Éva
00h12 — Varsovie, ancienne faculté d’ingénierie, aile Est.
On a descendu les volets, calfeutré les fenêtres, débranché tous les routeurs visibles. Pas un téléphone en service, pas une montre connectée. Ici, on ne respire que les échos des guerres passées.
L’odeur d’humidité et de rouille est partout. Le béton suinte. Le silence pèse, ponctué seulement du bourdonnement d’un néon récalcitrant et des froissements de cartes que Belmont étale sur une vieille table basse, surchargée de papiers, de plans froissés, de schémas griffonnés à la hâte.
Arvid fait les cent pas. Ses pas ne résonnent pas. Il sait marcher sans bruit. Ça en dit long sur sa vie.
Belmont parle à voix basse avec l’une des femmes, une ancienne profileuse du Contre-Renseignement. Elle s’appelle Mila. Elle a les traits tirés et les yeux clairs d’une louve qui ne dort plus depuis des années. Elle tient un couteau de combat dans la main gauche, comme un tic nerveux.
— Ce que vous proposez, ce n’est pas une mission, dit-ell