Chapitre 7

« Que veux-tu que je te dise ? » Lydia s'est redressée, se tenant au-dessus de moi comme une ombre.

« Une orpheline vivant de charité n'a jamais eu la moindre chance contre une compagne destinée. »

Elle a souri d'un air froid.

« Mais je ne pouvais pas le supporter. Pourquoi une faible créature pathétique comme toi aurait-elle tout ? Tout cela aurait dû revenir à une vraie guerrière, à quelqu'un de fort comme moi ! »

Ses yeux ont brillé d'une lueur cruelle.

« Tu sais, je sais exactement pourquoi ton corps est si faible. »

Elle m'a fixé avec un éclat de folie dans le regard.

« Depuis que tu as douze ans, j'ai mis de l'aconit dans ta nourriture. Peu à peu, ça a rongé ton esprit de louve.

La poudre d'argent dans ton uniforme, la chute de la falaise, les herbes empoisonnées… tout ça, c'était moi. Mon chef-d'œuvre. »

J'ai tremblé de rage. J'ai voulu lever la main pour la gifler, mais dès que j'ai essayé, elle m'a repoussée brutalement au sol.

Évidemment. Comment ce corps mourant aurait-il pu rivaliser avec une guerrière d'élite ?

Elle s'est accroupie lentement devant moi.

« Quoi ? Tu es en colère ? Tu te sens trahie ? »

Son sourire s'est élargi.

« Tant pis. Tu es trop faible pour faire quoi que ce soit. Tu n'as même pas la force de me tuer ! »

Elle m'a donné encore quelques coups de pied, savourant ma douleur, un sourire satisfait aux lèvres, pendant que je me recroquevillais au sol en gémissant.

« Toutes ces années à te voir t'affaiblir jour après jour… quel plaisir cela m'a procuré. Eh bien, une fois que tu seras morte, je serai la seule et unique Luna de la meute de la Lune Noire. »

La douleur m'a presque fait perdre connaissance.

Lydia est sortie de la chambre, le cœur léger, sans se douter que mon téléphone, posé sur la table de chevet, enregistrait tout.

La petite lumière rouge clignotait doucement, capturant chaque mot de sa confession.

Je me suis relevée avec peine, mes vêtements trempés de sueur froide.

J'ai regardé l'enregistrement sur mon téléphone, et un vrai sourire — le premier depuis des années — a effleuré mes lèvres.

Enfin, tout le monde verrait Lydia telle qu'elle était vraiment.

Le dernier jour de ma vie.

Il était temps que la vérité éclate.

J'ai envoyé l'enregistrement à Collin et à mes parents d'une simple pression du doigt.

En même temps, j'en ai envoyé une copie de sauvegarde à tous les anciens de la meute.

Le fichier audio captait clairement chaque mot de Lydia :

« La poudre d'argent dans ton uniforme, la chute de la falaise, les herbes empoisonnées… tout ça, c'était moi. Mon chef-d'œuvre. »

« Une fois que tu seras morte, je serai la seule et unique Luna de la meute de la Lune Noire. »

Puis j'ai retiré la carte SIM de mon téléphone et j'ai rompu le lien mental.

Dans les vingt dernières heures avant que ma vie ne s'éteigne, j'avais enfin fait quelque chose qui comptait.

Je voulais maintenant marcher tranquillement sur le dernier chemin.

La nuit était tombée, et le néon du motel diffusait une lumière dure et crue.

J'ai traîné mon corps affaibli hors de la chambre et j'ai marché vers le restaurant de Rosa.

C'était le seul endroit au monde où on m'accepterait encore.

À travers la fenêtre, j'ai vu Rosa nettoyer une table, ses gestes doux et appliqués.

« Madame Rosa », ai-je dit en poussant doucement la porte.

Elle a levé les yeux, et son visage s'est assombri d'inquiétude.

« Hélène ? Qu'est-ce qu'il t'arrive, mon enfant ? Tu es si pâle. »

« Est-ce que… est-ce que je peux rester ici un moment ? »

« Bien sûr, assieds-toi et repose-toi », a-t-elle dit en laissant tomber son chiffon.

« Tu sembles si faible. Je vais te préparer de la soupe. »

Elle n'a posé aucune question, se contentant de cuisiner en silence.

Cette bonté sans condition m'a serré le cœur.

Rosa est revenue avec un bol de soupe chaude, remplie de légumes frais et d'herbes médicinales.

« Bois ça. Ça te fera un peu de bien. »

J'ai bu de petites gorgées, la chaleur du liquide ramenant un peu de vie dans mon corps glacé.

« Enfant, pourquoi n'es-tu pas chez toi ? » a demandé Rosa doucement.

« Je n'ai plus de maison », ai-je murmuré. « Ils m'ont jetée dehors. »

Une ombre de tristesse a traversé les yeux de Rosa.

« J'avais une fille, autrefois. Elle avait ton âge.

Elle est morte dans un accident.

Si elle vivait encore, elle serait aussi belle que toi. »

Elle a tendu la main et a caressé mes cheveux avec une douceur maternelle.

« Hélène, laisse-moi prendre soin de toi. Juste un peu. Laisse une vieille femme croire qu'elle a encore sa fille. »

Les larmes que j'avais retenues pendant des années ont enfin coulé, chaudes et silencieuses.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai ressenti l'amour d'une mère.

Pas parce que j'étais utile, ni spéciale.

Juste… de l'amour. Pur et inconditionnel.

« Viens, allons te reposer dans la chambre du fond », a dit Rosa en m'aidant à me lever.

Son petit appartement était simple, mais d'une chaleur apaisante.

Une photo de sa fille, souriante et radieuse, était accrochée au mur.

Rosa m'a aidée à enfiler une robe propre, puis elle a brossé doucement mes cheveux.

« Tes cheveux sont magnifiques, comme un rayon de lune », a-t-elle murmuré doucement.

Je me suis appuyée contre son épaule, sentant pour la première fois un vrai sentiment de sécurité.

Même la douleur dans mon corps s'est atténuée.

« Tante Rosa… merci. »

« Ne dis pas ça, mon enfant », a-t-elle répondu d'une voix tremblante. « C'est toi qui m'as rappelé ce que c'est que d'être mère. »

J'ai fermé les yeux, ma conscience s'effaçant peu à peu.

La flamme de ma vie vacillait, mais mon cœur était enfin en paix.

Au moins, dans mes derniers instants, j'avais connu l'amour.

J'ai entendu Rosa murmurer : « Merci, chérie, de m'avoir rendu ma fille, ne serait-ce qu'un instant… »

J'ai voulu lui répondre, mais je n'en avais plus la force.

J'ai juste senti mon corps devenir de plus en plus léger.

Mon esprit de louve s'éteignait, prêt à quitter ce corps brisé.