Tous les chapitres de : Chapitre 131 - Chapitre 140

Charles a baissé les yeux, un sourire flottant aux lèvres.« Avec la carrure de Clément, il lui en faut bien trois menus, à lui tout seul. »Clément a levé les yeux au ciel.Dans la tête de son patron, il n’était décidément qu’un estomac sur pattes.Ils sont montés dans la Maybach, qui a filé vers la résidence de Charles.« Bastou, même si c’est ton anniversaire aujourd’hui, je dois quand même te dire quelque chose. »Charles, jambes croisées, gardait une allure à la fois droite et détendue.Son regard, calme en surface, brillait pourtant d’une lueur grave.« Aujourd’hui, tu n’as pas été sage. À l’avenir, évite de dire ce genre de choses devant Claire… si tu veux la revoir, du moins. »Sébastien a blêmi et, les yeux rougis, il s’est empressé de promettre : « Papa, j’ai eu tort… Je ne le ferai plus jamais. »Charles a hoché légèrement la tête.« Bien. Savoir reconnaître ses erreurs, c’est déjà faire preuve de maturité. »« Tu l’aimes bien, Claire ? »À l’avant, Clément tendait l’o

Le lien entre la mère et l’enfant était si fort que le cœur de Claire s’est serré malgré elle. Pourtant, sa voix restait calme quand elle a simplement demandé : « Qu’est-ce qu’il a ? »« Léo s’est plaint de ne pas se sentir bien ce matin, il n’est pas allé à l’école. Et ce soir, il s’est mis à avoir de la fièvre. Il dit qu’il a du mal à respirer et qu’il n’arrête pas de tousser ! »Claire a refermé la main dans un geste nerveux avant de répondre, d’une voix douce et maîtrisée : « C’est une crise d’asthme. Les médicaments sont dans le deuxième tiroir de la table de nuit. Merci de veiller sur lui. »« Vous ne voulez pas venir le voir ? » a-t-il demandé, la voix tremblante d’inquiétude.« Non », a-t-elle répondu après un court silence. « Appelle plutôt son père. Et puis… je doute que Léo ait envie de me voir. »« Comment pouvez-vous dire ça ? », s’est exclamé Marcel. « Vous n’allez tout de même pas en vouloir à Adrien pour ce qui s’est passé au manoir, et punir l’enfant pour ça ! Il n’a

Il n’avait voulu que bien faire — et tout avait tourné au désastre.…À peine Claire avait-elle mis le pied dans le salon que la voix stridente de Madeleine lui a transpercé le dos : « Toi, ne bouge pas ! »Claire s’est figée. Puis elle s’est tournée, le regard glacé.Le cri de Madeleine a fait accourir toute la domesticité de la résidence de Bellevue.Chacun s’est glissé dans un coin d’ombre, prêt à savourer le spectacle.Quand Adrien et Claire vivaient encore sous le même toit que Madeleine, ce genre de scène revenait souvent.Elle adorait « faire régner l’ordre » — mais toujours en l’absence de son fils.Entre eux, les domestiques en parlaient souvent.Ils disaient que se marier dans une grande famille n’avait rien d’un rêve : une femme sans appui, un mari froid, une belle-mère despotique — quelle différence, au fond, avec une existence de servitude ?Peut-être une seule : la jeune madame ne vendait sa tendresse qu’à un seul homme, et c’était de son plein gré.« Claire ! Tu l’

Claire n’a pas voulu affronter Adrien, elle s’est tournée pour partir.« Claire ! »Adrien l’a rejointe à grandes enjambées et l’a attrapée par le bras.Sa voix était rauque, éraillée : « Après tout ça, tu ne crois pas me devoir une explication ? »« Tu n’es pas aveugle, non ? Tu as tout vu. Qu’est-ce que tu veux que je t’explique encore ? »Elle a rassemblé toutes ses forces et a arraché son bras d’un geste sec.« Si j’ouvre la bouche, ce ne sera pas pour te dire des choses agréables. Tu es sûr de vouloir m’entendre ? »Le torse d’Adrien se soulevait sous la tension, mais sa voix, étrangement, restait calme.« Au moins, tu pourrais parler à ma mère avec respect. Tu devrais t’excuser. C’est ton aînée, après tout. »Madeleine et Camille ont échangé un regard interloqué.Depuis quand Adrien baissait-il le ton avec sa femme ?Et quoi — une simple excuse, c’est tout ? Quelle farce.Claire a laissé échapper un rire bref, glacé : « Une aînée ? Quand j’étais ta femme, elle pouvait l’être

Adrien marchait d’un pas lourd et déterminé dans le couloir désert et silencieux, son rythme presque militaire.Finalement, il s’est arrêté devant la porte de la chambre de Madeleine.Alors qu’il allait frapper, la porte s’est soudainement ouverte.Quentin, sortant de la pièce sombre, s’est retrouvé face à lui. Il a fait une pause nette avant d’incliner légèrement la tête.« Avez-vous besoin de quelque chose ? »Adrien, les poings serrés, a laissé échapper un léger soupir.« Je cherche ma mère. J’ai besoin de lui parler. »« Je suis désolé, elle se prépare à se coucher… »« Se coucher, ou bien elle ne s'est pas encore couchée ? Laisse-moi entrer. »Les yeux de Quentin se sont assombris ; il a hésité un instant avant de répondre : « Je suis désolé. Elle est très fatiguée, elle veut se reposer. »Adrien, d’un ton sec, a répondu : « Tu la respectes, mais tu as oublié qui est le maître de cette maison, non ? »Son bras puissant a poussé Quentin, le forçant à se reculer.« Écarte-toi !