Tous les chapitres de : Chapitre 111 - Chapitre 120

« Quel jeu ? » Adrien la regardait, les yeux pleins d’incompréhension. « Qu’est-ce que tu racontes encore ? »Claire a laissé échapper un petit rire froid.« Avant, je te croyais seulement froid. Maintenant, je vois que tu es aussi hypocrite. »Toutes les humiliations, la douleur et l’amertume qu’elle avait endurées, elle ne les partageait plus.Elle savait que les enfants qui pleurent obtiennent des bonbons, mais elle n’avait jamais su faire comme Camille : user des larmes et de la fragilité pour attirer la compassion d’un homme.Et puis, chaque fois qu’elle repensait à ce passé indigne, c’était comme si on lui plantait une nouvelle lame dans le cœur déjà en lambeaux. Elle ne voulait plus s’imposer cette double peine.« De quel jeu tu parles ? Explique-moi. »Adrien la fixait, le regard fermé, les sourcils froncés.« Tu ne pars pas ? Très bien, alors c’est moi qui m’en vais. »La journée l’avait vidée. Elle n’avait plus une once d’énergie pour l’affronter ; elle voulait juste que l

Lucie repensait à Claire, transie de froid, debout dans le couloir, les mains jointes pour prier Geneviève.Rien qu’à y penser, elle en avait presque les larmes aux yeux.« La pauvre, elle avait pris froid… Ce n’était pas bon pour sa santé du tout ! Si j’avais su qu’elle venait à peine de faire une fausse couche, j’aurais au moins dû lui mettre une couverture sur les épaules, lui apporter une tasse de thé chaud ! Mon Dieu, je m’en veux terriblement ! »Adrien s’est figé un instant, comme si quelque chose de dur avait heurté son âme.Son regard s’est perdu, vidé de toute expression.On y voyait à la fois la stupeur et une forme de désarroi muet.« Claire vous aimait d’un cœur sincère », a repris Lucie d’une voix tremblante. « Si quelqu’un disait qu’elle vous avait trompé, qu’elle voyait un autre homme… même si on me tuait, je n’y croirais pas ! »*Après trois jours de repos, Claire allait beaucoup mieux.La fièvre était tombée et ses forces revenaient peu à peu, même si une fatigue

Elle ne rêvait que d’une vie simple : un foyer paisible, des repas partagés, les saisons qui s’écoulaient doucement… et des mots d’amour échangés sur le papier.À présent, tout cela lui paraissait hors d’atteinte.« Pour tout ce qui s’est passé à l’époque, je vous demande pardon. »Claire s’est arrêtée net. Les larmes sont montées à ses yeux tandis qu’elle s’est inclinée profondément devant lui.« Allons, je ne suis pas encore mort ! Tu viendras t’incliner le jour où je serai couché dans mon cercueil, pas avant », a-t-il dit en forçant un sourire.Xavier a retenu son émotion. Il l’a aidée à se redresser, la gorge serrée.« Si tu veux vraiment te faire pardonner, alors tu ne disparaîtras plus », a-t-il ajouté d’une voix tremblante.Claire a acquiescé, les yeux pleins de larmes.Depuis cinq ans, elle pensait plus d’une fois à le recontacter, mais la honte et la culpabilité l’en empêchaient à chaque fois.« Et puis… »Il a laissé échapper un soupir et a posé la main sur son épaule.«

Camille s’est figée, la main tendue restant suspendue dans le vide.Une moiteur s’y formait déjà sur sa paume, trahissant son embarras.Depuis qu’elle accompagnait Adrien dans les plus grands événements et les soirées d’élite, elle avait pris l’habitude d’être accueillie avec déférence et flatterie.Partout, les regards se tournaient vers elle avec une politesse calculée, jamais un mot de travers.Personne n’aurait osé lui faire perdre la face.Mais Xavier, lui, l’avait fait — sans la moindre hésitation, sans lui accorder le plus petit signe d’égard.Si elle n’avait pas eu un but précis, elle ne serait jamais venue jusqu’ici pour rencontrer ce vieux professeur au caractère impossible.« Camille, assieds-toi. »La voix d’Adrien était calme, un peu grave.« D’accord… »Elle s’est assise à contrecœur près de lui ; leurs épaules se frôlaient presque.« Alors, Adrien, cette jeune femme, c’est ta petite amie ? »Xavier a posé la question avec cette curiosité calme et pénétrante qui lui

« Cette fois, tu lui as fait bonne impression. Il ne t’a pas acceptée comme élève, mais il ne t’a pas refusée non plus. Quand il viendra au groupe pour donner ses conseils, je trouverai un moyen pour que vous puissiez parler davantage. »« Merci, Addie. C’est vraiment gentil de penser à moi comme ça. »Camille a levé vers lui un regard plein d’une douceur étudiée ; ses yeux parlaient pour elle, avec cette nuance qu’elle savait parfaitement doser.« Tu m’as sauvé la vie, à l’époque. Te rendre ce service, ce n’est rien. »Adrien s’est arrêté un instant, puis a repris d’un ton plus calme : « Et puis, si tu veux devenir l’élève de Xavier, c’est aussi pour le bien du groupe Charon. »« Au fond, c’est moi qui ne suis pas assez forte… » a murmuré-t-elle en baissant les cils.Sa réserve apparente, sa voix douce — tout en elle réveillait chez un homme l’envie de la protéger, et parfois même quelque chose de plus dangereux.« Si seulement j’avais, comme Nora, cette réputation qui ouvre toutes