All Chapters of L'ALPHA MAUDIT : Chapter 11 - Chapter 20

SARAHJe ne dors pas.Je suis recroquevillée sur une couchette de pierre recouverte de fourrure, les bras serrés autour de mes genoux. Le froid traverse ma peau. Le silence n’est pas silence : il est plein de bruits retenus, de respirations étouffées, de quelque chose qui attend, juste derrière les murs.Je fixe la porte.Elle n’est pas fermée à clé.Zarek n’a pas eu besoin de me l’interdire.Il savait que la peur me tiendrait prisonnière.Il avait tort.Je me lève.Mon cœur cogne fort, trop fort. J’ai l’impression que mes côtes vont se briser. Chaque battement est un coup de semonce , sors , sors , sors.Je marche vite , pieds nus. Peau nue. Corps glacé.Les couloirs sont vides, mais quelque chose me suit. Une présence qui ne fait pas de bruit, mais que je sens dans chaque torche qui vacille, chaque ombre qui s’étire trop longtemps.Je ne suis pas la bienvenue ici.Je ne suis pas… faite pour ce lieu.Les murs suintent quelque chose d’ancien, de sauvage. Comme si la pierre me reconnai

ZAREKLa chambre royale n’a rien d’un sanctuaire.C’est un tombeau debout.Chaque mur transpire la mémoire des règnes déchus, chaque fissure dans la pierre est un cri muet, chaque drapé de velours sombre cache une blessure ancienne. Ce n’est pas un refuge. C’est une cage plus vaste. Et je suis seul à en porter les clés.Ou du moins… c’est ce que je croyais.Je suis assis, droit, tendu, au bord de la pierre noire qui me sert de lit. Le froid me remonte par les reins. Mais je ne bouge pas. Je regarde la nuit au-dehors. Une nuit sans vent, sans chant, sans paix.La lune grimpe lentement, voilée par des nuages qui fuient, comme si même le ciel n’osait plus nous regarder.Elle approche.La pleine lune.La lune rouge.Et avec elle, le moment du basculement.Je le sens dans mes os. Dans mes griffes. Dans ma peau. Dans mes rêves. Quelque chose se lève. Se réveille. Et exige.L’union.Ou la perte.Je serre les mâchoires.Mon corps tremble de retenue. De frustration. De faim. Pas celle de la ch

ZAREKJe me tiens debout, devant le cercle des Anciens.Le jour ne s’est pas encore levé.Le ciel est noir. Les torches brûlent.Mais ce n’est pas pour la lumière qu’on les allume.C’est pour les protéger de moi.Autour de la table d’obsidienne, ils sont là, les visages fermés, les mains croisées, les regards durs.Drystan, fidèle. Le seul à ne pas me juger.Alarion, bien sûr. Toujours lui. Avec sa bouche d’acier et ses yeux de pierre.Et à ma gauche, un silence plus lourd encore.Elle est arrivée à l’aube, sans escorte, comme un présage.Néra, la Sorcière du Nord.La dernière descendante des Gardiens du Sang.Elle ne m’a pas salué.Elle m’a regardé.Et elle a su.— Elle est ici, dis-je.Ma voix est rauque, plus grave que d’ordinaire.Elle est dans ce palais.Dans l’aile est, dans une chambre gardée par deux des miens.Elle dort peu.Elle tremble souvent.Et ses rêves me hantent autant que les miens.Je les vois frémir.Mais je continue.— Je l’ai trouvée.Alarion se tend.— Tu es sûr

SARAHLe fauteuil m’accueille comme un tombeau où je dépose un peu de moi, sans savoir si ce sera pour renaître ou disparaître, mais la pièce autour de moi semble vibrer encore de sa présence, de ses mots posés comme des pierres lourdes sur mon cœur, et je sens que je suis à un seuil, un moment suspendu où tout peut basculer, où la frontière entre choix et destin devient floue, mouvante, comme un mirage au bord du gouffre.Je ferme les yeux, je respire, mais c’est un souffle court, saccadé, emporté par un torrent d’images et de sensations qui me déchirent de l’intérieur, et je comprends que cette nuit, ce silence, ce vide, tout est en train de me traverser, de me traverser complètement, de m’arracher à moi-même pour me jeter ailleurs, plus loin, plus profond.Je repense à ses mots, à son regard, à cette promesse lourde et fragile, à ce serment qui pèse sur nos âmes comme un secret trop vieux pour être ignoré, et je me demande si je pourrai jamais vraiment dire oui, ou si c’est déjà tr

ZAREK LE ROIL’aube perce à peine l’horizon, et déjà je sais que ce jour ne ressemblera à aucun autre, que chaque pas que je ferai aujourd’hui sera gravé dans les pierres du palais et dans les murmures de mon peuple. Je me tiens près de la grande fenêtre, observant la lumière pâle se glisser sur les toits, et mon cœur bat d’un rythme ferme, décidé.Assez d’ombre, assez d’attente. Elle ne restera plus un secret.Je veux qu’ils la voient. Qu’ils sachent. Qu’ils comprennent que la flamme qui brûle en moi ne se détournera plus, que ce lien, personne ne pourra le briser.Je fais signe à Armand, qui se tient à quelques pas derrière moi, les mains croisées dans le dos.— Qu’on prépare la grande salle. J’exige un banquet pour ce soir.Ses yeux s’écarquillent un instant, mais il se reprend.— Un banquet, Majesté ? Ce soir même ?— Oui. Et que chaque place soit prise. Je veux toute la cour réunie.— Dois-je en avertir le conseil ?— Non. Qu’ils l’apprennent comme tout le royaume, quand ils la v