L'ÉPOUSE ABANDONNÉE のすべてのチャプター: チャプター 61 - チャプター 70

GRACIASL’air du dehors me semble irréel.Une semaine… une semaine seulement, et pourtant tout paraît différent : la lumière, les sons, même l’odeur du vent. Comme si le monde avait pris le temps de respirer pendant que je me battais pour le faire moi-même.Ezran tient ma main, et sa chaleur traverse la mienne. Sa présence est constante, rassurante, presque silencieuse. Il n’a pas dit grand-chose depuis ce matin, mais tout en lui parle : la manière dont il ajuste ma veste, la douceur avec laquelle il m’aide à descendre de la voiture, la vigilance dans son regard chaque fois que je fais un pas trop long.Je souris, faible, mais sincère.— Tu es pire qu’une infirmière, tu sais ?EZRANJe ris doucement, soulagé d’entendre cette pointe d’humour, même fragile.— Peut-être. Mais tu n’imagines pas à quel point j’ai eu peur. Laisse-moi être un peu… excessif, pour une fois.Elle fronce le nez, amusée. Son visage est encore pâle, mais ses yeux ont retrouvé cette étincelle qui m’avait manqué. Ce

GRACIASJe n’ai plus froid.C’est la première chose que je remarque quand il m’aide à revenir dans la chambre.La serviette encore serrée autour de moi, je sens la chaleur de sa main glisser dans mon dos, juste assez pour me guider sans me posséder.Le feu crépite dans l’âtre , il l’a allumé pendant que je me baignais. Les ombres dansent sur les murs, dorées, apaisantes.Sur la table, le dîner nous attend. Deux assiettes, une carafe d’eau, du pain encore tiède, et un plateau où la servante a disposé du riz, du poisson, et quelques fruits.La simplicité même. Et pourtant, dans ce calme après la tempête, tout semble avoir un goût de fête.Je frissonne quand il approche une chaise, la tire doucement.— Assieds-toi, dit-il. Je m’occupe de tout.— Ezran, je peux…— Non. Ce soir, tu ne fais rien. Tu respires, c’est déjà beaucoup.Je souris, vaincue. Il s’assoit juste en face de moi, les coudes appuyés sur la table, me scrutant comme s’il essayait d’apprendre un nouveau visage.— Tu as meill

GRACIASJe ne sens plus mes jambes quand je referme la porte derrière moi.Le bruit du battant résonne dans ma tête comme une fin.Une fin à quoi, je ne sais pas , mais tout en moi s’écroule, lentement, comme un château de sable sous la marée.Je monte les marches à tâtons. Chaque marche grince, chaque son me ramène à cette voix : la sienne , claire, blessée, vivante : Je suis enceinte ! Ces mots tournent, s’écrasent contre les parois de ma poitrine, cognent jusqu’à m’en faire mal.J’entre dans la chambre.La lumière du matin glisse encore sur les draps froissés.Tout porte sa trace : le café encore chaud, la chemise qu’il a laissée sur la chaise, l’odeur de sa peau dans l’air.Tout crie son absence.Et, maintenant, tout me semble mensonge.Je m’assieds au bord du lit.Mes mains tremblent.Je voudrais pleurer, hurler, briser quelque chose , mais rien ne vient.C’est pire : un calme vide, une douleur sans cri.Qui est-elle ?Cette femme au port souverain, au regard sûr d’elle, au sour

EZRANJe reste immobile un instant après ce baiser, le souffle encore court. Chaque respiration semble ralentie, comme si le temps hésitait lui aussi. Mais je sais ce que je dois faire. Je tends la main vers Gracias.— Descends avec moi.Elle me fixe, méfiante, les yeux écarquillés.— Pourquoi ?— Lidia est toujours là… elle veut me parler. Et je… je préfère que tu sois avec moi. Que tu sois là quand elle dira tout. Je ne veux pas de malentendus.Elle fronce les sourcils, hésitante. Son corps tremble légèrement alors qu’elle pose sa main fragile dans la mienne. Ensemble, nous descendons. Chaque marche est un poids supplémentaire sur mes épaules. Chaque pas vers le bas fait vaciller quelque chose en moi.La porte du salon est entrouverte. Je vois Lidia, valises posées à ses pieds, immobile. Son regard glisse vers nous, calculateur mais parfaitement maître de son apparente vulnérabilité.Elle pâlit en nous voyant descendre, mais elle ne recule pas. Pas un seul pas en arrière. Sa voix, d

LIDIAJe pensais pouvoir encore le toucher, même un instant.Je pensais qu’il me faudrait juste murmurer, sourire, et il plierait.Mais rien ne se plie. Rien ne cède.— Ezran… murmuré-je, chaque syllabe tremblante, mais déterminée.Ses yeux cherchent les miens, implorants, menaçants, mais surtout perdus.— Tu ne comprends pas… je… c’est notre enfant. Il mérite…Je sens Ezran reculer d’un pas, la mâchoire serrée, le regard dur comme de l’acier.Le feu dans la cheminée éclaire ses traits, mais n’adoucit rien.— Lidia, assez, dit-il, la voix calme mais tranchante. J’ai tourné la page. Pour toi, pour moi… pour ce que nous avons été.Ézran Elle cligne des yeux, incrédule, comme si mes mots étaient une trahison.Son souffle devient court, rapide, et la pièce semble rétrécir autour d’elle.— Alors… alors je devrais… habiter ailleurs ? hurle-t-elle, la voix brisée mais mordante.— Partir de la maison ? Tu… tu ne peux pas !Ses mains cherchent le vide, s’accrochent à moi , à tout ce qu’elles