Chapitre 7

Du point de vue de Miranda

Mon intérêt s’éveilla immédiatement lorsqu’il annonça qu’il avait mis au point un plan.

« Enfin. Quel sera mon rôle ? » demandai-je.

Au lieu d’expliquer son plan, il me regarda de la tête aux pieds avec une expression de dégoût.

« Tu devrais arrêter ces rituels. Tu ressembles à un fantôme dans cette tenue, » cracha-t-il. Si les regards pouvaient brûler, ma robe serait déjà en feu.

« Je ne peux pas arrêter, » répondis-je.

Il fronça les sourcils. « Pourquoi ? »

« Tu ne comprends pas. J’ai besoin de— »

« Tu veux vraiment avoir un enfant avec lui ? » demanda-t-il soudain, sa voix baissant tandis qu’un air de déception envahissait son visage.

Son hypothèse me fit rire, mais je repris rapidement mon sérieux et décidai de lui expliquer clairement.

« Réfléchis. Je fais ce rituel depuis longtemps. Si je m’arrêtais soudainement, si tu étais Lorenzo, tu ne soupçonnerais pas que quelque chose cloche ? » Il ne répondit rien, alors je continuai. « Je dois continuer à faire semblant de l’aimer et de tenir à lui. De cette façon, il baissera sa garde et nous pourrons exécuter notre plan sans accroc. »

Il resta silencieux, les yeux toujours posés sur ma tenue. Frustrée, je décidai d’arrêter de me justifier.

« On n’est pas là pour parler de mon rituel. Parlons affaires. Quel est le plan que tu as élaboré ? » demandai-je.

« Asseyons-nous, » dit Vincenzo, nous guidant vers un petit coin salon à quelques mètres de l’autel de la déesse de la lune.

Une fois installés, il se racla la gorge et commença :

« Voici le plan. Puisque tu as accepté de coopérer avec moi, je veux que tu trouves une excuse pour occuper Lorenzo et le garder loin de son bureau pendant un moment, » dit-il.

Je fronçai légèrement les sourcils. « Attends. Je croyais qu’on avait convenu que je serais dans son bureau pour supprimer les images ou éteindre la caméra. Pourquoi devrais-je l’éloigner ? »

« Nous n’avons jamais convenu de ça. Et puis, s’il te voit dans son bureau, il n’aura pas besoin d’enquête pour savoir que tu es impliquée. »

« Oh… » Je hochai lentement la tête, comprenant.

« Nous ne voulons pas qu’il remonte jusqu’à toi. Tout ce que je te demande, c’est de le distraire, et mes hommes s’occuperont du reste. »

Hmm… Il est vraiment méticuleux. Je comprends maintenant pourquoi Maurice le reconnaît comme l’Alpha. Il a toutes les qualités d’un vrai chef.

« On est bons ? » me demanda-t-il, me tirant de mes pensées.

« Er… » Je ne savais quoi dire, mais une question me traversa l’esprit et je la posai. « Où comptes-tu cacher ton père ? Et comment peux-tu être certain que Lorenzo ne le trouvera pas ? »

Vincenzo secoua la tête. « Je prépare ça depuis des années avec soin. Fais-moi confiance, Lorenzo ne le trouvera jamais, » répondit-il avec assurance.

Je ne sais pas si je lis trop entre les lignes, mais sa confiance laissait entendre qu’il était prêt à affronter Lorenzo de front.

« Mon frère est naturellement suspicieux. Je sais que je serai son premier suspect dès qu’il constatera que mon père n’est plus dans sa cellule. Mais ne t’en fais pas, j’ai tout sous contrôle, » dit-il.

« Je te crois. Mais assure-toi aussi que ma sécurité est sous contrôle, » dis-je, car c’est ma plus grande préoccupation — je ne peux pas mourir avant d’avoir fait tomber Lorenzo et Mia.

Il se tourna entièrement vers moi, ses yeux plongés dans les miens, et j’y vis mille émotions. Parmi elles, l’amour brillait — mais je me trompe peut-être.

« Je suis un homme de parole. Il ne t’arrivera rien, » m’assura-t-il.

« Merci d’avance, » dis-je en riant légèrement, espérant qu’il détournerait le regard — mais il ne le fit pas.

Un silence s’installa alors qu’on attendait qu’il poursuive, mais il ne dit rien. Il se contentait de me fixer, rendant l’atmosphère un peu gênante. Je me raclai bruyamment la gorge, ce qui le sortit de sa transe.

« Intéressant, » dit Maurice en riant doucement.

« Alors, après avoir sauvé ton père, quelle est la suite ? Comment comptes-tu faire tomber Lorenzo ? » demandai-je.

« On attendra que mon père se rétablisse, puis on trouvera un moyen d’accuser Lorenzo et de rallier le public à notre cause et… » Il s’arrêta et soupira. « Honnêtement, je n’ai pas encore réfléchi à ce qu’on ferait après avoir libéré mon père, » avoua-t-il.

