Home / Loup-garou / ENTRE CROC ET TÉNÈBRE / Chapitre 67 : Ce que le feu ne peut consumer

Share

Chapitre 67 : Ce que le feu ne peut consumer

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-05-30 19:35:50

Aelya

Ils m’attendent.

Le silence pèse. Trop lourd pour le vent, trop dense pour la nuit. Ils sont là, debout dans la boue gelée, les traits tirés, les cernes tatoués par l’insomnie et les pertes. Et pourtant, leurs regards sont droits. Vifs. Tendus vers moi comme des flèches.

Ceux qui ont vu les murs s’effondrer.

Ceux qui ont tenu les morts dans leurs bras.

Ceux qui n’ont plus de nom, plus de foyer, mais encore une respiration.

Je me tiens devant eux. Ma cape trempée par la rosée nocturne, rabattue sur mes épaules comme une mémoire. La pierre repose contre ma poitrine. Elle ne brûle plus, mais elle pulse. Profondément. Comme si elle attendait. Comme si elle pesait chaque mot avant de se réveiller.

— Il ne reste rien de l’ancien monde, dis-je enfin, la voix écorchée. Rien de ce qu’on croyait éternel. Ni les murailles. Ni les promesses. Ni les dieux.

Un frisson remue la foule. Certains se penchent. D’autres ferment les yeux. J’entends même un sanglot, court, étouffé. Le vent se tait. M
Continue to read this book for free
Scan code to download App
Locked Chapter

Latest chapter

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 101 — Là où le monde nous attend

    AelyaLe voyage de retour me semble irréel.Le moteur ronronne doucement, les kilomètres défilent à travers la vitre comme des fragments d’un rêve qu’on abandonne à mesure qu’on se rapproche du réveil. Je reste là, le front contre la vitre, les yeux grands ouverts sur le monde extérieur, mais mon esprit encore suspendu entre ce que j’ai laissé là-bas, au bord du lac, et ce que je redoute de retrouver ici.Kael conduit en silence, sa main libre posée sur ma cuisse, douce, immobile, rassurante. Sa présence est un point d’ancrage, une gravité silencieuse qui m’empêche de dériver complètement.Je me sens comme un fil tendu.Le silence dans la voiture n’est pas lourd. Il est tendre. Il m’enveloppe comme une couverture qu’on ne veut pas encore replier. Comme s’il savait, lui aussi, que le tumulte nous attendait au seuil de la ville.Et la ville se dessine enfin.Grise. Mouvante. Tranchante.Les immeubles surgissent à l’horizon comme des souvenirs qu’on n’a pas choisis. Les néons, les embout

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 100 — Là où se scelle le lien

    AelyaLa journée s’écoule avec une lenteur presque irréelle, comme si le monde autour de nous décidait enfin de nous accorder un peu de répit. Il n’y a ni heurts, ni bruit. Juste les craquements du bois, le souffle du vent dans les arbres, et Kael, toujours là, silencieux, mais présent. Sa présence me tient, me porte. Rassurante. Constante.Nous ne quittons pas la maison. Pas besoin. Tout est là. Le jardin, envahi de ronces, semble murmurer. La balançoire rouillée gémit doucement au rythme du vent. Les murs écaillés me renvoient des fragments de souvenirs. Les marches grincent sous nos pas, mais cette fois, elles ne me font plus peur.L’après-midi, on range un peu. On secoue la poussière du passé. On ouvre toutes les fenêtres. On laisse entrer la lumière. C’est un geste simple, mais il a la force d’un exorcisme. Je ne veux plus effacer ce que j’ai fui. Je veux juste faire de la place. Pour le présent. Pour demain.Quand Kael me propose de descendre au lac, je hoche la tête. C’est un e

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 99 — Là où renaît la lumière

