Semua Bab Sous les plis du Destin: Bab 31 - Bab 40

La lumière crue du matin s’infiltrait à travers les volets entrouverts, dessinant des lignes pâles sur le sol de la petite chambre. Aïssatou ouvrit les yeux lentement, comme si même le simple acte de regarder le monde lui coûtait. Tout, depuis son retour, semblait étrange. La ville, l’appartement, sa sœur. Et surtout, ce silence. Ce silence pesant qui habitait chaque pièce, chaque geste, chaque mot retenu. Elle resta allongée, observant les craquelures au plafond, ces veines irrégulières qui semblaient former un langage ancien qu’elle aurait aimé comprendre. Mais aucune réponse ne venait, ni du plafond, ni de Lina, ni de cette part d’elle-même qui ne cessait de poser des questions. Depuis quelques jours, tout lui échappait. Elle sentait qu’elle marchait sur une scène où tout le monde connaissait le script sauf elle. Des regards échangés entre Lina et Awa, des phrases à moitié dites, des silences pleins de sens. Et cette lettre. Ces mots griffonnés à la hâte, cachés entre les pages d

Le vent soufflait doucement à travers les branches du vieux chêne, dont les racines, noueuses et profondes, semblaient ancrées dans des siècles d’histoire. Lina était assise au pied de cet arbre majestueux, à l’orée du petit parc en bordure de la ville, là où le béton se faisait plus timide, laissant place à la terre battue et aux murmures de la nature. Elle tenait entre ses mains une lettre — vieille, froissée, tachée par le temps — qu’elle n’avait jamais eu le courage d’ouvrir jusqu’à aujourd’hui. Le silence n’était pas complet. Il y avait ce souffle d’air dans les feuilles, ce chant discret d’un oiseau caché, les voix lointaines d’enfants jouant au ballon, mais dans le cœur de Lina, tout semblait suspendu. Elle ferma les yeux, cherchant du réconfort dans les battements réguliers de son cœur, dans ce sol dur sous elle, dans la présence de l’arbre. C’était Ethan qui lui avait parlé de ce lieu, comme un sanctuaire pour les âmes fatiguées. Elle comprenait maintenant pourquoi il y ven

Le train fendait l’horizon avec une régularité presque apaisante, ses secousses légères berçant les pensées de Lina tandis qu’elle regardait défiler le paysage grisâtre de la banlieue parisienne. Chaque pylône électrique, chaque immeuble qui surgissait au loin, semblait appartenir à un autre monde. Un monde où le passé n’avait pas la même consistance. Un monde où Fatou Sarr n’était qu’un nom, pas une clé. Mais aujourd’hui, ce nom prenait toute la place. La rame se vida peu à peu à mesure que la banlieue profonde se rapprochait. Elle descendit à Nanterre-Préfecture, le cœur battant, comme si elle s’apprêtait à pénétrer dans un sanctuaire interdit. Il ne pleuvait pas, mais l’humidité flottait dans l’air, moite, dense. Un voile suspendu entre les époques. Clément avait précisé : « La sœur s’appelle Yaye. Elle vit au fond d’une impasse, près du vieux centre. Elle t’attendra. » Lina remonta son col, traversa la petite place bordée de commerces silencieux, puis s’enfonça dans une ruelle

Le soleil filtrait doucement à travers les rideaux de la petite chambre, projetant des lignes dorées sur le bureau où le carnet de Lina reposait, à moitié ouvert, comme une blessure à peine refermée. Elle était debout depuis l’aube. Non pas par insomnie, mais par besoin. Besoin de silence. Besoin de lumière. Besoin de comprendre ce que signifiait écrire quand les mots devenaient plus lourds que les actes. Elle avait rempli six pages dans la nuit. Des phrases tranchantes, des souvenirs douloureux, des vérités amères. Chaque mot était un pas vers la clarté, mais aussi une lame plantée dans la chair de son passé. Aïssatou frappa doucement à la porte. — Tu es réveillée ? — Entre. La jeune fille passa la tête, hésitante. — Je vais à l’école. Tu veux que je t’apporte quelque chose à ton retour ? Lina sourit, fatiguée. — Non. Mais merci de demander. Aïssatou s’approcha. — Tu vas bien ? — J’ai mal… mais c’est un mal nécessaire. Comme quand on appuie sur une blessure pour éviter qu’

Le silence régnait dans la pièce, seulement troublé par le tic-tac régulier de l’horloge accrochée au mur. Lina fixait l’écran de son téléphone, relisant pour la sixième fois le message de ce numéro inconnu. Chaque mot vibrait dans son esprit comme une promesse, mais aussi comme un risque. “Tu ne me connais pas. Mais je connais ton histoire. Je suis un ancien salarié du groupe Moreau. J’ai vu des choses. Et je veux parler.” Elle ferma les yeux un instant. Elle avait cru que le plus dur était derrière elle. L’interview. L’enquête. L’enregistrement. Mais non. Une nouvelle phase commençait. Celle des voix cachées, des vérités en attente. Celle de ceux qui n’avaient encore jamais osé. Elle prit une grande inspiration, puis répondit : “Merci de me faire confiance. Où et quand pouvons-nous parler ?” L’attente lui sembla interminable. Puis, enfin, un retour : “Dans deux jours. 19h. Café des Marronniers, à Montreuil. Discrètement.” Elle nota le rendez-vous dans un carnet, sans aler