Semua Bab Les chaînes du Destin: Bab 71 - Bab 80

Le plafond beige de la suite privée semblait plus bas que celui de l’hôpital. Ou peut-être était-ce l’air qui était plus lourd. Plus chargé. Livia rouvrit les yeux dans un lit trop luxueux pour ne pas deviner que Raphaël y avait mis sa patte. Draps en coton égyptien. Mur de bois clair. Écran plat suspendu au mur. Et ce silence... Pas celui de l’abandon, non. Un silence feutré, surveillé. Comme si même l’air avait peur de la déranger.Elle tourna lentement la tête. Le moindre mouvement lui tirait une douleur sourde au flanc. Mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle ressentait en le voyant.Raphaël. Assis dans un fauteuil de cuir, immobile, le regard perdu dans le vide. Il n’avait pas remarqué qu’elle s’était réveillée. Ou peut-être faisait-il semblant. Il était là, pourtant. Fidèle à cette posture de veilleur qu’il s’était imposée depuis l’incident. Depuis qu’elle avait découvert son rôle dans la mort de son frère.Livia referma les yeux. Un spasme serra son ventre — pas une contractio

La chambre était plongée dans une pénombre apaisante, éclairée seulement par la lueur bleutée d’un écran de contrôle qui pulsait doucement au rythme des battements de cœur de l’enfant à naître. Un silence fragile régnait, comme suspendu au souffle lent de Livia endormie. Ses paupières s’agitaient par moments, trahissant un monde intérieur agité.Raphaël était là, assis dans le fauteuil d’appoint, le dos courbé, les coudes posés sur ses genoux. Il veillait. Depuis des heures. Depuis des jours. Depuis toujours, semblait-il. Sa silhouette tendue, les traits tirés par l’insomnie, trahissait la tempête muette qu’il contenait.Il ne savait plus à quel moment exact elle avait cessé de le haïr ouvertement. Ni quand la rage glaciale avait laissé place à ce mur de silence poli. Mais ce qu’il savait, c’était que depuis qu’il avait vu son corps allongé, inerte, taché de sang dans cette ruelle, quelque chose en lui s’était brisé à jamais.Un soupir s’échappa soudain des lèvres de Livia. Il se redr

Le calme apparent de la chambre était trompeur. Livia fixait la lumière tamisée qui baignait le plafond dans une lueur douce. Raphaël était installé dans le fauteuil près du lit, lisant distraitement un document sur sa tablette, mais son regard revenait à elle toutes les trente secondes. Comme si chaque silence contenait une menace. Comme s’il savait qu’elle n’avait pas encore dit ce qu’elle avait sur le cœur.Elle le laissa faire. Elle observa ses gestes mécaniques, le mouvement nerveux de son index sur l’écran, la tension dans sa mâchoire.Il savait. Et elle aussi.Mais ce soir, elle ne comptait plus garder le silence.Elle prit une inspiration lente, posa sa main sur son ventre, puis articula, d’une voix calme :— Tu te souviens de ce que je t’ai demandé, tout à l’heure ?Il leva les yeux, aussitôt en alerte.— Oui.— Alors pourquoi tu n’as pas répondu ?Il baissa la tablette, la posa sur la table d’appoint sans bruit. Puis, il se redressa dans son siège, les mains croisées, le reg

La nuit avait étendu son voile de velours noir sur la clinique privée. Un calme presque surnaturel y régnait, seulement troublé par les pas feutrés du personnel ou le bip régulier des moniteurs dans les chambres voisines.Dans la sienne, Livia fixait le plafond.Elle ne dormait plus depuis des jours. Son corps, alourdi par la grossesse et affaibli par le traumatisme, semblait réclamer du repos. Mais son esprit, lui, tournait à mille à l’heure. Elle revivait chaque instant. Chaque mot. Chaque silence.Et cette nuit, elle ne voulait plus attendre. Elle ne voulait plus fuir.Le pas décidé malgré sa fatigue, elle se redressa. Un frisson lui parcourut l’échine quand elle posa les pieds nus sur le carrelage froid. Elle attrapa son gilet, marcha lentement dans le couloir désert, jusqu’à la chambre que Raphaël occupait à l’autre bout de l’aile. Elle n’avait pas frappé. Pas hésité.Elle entra.Il était assis sur le rebord du lit, les coudes sur les genoux, les yeux perdus dans l’obscurité. Il

e vent tiède de fin d’après-midi filtrait à travers les persiennes entrouvertes. Dans le salon du domaine familial, Livia fixait la vieille commode de bois sombre, là où son oncle Pierre fouillait avec une lenteur méthodique. Son cœur cognait fort contre sa cage thoracique, sans qu’elle sache pourquoi. Il y avait dans l’air une tension suspendue, comme un frisson que l’on refuse d’écouter.— Je l’ai gardée, murmura enfin Pierre, sa voix couverte d’une fine couche d’émotion. Une lettre de Mathis. Je n’ai jamais su si je devais te la donner. Jusqu’à maintenant.Il tendit une enveloppe usée, jaunie par le temps. Les bords étaient cornés, le nom "Livia" griffonné à l’encre noire, tremblante.Elle la prit avec des mains fébriles, comme si ce papier risquait de s’évaporer sous ses doigts. Son souffle était court, sa vision troublée par des souvenirs. Mathis. Son rire. Son regard moqueur et protecteur. Son absence.— Je ne savais même pas qu’il t’avait écrit… souffla-t-elle.— Il me l’a conf