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La séparation

Camille MOUTOMBA

Ce soir encore je vais dîner seule, Charles est rentré et est directement allé dans sa chambre. Oui sa chambre car nous ne partageons plus le même lit depuis des années.

Quand je repense à nos débuts je me rends compte que nous sommes passés à côté de quelque chose. Charles et moi étions le couple parfait, je l’aimais plus que tout. Il était l’homme idéal, toujours à l’heure à la maison, il n’a jamais découché et je n’ai jamais suspecté qu’il puisse me tromper… Ceci n’était valable que les cinq premières années de notre union car après cela, tout à changé ; je ne reconnaissais plus mon mari.

J’ai passé une année à faire des jeûnes et des prières pour le faire revenir à de meilleurs sentiments car il était clair qu’il voyait une autre femme. Je n’avais plus d’importance dans sa vie, il ne rentrait à la maison que pour Maëlle… Ce n’est que lorsqu’il est entré en dépression que j’ai eu la confirmation de sa trahison. Ce jour là j’ai eu comme un choc, je pensais être préparée mais on ne l’est jamais assez. Comment suis-je sensée réagir quand l’homme que j’aime me dit dans les yeux qu’il est amoureux d’une autre ? Quelle doit-être ma réaction lorsque mon époux se rend malade à cause d’une autre femme ?

Mes amis et ma famille m’ont conseillés de le quitter, selon eux je n’avais pas à subir cela. Je refusais de capituler, le mariage n’est pas facile et j’étais prête à me battre ; je refusais un échec car oui, le divorce en est un. Mon mari ne m’aimait plus mais moi j’avais assez de d’amour pour deux… Du moins c’est ce que je me disais, je pensais que j’allais réussir à sauver mon mariage.

Aujourd’hui ça fait onze ans comme je suis mariée et six que cette femme est venue bouleverser mon foyer. Honnêtement, je n’ai plus de force et je me résigne enfin à signer les papiers de divorce que m’a présenté Charles il y a quatre ans. Je me souviendrais de ce jour toute ma vie, il était rentré anxieux et m’avait lancé de but en blanc qu’il valait mieux qu’on se sépare. Nul n’avait été la table à laquelle je me suis accoudée je suis certaine que je serais tombée.

-Pourquoi ? Fis-je pour seule réponse.

-Camille… Il continua non sans avoir soupiré. Tu sais que rien ne va plus entre nous depuis un bon moment, ne rend pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà.

-Sept ans Moutomba, sept ans. Tu veux vraiment mettre sept ans à l’eau ? Tu as pensé à Maëlle ? Elle vient d’avoir cinq ans, elle a besoin de ses deux parents ensemble. Et tu as pensé à moi un instant ? Que vais-je faire sans toi ? Ne nous laisse pas s’il-te-plaît. Dis-je en essuyant les larmes qui coulent sur mes joues.

-Camille…

-Non, non, non. Je refuse ! Tu m’écoutes bien ? Je refuse. Il est hors de question que j’abandonne. J’ai consacré toute ma vie à cette relation merde ! Charles putain qu’est-ce que tu nous fais là ?

-Calme toi s’il-te-plaît, tu deviens hystérique.

-Que je me calme ? Que je me calme Moutomba ? Je suis sensée te regarder détruire cette famille sans réagir ? Et pour qui même ? Une gamine qui ne soucie plus de toi ? Elle est où là merde ?

-Il n’y a plus de famille, rend t-en compte.

-Je…

Ce sont les pleures de Maëlle qui m’ont fait couper court à cette conversation.

Je ne signerai rien, jamais ! Ce fut la seule chose que j’ajoutais avant de sortir de la pièce.

Je soupire et vais prendre un verre d’eau que je verse rapidement. Je n’ai jamais été une grande consommatrice d’alcool mais à ce stade j’en ai vraiment besoin. Après m’être servie je vais m’asseoir devant les documents que mon avocat m’a fait parvenir aujourd’hui. J’ai un arrière goût d’amertume dans la bouche quand je pense à tout ce que j’ai investi dans cette relation. Je vide mon verre d’un trait et signe. Il ne manque plus que la signature de Charles pour que tout soit officiel.

 Je bois pendant des heures mais rien n’y fait la douleur est intenable, je m’endors finalement avec l’idée que dès demain je ne serais plus madame Moutomba.

Eliane AKWA

J’ai demandé un congé de deux semaines qui grâce à Dieu m’a été accordé. Nous avons décidé de prendre du temps pour gérer notre couple qui passe une petite crise.

Je prépare le sac d’Iana qui ira passer les ce moment chez la maman de Keran ; ensuite je vais faire un check-up de tous nos bagages pour être sûre de n’avoir rien oublié. Pendant que je revérifie une nième fois, il vient me prendre par la taille.

-Tu te fais du souci pour rien, on va en vacances ce n’est pas la peine de stresser. Dit-il dans le creux de mon oreille.

-Je ne veux pas risquer d’oublier quelque chose.

-Tous nos papiers sont déjà rangés et si parmi ce que nous voulions emporter quelque chose manque, on l’achètera sur place.

-Mais…

-Il n’y a pas de ‘’mais‘’ qui tienne madame ma femme.

-Ok boss. Fis-je en levant les bras vers le ciel en signe de défaite.

Maman Hélène sort de sa maison en souriant et s’empresse de venir nous prendre dans ses bras.

-Comment allez-vous mes enfants ?

-Bien maman. Répondîmes-nous en chœur.

-Donc il faut seulement que vous décidiez de voyager pour venir me laisser avec ma petite-fille hein ? fit-elle faussement indignée.

-Non maman ce n’est pas ça. Dis-je en essayant de la convaincre.

-Hum…

-Maman ce n’est pas la peine de bouder tu sais que avant toi c’est toi et après toi c’est le virage non ? Si on ne te laisse pas l’enfant on va encore la laisser à qui ? D’abord que c’est ton mbombo sûr (appellations camerounaise utilisée pour désigner une personne qui porte le même nom qu’une autre).

-Eh ah ! Keran je confirme que j’ai accouché. Pardon donnez moi les affaires de mon enfant vous partez.

-Maman il y a aussi tes pagnes eh. Rajoutai-je pendant que Keran sortait les bagages du coffre.

-Merci ma fille mais il ne fallait pas te déranger.

-Ce n’est rien ma ‘a. c’est un petit cadeau.

Après avoir transporté les affaires à l’intérieur, nous faisons un dernier câlin à Iana et prenons la route avec les bénédictions de maman.

Honnêtement, j’avais encore des réticences quant à se voyage et à l’objectif de sauver notre couple mais revoir maman Hélène m’a boosté. Beaucoup n’ont pas cette chance d’avoir une belle-mère aussi merveilleuse que la mienne. Cette femme m’a accueilli avec toute la bonté du monde, elle m’a prise comme sa fille et m’a toujours témoigné une grande considération ; je ne peux pas risquer de lui faire du mal en brisant son fils.

Nous avons décidé de séjourner à Kribi.

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