บททั้งหมดของ Sous la pluie de Valmère: บทที่ 61 - บทที่ 70

Le vent, cette nuit-là, ne dormait pas.Il rôdait entre les murs de Valmère, glissant sous les portes, effleurant les visages endormis, soulevant les rideaux comme des ailes d’ombre.Il portait un son — pas un cri, ni une chanson — un murmure.Une parole ancienne, presque oubliée.Et au centre de ce murmure, un prénom. Nora…Elle se réveilla d’un coup, le cœur battant.La fenêtre battait contre le mur, ouverte sur un ciel sans lune.Dans la chambre, le vent tournoyait doucement, jouant avec ses cheveux, ses draps, ses pensées.Elle se leva, pieds nus, et s’approcha de la fenêtre.L’air avait une odeur nouvelle : celle du sel, du métal… et du souvenir.— Je sais que tu es là, murmura-t-elle.Une caresse invisible répondit.Puis un mot, soufflé directement à son oreille : Il est temps.Nora frissonna.— Temps de quoi ? De comprendre pourquoi tu respires.Depuis son enfance, elle avait toujours senti qu’elle n’était pas comme les autres.Quand elle riait, le vent se levait.Quand elle

Le vent avait changé.Quand Nora rouvrit les yeux sur Valmère, la ville n’était plus tout à fait la même.Les toits luisaient d’une poussière argentée, comme si l’aube s’était figée en plein souffle.Les arbres, eux, semblaient se pencher, attentifs, presque méfiants.Et dans l’air… quelque chose d’invisible tremblait — une vibration trop régulière, trop humaine.Elle descendit la colline, le cœur battant.Chaque pas résonnait dans le silence, un silence si plein qu’il en devenait assourdissant.Au détour du sentier, elle aperçut Gabriel.Il était là, debout, face à la mer.Ses épaules semblaient plus lourdes qu’avant, comme si le vent avait pesé sur lui aussi.Lorsqu’il se retourna, Nora vit que ses yeux avaient changé de couleur : un gris clair traversé de filaments d’argent.— Gabriel ?Il eut un sourire fragile.— Tu es revenue. Le vent… m’a dit que tu viendrais.Elle resta muette.Il s’approcha lentement, tendit la main vers elle.Quand leurs doigts se frôlèrent, un frisson élect

Le ciel de Valmère se couvrait d’un voile étrange, comme si l’air lui-même retenait sa respiration.Une ombre glissait lentement sur les toits, sinueuse, imprévisible, comme un serpent de fumée.Les habitants, attirés par un instinct aussi ancien que la peur, levaient la tête vers le ciel, les yeux écarquillés.Gabriel sortit de l’Observatoire en courant, les poumons brûlants.Il avait senti quelque chose — un appel, une déchirure dans l’air.Nora.Son souffle n’était plus là. Ou plutôt… il était là, mais perdu, lointain, englué dans quelque chose de plus grand.Il mit la main sur sa poitrine.Son cœur battait trop vite, comme s’il voulait s’extraire de sa cage thoracique.— Nora… attends…Un vent glacial traversa la rue, renversant les lanternes et projetant des feuilles mortes en tourbillons agressifs.Les gens commencèrent à paniquer.Les portes claquèrent. Les volets se fermèrent avec précipitation.Le maire de Valmère arriva en courant, le manteau battant derrière lui.— Gabriel

Gabriel se réveilla avec l’impression d’avoir perdu quelque chose de vital.Un souffle.Un battement.Un fragment de lui-même.Il ouvrit les yeux dans un espace qui n’avait rien d’humain.Le sol ressemblait à une mer de sable noir, mouvante, comme si chaque grain cherchait à se coller à sa peau.Le ciel — s’il pouvait appeler cela un ciel — était une voûte de lumières mortes, des éclats blancs prisonniers d’un réseau de fissures d’ombre.— Nora…Son souffle se brisa dans sa gorge.Il se redressa brusquement, la douleur irradiant jusque dans ses côtes.Il avait froid.Un froid qui ne venait pas de l’air, mais de l’intérieur.Comme si quelque chose avait siphonné son souffle.Il porta une main tremblante à sa poitrine.Sa lumière, d’habitude stable et chaude, n’était plus qu’une braise.— Où… où est-elle ?Une silhouette était assise quelques mètres plus loin, dos à lui.Une femme aux cheveux pâles, immobile, comme figée dans la contemplation du néant.Son cœur manqua un battement.— No

La chute semblait interminable.Pas une chute rapide, brutale — non.Une descente lente, presque douce, comme si le vide les enveloppait plutôt que de les avaler.Un espace sans haut ni bas, sans couleur, sans horizon.Un monde qui n’était pas un monde.Gabriel sentit la main de Nora dans la sienne.Il la serrait trop fort.Comme si desserrer les doigts pourrait la faire disparaître.— Nora… tu m’entends ?Sa voix s’éteignit aussitôt, absorbée par le néant.Pendant une seconde, il crut qu’elle n’allait pas répondre.Puis :— Oui… je suis là.Elle ne cria pas.Sa voix n’avait même pas d’écho.Elle parlait comme si elle murmurait sous une couverture.Elle resserra sa prise.— On tombe encore ?— Je crois… oui.Elle pivota légèrement, cherchant son visage.Le vide les maintenait suspendus comme deux silhouettes sur une toile.— Gabriel…Il se tourna vers elle.Même dans ce non-espace, même dans l’ombre, il percevait la lumière qu’elle dégageait — une lumière fragile, irrégulière, comme s