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30 LE POINT DE VUE D'ESPOIR Je referme doucement la porte derrière moi. L’air du couloir me paraît soudain plus lourd, plus froid. Mes pas résonnent faiblement sur le parquet, et je sens encore sur ma peau la chaleur de Miranda, son parfum mêlé au désordre de ce qu’on vient de vivre.Mais ses mots tournent dans ma tête comme une mauvaise chanson impossible à faire taire. “Espoir, je t’aime.”Je m’arrête un instant, ferme les yeux. Non, ça n’a pas de sens. Ça ne devait pas en avoir.Je passe une main dans mes cheveux, souffle un grand coup. C’est absurde. On savait tous les deux à quoi s’en tenir. C’était du plaisir, rien d’autre. De la tension qu’on relâche, une échappatoire à ce que la vie ne nous donne pas toujours. Pas de promesse, pas d’attache. Juste deux corps qui se trouvent quand le besoin devient trop fort.Et pourtant… elle, elle a franchi la ligne.Je revois son regard, cette sincérité nue, presque fragile. Elle ne jouait pas. Elle le pensait. Et moi, je n’ai rien trouvé

32 LE POINT DE VUE D'ESPOIR Le petit appartement que j’avais trouvé n’avait rien d’extraordinaire un studio modeste, un lit une place, une table bancale, une vieille armoire… mais il était à moi.Je m’y sentais bien. Libre. En paix.Le matin, la lumière entrait doucement par la fenêtre, et le silence n’était troublé que par le bruit de la douche ou le café qui coulait. Ce jour-là, je me suis regardé dans le miroir après m’être lavé le visage.J’avais l’air fatigué, mais différent… plus calme.Je m’étais juré de laisser derrière moi toutes les relations qui m’avaient abîmé. Finies les histoires compliquées, les passions toxiques. Même avec madame Claire, j’avais mis de la distance. Il fallait que je me reconstruise, seul.Je pris mon sac et partis pour les cours.L’université avait cette ambiance que j’aimais : le brouhaha des étudiants, le son des stylos qui grattent, et ce parfum de café qu’on sentait toujours dans les couloirs.En entrant dans l’amphithéâtre, je pris place au troi

2Je m’étais réfugiée dans la chambre d’ami, incapable de calmer ce feu qui brûlait en moi. Mon téléphone entre les mains, j’ai glissé dans ce monde interdit, ouvrant une vidéo qui promettait plus que je n’osais me l’avouer.Sur l’écran, un homme dominait entièrement la femme. Ses gestes étaient rudes, maîtrisés, presque brutaux. Chaque claquement, chaque gémissement arraché résonnait en moi comme un écho interdit. Ses mains la tenaient fermement, comme si elle lui appartenait, comme si elle n’était qu’un jouet entre ses doigts.Je sentais ma gorge se nouer, ma respiration devenir plus lourde. Sans même m’en rendre compte, mes doigts s’étaient aventurés sur ma peau. D’abord timides, caressant mon ventre, effleurant mes hanches… puis plus hardis, trouvant ce point de chaleur brûlante entre mes cuisses.Un frisson me traversa, si puissant que mes hanches se soulevèrent d’elles-mêmes. Mes doigts pressaient, caressaient, cherchaient cette intensité que je voyais à l’écran. Mes lèvres s’en

4LE POINT DE VUE D'ISABELLAMélina m’a conduite jusqu’à la chambre d’amis une petite pièce chaleureuse où la lumière du matin glissait à travers des rideaux couleur crème. L’odeur du linge propre et du parfum d’ambiance à la lavande emplissait l’air. Rien qu’en y entrant, j’ai senti mes épaules se relâcher un peu, comme si ce lieu savait que j’avais besoin d’un refuge.— Tu vas te reposer ici, Isa. Le lit est propre, les serviettes sont dans la salle de bain, et si tu veux manger quelque chose, tu me le dis, d’accord ?J’ai hoché la tête sans parvenir à parler. Ma gorge était encore serrée par les larmes.Quand elle est sortie, j’ai refermé la porte derrière elle et je suis restée là, immobile, fixant ma valise posée au sol. Tout ce que je possédais désormais tenait dans ce petit rectangle de tissu. C’était presque ridicule. Deux ans d’amour, de souvenirs, d’habitudes… réduits à quelques vêtements pliés à la hâte.Je suis allée dans la salle de bain. Le miroir me renvoyait l’image d’

6LE POINT DE D'ISABELLA Le lendemain matin, je me suis levée bien avant le réveil. Le cœur battait vite, trop vite. Le stress me vrillait l’estomac, mais derrière la nervosité, il y avait aussi une excitation nouvelle ce sentiment fragile qu’on ressent quand la vie semble enfin vouloir recommencer.Je me suis installée devant le miroir de la chambre d’amis. J’avais repassé ma tenue la veille : une chemise blanche sobre, un pantalon noir bien taillé, des escarpins discrets. Pas trop sophistiquée, juste professionnelle.Je me suis maquillée légèrement, un peu de mascara, un trait fin de crayon pour redonner vie à mon regard fatigué. Et quand j’ai enfin attaché mes cheveux en un chignon net, j’ai soufflé un long « ouf ».— Tu peux le faire, Isabella, me suis-je dit dans le miroir. Tu dois le faire.Mélina m’attendait dans la cuisine avec un café fumant.— Tu es splendide, m’a-t-elle dit avec un sourire qui, à lui seul, valait tous les encouragements du monde.— J’ai l’impression d’alle