Je hochai la tête en signe de compréhension. À sa place, je serais aussi entièrement concentrée sur le sauvetage de mon père avant tout.

« Accuser Lorenzo et obtenir le soutien du public ne suffira pas à le destituer, » dis-je.

« Que proposes-tu alors ? »

Je souris en coin. « Faisons intervenir le Roi Alpha ! »

Les yeux de Maurice s’écarquillèrent et il hocha la tête avec enthousiasme. « Excellente idée. »

« Excellente idée ? Laisse-la finir, » le réprimanda Vincenzo. « Qu’est-ce que tu veux dire par ‘faire intervenir le Roi Alpha’ ? » demanda-t-il en me regardant.

« On sait tous que Lorenzo a le soutien de puissants anciens. Même si on l’accuse ou qu’on prouve qu’il est corrompu, ses alliés manipuleront la situation et il restera Alpha… Tous nos efforts seront vains. »

Vincenzo acquiesça.

« Mais si une autorité supérieure comme le Roi Alpha est présente, alors on pourra vraiment le déloger, » expliquai-je.

Maurice applaudit, son visage rayonnant.

« C’est une idée brillante, Luna. »

« Oui, c’est une excellente idée. Mais comment comptes-tu faire venir le Roi Alpha ? » demanda Vincenzo.

Je souris. « Laisse-moi m’en occuper. Je m’en chargerai. »

« Tu t’en occupes ? » demanda-t-il, l’air sceptique.

« Oui. La compagne du Roi Alpha venait de ma meute, et nous sommes meilleures amies, » répondis-je fièrement.

« Tu es amie avec la compagne du Roi Alpha, pas avec lui. Ce n’est pas parce que tu es amie avec sa compagne que tu peux l’inviter où tu veux, Miranda, » dit-il.

Miranda ? Un frisson d’excitation me parcourut quand il prononça mon prénom. Il sonnait si beau dans sa bouche.

« Tu es encore avec nous ? » demanda-t-il en claquant des doigts devant mon visage.

« Oui, » répondis-je en repoussant sa main.

« J’ai dit qu’on devrait penser à autre chose, » dit-il.

Alors qu’on était à court d’idées, je me rappelai que, dans ma vie précédente, la compagne du Roi Alpha avait accouché dans deux mois, et que Lorenzo m’avait autorisée à lui rendre visite.

« Concentrons-nous d’abord sur le sauvetage de ton père. Je réfléchirai à un moyen d’inviter le Roi Alpha, » dis-je.

Vincenzo fronça les sourcils. « Tu es sûre ? »

Je lui tapai doucement l’épaule. « Tu dois avoir confiance en moi. Tu n’es pas le seul à être intelligent dans cette collaboration. »

Il resta silencieux un instant, puis soupira et acquiesça.

« Quand aura lieu la mission ? » demandai-je.

« Demain. »

« Demain ?! » m’écriai-je.

« Oui. Plus tôt on libère mon père, plus vite on fera tomber Lorenzo. »

Je grognai mais acceptai, puis laissai sortir ce qui me passa par la tête.

« Allez Claire, préparons les affaires pour demain. Je suppose que je vais offrir à mon cher mari un massage corporel des plus relaxants… »

« Massage ? » me coupa Vincenzo avec un grognement désapprobateur.

Oh-oh. Quelqu’un est jaloux. Un profond froncement barra son front, et ses yeux se durcirent.

Hmm. Peut-être que je devrais le taquiner un peu.

« Oui, » répondis-je.

« Tu veux donner un massage complet à Lorenzo ? »

Je fronçai légèrement les sourcils, feignant d’être offensée par sa question.

« Tu es sourd ou quoi ? Pourquoi es-tu si surpris ? »

Joie. Je ne ressentais que de la joie en voyant sa jalousie grandir. Je décidai de pousser un peu plus loin.

« On est ensemble depuis des années et on connaît chaque centimètre du corps de l’autre. Il n’y a rien de— »

« Ça suffit ! » me coupa-t-il. Il serra la mâchoire. Je vis son cou et ses oreilles rougir sous l’effet de la colère.

« Ne sabote pas notre plan, » dit-il avant de sortir furieusement.

Maurice éclata de rire.

« Tu devrais arrêter de le rendre jaloux, » dit-il.

« Il n’a pas à l’être. C’est juste mon beau-frère et rien de plus, » répondis-je, feignant l’indifférence.

« Tu as oublié ? Il est ton âme sœur d’origine. Même si quelque chose s’est produit et que vous ne vous êtes pas reconnus, le lien est toujours là, » fit-il remarquer avant de marquer une pause.

« Je ne comprends pas pourquoi tu ne le ressens pas autant que lui, cela dit. »

Il avait raison. Pourquoi je ne ressens rien, alors que Vincenzo, lui, le ressent clairement ? Je repoussai mes pensées.

« On devrait y aller, Maurice. Je dois me préparer pour demain, » dis-je.

« Passe une excellente journée, » répondit-il.

Je fis signe à Claire, et nous quittâmes les lieux.