Tous les chapitres de : Chapitre 121 - Chapitre 130

Elle s’est aussitôt retournée — et, en voyant son visage, elle a inspiré brusquement.L’homme portait un long manteau noir dont l’ourlet flottait légèrement dans l’air ; ses mèches sombres, retombant sur son front, frémissaient au gré du vent.Il dégageait quelque chose de libre, d’indompté, une allure presque sauvage.Sa peau était si claire, presque diaphane, qu’elle s’est demandé un instant s’il ne risquait pas de fondre sous le soleil, comme la neige au premier jour du printemps.Mais ce qui l’a vraiment figée, c’était ses yeux —Il avait des yeux de séducteur-né, couleur d’ambre, aux reflets bruns comme baignés d’une source printanière.Quand il les plissait à peine, on aurait dit qu’une onde lumineuse y frémissait.Il était beau.D’une beauté très différente de celle d’Adrien, mais tout aussi frappante.Face aux remerciements de Claire, il n’a pas prononcé un mot.« Je ne sais même pas comment vous remercier… dire “merci”, ce serait trop peu. Vous m’avez vraiment sauvée. »Sa

« Ah ! Monsieur Charon vous fait vraiment confiance ! »« Et ce n’est pas surprenant ! Vous êtes la prunelle de ses yeux. À qui d’autre ferait-il confiance ? On entendra sûrement bientôt une bonne nouvelle vous concernant, vous et Monsieur Charon, n’est-ce pas ? »Camille a simplement souri, sans rien dire.Elle savait parfaitement comment laisser planer le doute, comment entretenir les imaginations des autres.De bonne humeur, elle a pourtant soudain aperçu Claire, et son regard s’est durci.Ces derniers jours, cette femme restait introuvable ; et voilà qu’elle se montrait tout à coup pour venir chercher Léo ? Pour se faire remarquer ?Était-il possible qu’Adrien ait changé d’attitude envers elle ?Camille en a senti une pointe d’irritation. Mais, presque aussitôt, elle s’est ressaisie : Léo était littéralement collé à elle ; sans elle, il ne mangeait même plus. Dans son cœur, il n’y avait plus la moindre place pour Claire.Si Claire venait traîner ici aujourd’hui, elle ne récolter

Une légère brûlure lui est montée dans le nez. Claire a sorti un mouchoir et a commencé à essuyer les taches sur son cartable, avec la douceur attentive d’une mère.Cet enfant… si petit, et déjà si raisonnable — trop raisonnable pour son âge.Une lucidité qui lui serrait le cœur.Et, malgré elle, elle s’est rappelée sa propre enfance : la mort de sa mère, les années passées dans la maison Morel, sous la froide indifférence de son père et les humiliations constantes d’Élise et de Camille.« Bastou ! »La voix de Clément a retenti soudain, haletante.« Clément ! »Sébastien a sauté de joie en courant vers lui.« Désolé ! Je vous ai fait attendre — il y avait des embouteillages. »Clément s’est essuyé le front, perlé de sueur.« C’est pas grave, Claire est venue me chercher ! »Son sourire illuminait tout son visage, éclatant comme un rayon de soleil.Mais il tenait encore la main de Claire, incapable de la lâcher.« Clément, c’est elle qui m’a aidé à gagner la course ! Et Claire, vo

Les pensées de Claire allaient et venaient, et une ombre humide est passée dans son regard.« J’ai pas faim. Mange, toi. »Il a posé devant elle une boîte entière de poulet frit.« Tu es trop maigre ! Mange un peu plus pour grossir ! »« Merci. »Claire n’a pas pu s’empêcher d’ajouter : « Mais il faut éviter de manger trop de fritures, et le soda n’est pas bon pour la santé. Prends plutôt un jus de fruits. »À peine ces mots étaient-ils sortis qu’elle l’a regretté.C’était ce réflexe maternel qui revenait : dès qu’elle voyait quelque chose de mauvais pour un enfant, il fallait qu’elle dise un mot.Mais il n’était pas son fils, et elle se sentait soudain un peu maladroite.« Merci ! Si tu dis que je ne dois pas en boire, je n’en boirai plus. »À sa grande surprise, Sébastien ne s’est pas fâché. Au contraire, il paraissait ravi.« Ne t’inquiète pas, papa m’a déjà remplacé le soda par du jus d’orange. »Claire l’a regardé, étonnée.« Je te fais toutes ces remarques, et tu ne trouves

« Papa ! » Sébastien appelait presque en pleurant, le cœur serré.« Hé ! Lâche ma maman ! C’est ma maman, pas la tienne ! »Léo avançait vers lui, furieux, les joues rouges. Dans sa main gauche, il tenait encore une glace ; Camille la lui a arrachée d’un geste sec.Le visage d’Adrien s'est durci.« Qu’est-ce que tu es en train de faire ?! »Camille a aussitôt passé un bras devant Léo pour le couvrir.« Addie… c’est moi qui n’ai pas fait assez attention à Loulou. Ne lui crie pas dessus. »« Papa ! » Léo tremblait de rage. « Je vais punir ce piaf qui veut me voler ma maman ! »« Un piaf ? Tu parles de qui ? » La voix de Charles est tombée d’un coup, froide comme une lame. Son regard s’est durci, et Léo a aussitôt perdu un peu d’assurance. L’autorité de cet homme dépassait même celle d’Adrien.« Léo, ça suffit maintenant. »Même Claire, d’habitude si patiente, avait haussé le ton.« Tu leur présentes tes excuses. Tout de suite. »« Non ! C’est pas moi qui ai tort ! Pourquoi ce serait