All Chapters of L'ALPHA MAUDIT : Chapter 51 - Chapter 60

SarahLe retour de Zarek n'a pas apporté la paix. Il a apporté un nouveau type de silence. Un silence lourd, vigilant, qui s'est installé dans la pierre même du palais. La blessure dans les Marches Occidentales a été cautérisée par la décharge de pouvoir des jumeaux, mais la cicatrice est là, sensible, comme une brûlure sur la peau du royaume. Et je la sens. Nous la sentons tous.Lyra et Kaël ont changé. L'éclat dans leurs yeux, autrefois simple reflet de leur nature, s'est intensifié. Ils ne suivent plus seulement les mouvements, ils les analysent. Leurs petits gazouillis ne sont plus seulement des sons, mais des échos des murmures du palais. Leur pouvoir, éveillé par la crise, ne s'est pas rendormi. Il couve, conscient.Zarek est différent aussi. Plus distant, plus sombre. Les nuits, il ne dort pas. Il se tient à la fenêtre, scrutant l'horizon nord, d'où, selon lui, la corruption a sourdi. Une magie ancienne, oubliée, nécrotique. Une soif qui ne s'attaque pas aux corps, mais à l'ess

SarahLa tension est une corde trop tendue, prête à se briser. Elle vibre dans l'air entre nous, dans l'espace silencieux de notre chambre. Les jumeaux dorment enfin, leur souffle léger brisant à peine le silence de la nuit. Lyra, épuisée par ses efforts pour maîtriser sa lumière. Kaël, renfermé sur le sien, le poids de sa propre puissance déjà un fardeau sur ses petites épaules.Zarek est près de la fenêtre, dos à moi, une silhouette massive découpée dans la pâle lumière de la lune. Je sens son inquiétude, sa frustration, sa colère rentrée. Le royaume exige un héritier fort, mais à quel prix ? Le père en lui se déchire.— Nous ne pouvons pas continuer comme ça, Zarek.Ma voix est un murmure dans le noir. Il se retourne lentement. Ses yeux, ces puits d'or liquide, brillent d'une intensité presque douloureuse.— Nous n'avons pas le choix.— Il y a toujours un choix. Nous les transformons en armes avant même qu'ils sachent marcher.Il traverse la pièce, ses pas silencieux sur les peurs

KaëlLe silence est trop lourd. Il pèse sur mes petites épaules, comme la fourrure trop épaisse qu'ils me font porter. Je n'aime pas ce silence. Il est plein de choses non dites, de regards qui chuchotent. Maman sourit, mais ses yeux sont trides. Papa est parti, et son absence est un froid qui mord plus fort que le mien.— Tu entends aussi, Lyra ?Ma sœur tourne la tête. Ses boucles dorées captent la lumière, comme toujours. Elle ne répond pas avec des mots. Un petit éclat de chaleur, une bulle de soleil, répond à la place. Elle entend. Elle sent tout, plus fort que moi. Son pouvoir crie, le mien chuchote. Le sien brûle, le mien gèle.— Ils ont peur de nous.Lyra cligne des yeux. Une lueur inquiète danse dans ses pupilles. Elle tend la main vers la barre de son berceau. Le bois lisse se couvre instantanément de fines nervures dorées, comme des veines de lumière. Elle ne le fait pas exprès. C'est plus fort qu'elle. Comme le givre sur les vitres quand je suis triste.Maman marche de lon

SarahLa pleine lune flotte, œil pâle et accusateur, au-dessus des flèches de cristal du palais. Dans trois heures, le Conseil se réunira. Dans trois heures, l'avenir de nos enfants sera scellé.Je les regarde dormir. Lyra, dont la lumière pulse doucement au rythme de ses rêves. Kaël, si calme, si froid, même dans son sommeil. Mon cœur se serre, se tord. L'instinct primal me hurle de les prendre, de fuir dans la nuit, de les cacher au monde.Mais Zarek a raison. Fuir, c'est avouer leur culpabilité. C'est les condamner à une vie d'ombres et de peur.Une présence familière effleure mon esprit. Douce, mais déterminée. Elara. Je me tourne vers la porte ombragée. Elle s'y tient, son manteau de nuit la rendant presque invisible. Ses yeux, de la couleur de l'étain, brillent dans l'obscurité.— Ils sont en place, murmure-t-elle. Les tiens. Et les miens.Son peuple, les Ombrelunes, ceux que Zarek a autrefois protégés et qui lui doivent une dette de sang. Ils sont nos yeux dans les couloirs obs

SarahLe sang d'Alaric est une flaque noire et épaisse sur le marbre. Son odeur de fer et de mort envahit la salle, se mêlant à la peur aigre qui émane du Conseil. Zarek se tient devant eux, un colosse de colère et de puissance, ses lames dégoulinant encore. Le message est passé. Clair et brutal.Mais le prix de cette victoire... je le sens avant de le voir.Une douleur fulgurante me transperce le crâne, si violente que je manque plier en deux. Ce n'est pas une douleur physique. C'est une déchirure dans l'âme. Le lien qui m'unit à Zarek, ce fleuve d'or et de feu où nos émotions, nos sensations, nos vies se mêlent, se tord soudain comme un muscle arraché.— Zarek...Le nom est un souffle arraché de mes lèvres. Je lève les yeux vers lui. Il est toujours debout, imposant, mais son visage a perdu toute couleur. Ses yeux, fixés sur un point derrière moi, sont écarquillés d'un horreur que je n'y ai jamais vue.— Non..., gronde-t-il, sa voix n'est plus qu'un rauquement brisé. NON !Il se pré