente, chaque regard, chaque souffle partagé, chaque silence qui disait plus que les mots ne pourraient jamais.Je me lève finalement, pieds nus sur le sol froid. La fraîcheur me réveille un peu plus, me ramenant à cette réalité où elle n'est plus à mes côtés. Mais au lieu de ressentir un vide, je perçois une présence, douce et constante, qui m'accompagne dans chaque geste. Je prépare du café, une routine mécanique qui aujourd'hui semble presque sacrée.Le café coule lentement, gout