All Chapters of L'ÉPOUSE ABANDONNÉE: Chapter 121 - Chapter 130

CINQ ANS PLUS TARDGRACIASLe jardin résonne d'une cacophonie joyeuse. Les rires de Léonie, maintenant une petite fille de cinq ans aux boucles châtain vif, se mêlent aux cris joyeux de ses jeunes frères. Liam, trois ans, court après une balle colorée avec une détermination maladroite, tandis qu'Antoine, le bébé d'un an, gigote sur une couverture à l'ombre, attrapant ses petits pieds avec des gazouillis ravis.Notre maison, toujours aussi vibrante de couleurs, a dû s'agrandir. Elle déborde maintenant de jouets, de dessins enfantins accrochés au frigo, et de ce doux chaos qui caractérise une famille heureuse. Les rosiers grimpants que nous avions plantés encadrent toujours la porte, témoins silencieux de notre bonheur grandissant.Je suis assise à la table de jardin, surveillant ce petit monde avec un sourire que je sens ancré jusqu'au plus profond de mon âme. Le livre posé devant moi est oublié. Rien ne pourrait être plus captivant que ce spectacle.Des pas lourds mais joyeux approche

GRACIASLa maison est enfin silencieuse. Un silence lourd, précieux, gagné de haute lutte après les rires et les pleurs de la journée. Les enfants dorment, leurs respirations calmes formant une mélodie douce qui traverse les murs. Dans le salon, seule la lueur des braises dans la cheminée danse encore, projetant des ombres mouvantes sur les murs.Je suis assise sur le canapé, les pieds repliés sous moi, une tasse de thé oubliée refroidissant entre mes mains. La fatigue est là, une douce lourdeur dans mes membres, mais c'est une bonne fatigue, celle qui vient d'une journée bien remplie, d'amour donné et reçu.Ézran entre dans la pièce. Il a éteint les lumières vives, ne laissant que la lueur du feu. Il me rejoint sur le canapé, pas à l'autre bout, mais tout près. Son genou effleure le mien. Sa simple présence fait frémir ma peau.— Ils dorment tous, murmure-t-il, sa voix plus grave dans la pénombre.— Comme des anges, réponds-je en posant ma tasse.Un silence s'installe, mais il n'est

GRACIASLe jour se lève à peine. Une lueur grise et laiteuse filtre à travers les rideaux, estompant les contours de la pièce. Ézran dort encore, profondément, son souffle régulier berçant le silence. Je me suis réveillée avant lui, chose rare. Mon corps est encore lourd de notre nuit, mais mon esprit est déjà éveillé, parcouru d’un courant d’électricité tranquille.Je me dégage doucement de son étreinte, et il grogne dans son sommeil, une main cherchant ma chaleur. Je la prends, je la porte à mes lèvres et je dépose un baiser dans sa paume. Il se calme.Je me lève sans un bruit. La fraîcheur du matin caresse ma peau nue. Je le regarde, allongé sur le dos, le torse puissant offert à la lumière naissante. Le plaid est rejeté sur ses hanches. Je ressens une vague de possession si forte qu’elle me coupe le souffle. Il est à moi. Et ce matin, je veux le lui rappeler.Je commence par de simples effleurements. Du bout des doigts, je trace le contour de ses épaules, la ligne de sa clavicule.

INÈSLa porte de la prison se referme derrière moi avec un bruit sec. Pas dramatique. Pas théâtral. Juste définitif.Le genre de bruit qui vous dit que le monde ne vous doit rien.L’air libre me frappe au visage. Trop vaste. Trop propre. Dix ans que je le regarde de loin, à travers des barreaux et des promesses jamais tenues. Dix ans à observer, écouter, apprendre. Dix ans à comprendre comment le monde fonctionne vraiment.Ils vivent.Ils rient.Ils ont gagné.Moi, j’ai compté les jours. Et j’ai préparé la suite.Une voiture m’attend de l’autre côté du parking. Pas de salutations. Pas d’effusions. Juste un hochement de tête. Les gens intelligents ne parlent pas trop.— Tout est prêt ? demandé-je en m’asseyant à l’arrière.— Depuis des semaines, répond l’homme au volant.Je souris. Un sourire mince. Pas heureux. Précis.Ils croient toujours que la vengeance est une pulsion. Une explosion. Une erreur.Ils se trompent.La vengeance, c’est une architecture.L’appartement est petit. Anonym

ANTOINEJe sais que quelque chose ne va pas depuis longtemps.Pas depuis aujourd’hui. Depuis avant. Depuis le moment où elle a dit maman avec une voix qui n’était pas celle d’une maman.Victor dit qu’il faut observer. Qu’il faut garder l’énergie. Qu’il faut faire semblant.Je fais semblant.Mais à l’intérieur, tout court.La pièce est trop silencieuse. Les murs sont trop blancs. Il n’y a pas d’horloge. Pas de télévision. Rien qui fasse passer le temps. Le temps est coincé avec nous.— Tu crois qu’ils nous cherchent ? je chuchote.Victor ne répond pas tout de suite. — Oui.— Tu en es sûr ?— Papa chercherait même s’il ne savait pas quoi chercher.Ça me rassure un peu. Pas beaucoup. Mais assez pour respirer.La porte s’ouvre. Elle entre. Inès. Je connais son prénom maintenant. Elle l’a dit au téléphone. Elle pensait qu’on n’écoutait pas.Elle nous regarde comme si on était un souvenir mal rangé.— Vous avez besoin de quelque chose ? demande-t-elle.Je veux dire ma maman. Je veux dire la