Tous les chapitres de : Chapitre 61 - Chapitre 70

Le soleil se levait à peine au-dessus des arbres centenaires du domaine Knight lorsque Léa ouvrit difficilement les yeux. La chambre baignait dans une douce lumière dorée, filtrée par les rideaux épais tirés à moitié. Tout autour d’elle flottait ce parfum subtil de bois ciré et de linge propre qui caractérisait le manoir. Un instant, elle resta immobile, observant silencieusement le plafond sculpté, tentant de comprendre où elle se trouvait. Puis la réalité la frappa. Elle n’était pas chez elle. Elle n’était pas non plus dans la chambre où elle s’était installée après le mariage. Mais elle était ici, dans ce manoir, dans cette vie qu’elle avait oubliée… ou dont elle avait été arrachée. Le manoir d’Aiden. Son mari. Un mot qu’elle n’arrivait toujours pas à prononcer intérieurement sans ressentir un choc. Elle avala difficilement sa salive. Sa dernière mémoire nette remontait à six ans en arrière : une salle de mariage, son cœur qui battait à tout rompre, l’idée d’un contrat ét

Le salon plongeait dans une douceur crépusculaire lorsque Aiden termina son récit. Sa voix s’était faite plus lente, presque murmurée, comme s’il craignait que chaque phrase ne soit trop lourde pour elle. Pourtant, Léa ne ressentait pas de lourdeur. Seulement une étrange chaleur, diffuse, fragile, comme un fil ténu qu’elle sentait se tendre entre eux. Elle se découvrit surprise de ne plus vouloir qu’il parte. Et encore plus surprise de vouloir qu’il reste. Mais la fatigue se lisait sur ses traits : la journée avait été longue pour lui, probablement emplie de responsabilités qu’elle avait oubliées mais qu’il portait encore avec une rigueur presque inhumaine. Il parla encore quelques minutes, puis finit par se relever. — Je te laisse te reposer. Si tu as besoin de quoi que ce soit, vraiment… n’hésite pas. Elle hocha la tête. Le regard qu’il lui lança avant de quitter la pièce la troubla. Non pas parce qu’il était intense… mais parce qu’il semblait chargé d’un respect infini. Comme s

Le matin s’étira lentement, comme s’il refusait de chasser la pénombre de la nuit. Léa resta un long moment assise sur le canapé du petit salon, les mains encore tièdes du contact furtif qu’elle avait osé nouer avec Aiden avant qu’il parte. Son cœur battait d’une façon étrange, irrégulière, comme si chaque pulsation réveillait en elle un fragment de quelque chose qu’elle ne pouvait pas encore nommer. Elle avait peur. Mais elle avait aussi envie. Et cette combinaison la troublait plus profondément qu’elle n’osait l’admettre. Elle se leva finalement, presque vacillante, et monta dans sa chambre. La fatigue la rattrapait pas celle du corps, mais celle de l’âme, de la mémoire en reconstruction. Elle s’assit près de la fenêtre et observa le jardin. La lumière du matin filtrait à travers les branches des arbres, projetant des éclats dorés sur la pelouse. Et dans ce simple tableau, elle sentit une paix fragile se poser en elle. Un souvenir voulait remonter. Elle le sentait. Il tournai

À un moment, alors qu’elles entraient dans une boutique, une odeur particulière la frappa. Un parfum boisé. Familier. Irrésistiblement familier. Elle se figea. Serena se tourna vers elle. — Ça va ? Léa cligna des yeux. — Ce parfum… Je… j’ai déjà senti quelque chose comme ça. Clara, soudain sérieuse : — Un souvenir ? Elle hocha lentement la tête. L’image lui revint soudain : Elle dans une voiture. La pluie contre la vitre. Aiden au volant. Et ce parfum le sien, peut-être. Un mélange de bois, de cuir, de nuit. Une sensation chaude lui écrasa la poitrine. — Je crois… que c’est celui d’Aiden, murmura-t-elle. Clara écarquilla les yeux. — Baby girl… tu es en train de retomber amoureuse. C’est officiel. Léa sentit ses joues chauffer. — Ce n’est pas… enfin, je ne sais pas. C’est juste un parfum. — Rien n’est « juste un parfum », insista Clara. Si ton cerveau l’a relié à une émotion, c’est que ton cœur se souvient avant toi. Serena ajouta doucement : — Les s

La respiration de Léa vibrait encore contre la poitrine d’Aiden, irrégulière, secouée, comme si chaque souffle qu’elle parvenait à prendre menaçait de s’effondrer avant d’atteindre ses poumons. Ses doigts agrippés à son t-shirt avaient fini par s’assouplir, mais pas sa tension. Elle n’était plus dans la panique brute du réveil à l’hôpital… mais dans quelque chose de plus silencieux. Plus profond. Plus dangereux aussi. Un choc qui s’installait. Une onde de réalité qui s’étirait lentement dans chaque cellule de son corps. Aiden gardait son front contre ses cheveux, l’air de veiller un cœur brisé qu’il ne savait pas comment réparer. Elle finit par glisser légèrement en arrière, juste assez pour le regarder. Ses yeux étaient rouges, humides, perdus. — Aiden… est-ce que… est-ce que je vais me souvenir ? de ..... tout? Le tremblement dans sa voix s’ancre dans chaque syllabe. Ce n’était pas une question médicale. C’était une supplication. Une peur nue. Aiden prit une seconde, ju