    KaelLa nuit s’était posée sans bruit, enveloppant la maison d’un voile de calme étrange, presque irréel. Assis sur le perron, je regardais les étoiles percer peu à peu la voûte sombre. L'air sentait le bois humide et les souvenirs anciens, ce mélange subtil d'été tardif et de mélancolie. Aelya dormait à l’intérieur, enfin. Elle s’était effondrée contre moi après cette journée déchirante, vidée, mais étrangement apaisée, comme si le poids de toutes ces années avait enfin trouvé une brèche pour s’échapper.Je n’arrivais pas à fermer l’œil. Trop d’images. Trop de questions. Trop de douleur contenue dans les silences qu’elle venait tout juste de briser. Mais aussi… une forme de soulagement. Comme si la tempête s'était retirée, laissant un terrain meuble, encore boueux, mais fertile.Je repensai à sa voix tremblante, à ses larmes qu’elle n’avait pas cherché à cacher. À ce courage brut, intense, presque déchirant. Elle avait affronté un pan entier de son histoire, un gouffre qu’elle avait

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 98 — Là où se dénouent les silences

    AelyaLe souffle court, je suivis ma mère à travers la maison, chaque pas éveillant en moi des bribes de souvenirs enfouis depuis bien trop longtemps. L’atmosphère était lourde, presque palpable, chargée d’un silence épais qui semblait suspendre le temps lui-même. La poussière dansait dans les rayons de lumière filtrant à travers les volets entrouverts, traçant des lignes dorées sur les murs défraîchis. Chaque recoin, chaque objet abandonné semblait murmurer un secret, porter le poids des années et des absences.Un vieux jouet en bois, posé sur une étagère branlante, attira mon regard. Je me souvenais des heures passées à le tenir, à l’imaginer compagnon de toutes mes aventures solitaires. Plus loin, sur la cheminée, des cadres poussiéreux exposaient des photos jaunies où l’on devinait des sourires figés, des instants volés au bonheur.Ma mère s’arrêta devant une porte entrouverte, ses doigts serrés sur le bois usé comme pour puiser une force invisible.— C’est ici que tout a basculé,

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 97 — Là où les blessures s’ouvrent

    AelyaLe tumulte du verre liquide s’apaisa lentement, comme si le temps lui-même retenait son souffle. Autour de nous, le paysage restait flou, fragile, oscillant entre clarté et ombre, comme une toile impressionniste secouée par un souffle d’air tiède. Puis, peu à peu, les formes se précisèrent. Une maison ancienne apparut devant nous, dressée fièrement malgré les années. Son bois noirci portait les cicatrices des intempéries, ses fenêtres miroitantes semblaient garder jalousement les secrets enfouis à l’intérieur. Cette bâtisse me saisit, à la fois refuge et tombeau, gardienne silencieuse d’un passé que j’avais tenté d’ensevelir.Je reconnus aussitôt l’endroit c’était la maison de mon enfance, celle que j’avais quittée sans un regard en arrière, emportant avec moi un poids trop lourd à porter. L’air lui-même semblait chargé de souvenirs, lourd d’odeurs familières : la poussière mêlée au parfum du bois ancien, une pointe de fleurs fanées qui avaient jadis orné le jardin. Ce souvenir

  • ENTRE CROC ET TÉNÈBRE   Chapitre 96 — Là où se dévoilent les vérités

    AelyaLe miroir ondulait doucement sous mes doigts, son verre liquide comme une eau profonde où se noyaient mes peurs, mes espoirs, et tout ce que j’avais toujours cherché à fuir. La silhouette encapuchonnée avançait avec une lenteur majestueuse, portée par une grâce immobile, une force à la fois discrète et infinie. Chaque pas qu’elle faisait semblait peser comme un serment, comme une invitation solennelle à affronter ce que je refusais depuis si longtemps.Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine, irrégulier, trop fort, emporté par un flot d’émotions contradictoires la peur viscérale de ce qui allait surgir, la colère sourde contre ce passé que j’avais tenté d’effacer, et cette petite flamme fragile, presque vacillante, cette lueur d’espoir qu’il était encore possible de changer, de comprendre, de réconcilier.— Qui es-tu vraiment ? murmurai-je, la voix étranglée, trahissant le trouble qui m’envahissait.La femme leva lentement la main, dévoilant une paume marquée par des li

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status