All Chapters of L'amante invisible du PDG: Chapter 91 - Chapter 100

Le ciel de nuit avalait déjà Genève derrière eux, ses lumières dorées rétrécissant comme un collier brisé. La réunion avec les investisseurs avait laissé dans l’air un parfum de tension encore vif, mais désormais, il n’y avait plus que le retour, le huis clos de la cabine.L’avion roulait déjà sur la piste, ses moteurs vrombissant comme un cœur mécanique. Mila observait par le hublot les rangées de lumières bleues s’effacer peu à peu tandis que l’appareil prenait de la vitesse. Elle se força à inspirer profondément, mais son souffle resta court. Les voyages, elle les avait toujours associés à un certain vertige : la sensation d’être arrachée au sol, de perdre tout contrôle.À côté d’elle, Alec paraissait immobile, statue de concentration. Costume sombre encore impeccable malgré l’épuisement de la journée, cravate desserrée d’un seul nœud. Ses traits restaient fermes, mais un pli marquait sa tempe, discret, comme une fatigue qu’il refusait d’admettre.La cabine de l’avion privé baignai

La tour Reyford s’était lentement vidée au fil de l’après-midi. Vers 19 h, l’open-space ressemblait à un aquarium déserté : les écrans éteints, les chaises repoussées à la hâte, les plantes vertes figées dans une immobilité artificielle. On n’entendait plus que le ronronnement lointain de la climatisation et le bruit discret des ascenseurs qui montaient et descendaient sans relâche.Mila Andrews, elle, restait là, un dossier ouvert devant elle. Ses yeux passaient d’une ligne à l’autre mais sa concentration s’effritait. Ses mains tournaient nerveusement les pages, et son crayon, posé en travers du document, roulait chaque fois qu’elle bougeait le coude.Elle savait qu’elle aurait pu rentrer. Personne ne l’obligeait à travailler si tard. Mais elle avait trouvé refuge dans ce bureau : l’ombre feutrée des couloirs, le silence relatif, le sentiment d’invisibilité. Ici, elle n’avait pas à affronter les regards ni les murmures qui circulaient depuis les dernières photos publiées. Ici, elle p

 Le bâtiment de Reyford Corp semblait dormir, ce soir-là. Les étages plongés dans l’obscurité formaient une succession de vitres noires, miroirs de la ville qui brillait en contrebas. Seul le 28e étage, celui du département stratégie, diffusait encore une lueur pâle. Mila marcha dans le couloir désert, son talon étouffé par l’épaisse moquette. Elle portait une pile de dossiers contre elle, serrés comme s’ils pouvaient glisser et s’éparpiller à la moindre hésitation. La tour avait une odeur particulière la nuit : un mélange de papier chauffé par les machines, de cire sur les meubles, et d’air recyclé qui pesait plus qu’il ne rafraîchissait. Elle pouss

La réunion du comité avait été une épreuve. Mila en ressortit le souffle court, comme après un combat où les armes n’étaient pas visibles mais laissaient des traces profondes. Dans le couloir aux vitres interminables, ses pas résonnaient trop fort. Chaque battement de talon claquait comme un rappel : tu as été vue.Car aujourd’hui, pour la première fois, elle avait existé aux yeux de tous. Alec l’avait nommée, reconnue, protégée devant les directeurs et, plus troublant encore, devant Cassandra Vanel. Cette femme… incarnation d’un monde où elle n’avait jamais eu accès, et qui semblait la jauger comme une ennemie déjà désignée.Les mots de Cassandra résonnaient encore :Dans ce monde, chaque reconnaissance publique… est aussi une condamnation.Mila serra son dossier contre elle comme un bouclier fragile. Elle descendit d’un étage, s’éclipsa vers son bureau, espérant s’y réfugier. Mais même là, l’air semblait différent. Les regards, dans l’open space, portaient un éclat nouveau. Certains

Le message était tombé en fin de journée. Une simple ligne dans le calendrier interne de Reyford Corp :Réunion exceptionnelle — Salle du conseil — 19h00.Pas d’explication, pas de note. Juste ce rendez-vous, imposé à une heure où la plupart des étages se vidaient déjà. Mila, en refermant son ordinateur, avait senti son cœur s’accélérer. Tout son corps lui criait de rentrer, d’échapper à l’atmosphère dense qui régnait depuis des jours. Mais on ne refusait pas une convocation de cette nature.Le couloir menant à la salle du conseil semblait interminable. Les pas de Mila résonnaient faiblement sur le marbre, amplifiés par le silence du soir. Les grandes baies vitrées reflétaient un ciel violet où les premières lumières de la ville commençaient à percer. Elle inspira profondément, serra son dossier contre elle.Quand elle poussa la lourde porte en bois, le parfum du cuir et du papier neuf l’assaillit. La salle était déjà presque pleine. Directeurs, conseillers, actionnaires principaux —