Chapitre 3

André m'a entraînée hors du bureau administratif, l'air contrarié : « Tu fais encore la tête ? Quand vas-tu enfin grandir ? Annuler le mariage il y a deux jours n'était pas mon choix. Célia était venue nous féliciter et a failli s'évanouir à cause de son allergie. Je pouvais pas l'abandonner ! »

Je suis restée impassible : « Je ne suis pas en colère. Tu as bien fait de t'occuper d'elle. »

André a paru déconcerté, me scrutant avec méfiance : « Depuis quand es-tu si raisonnable ? Si tu n'es pas fâchée, pourquoi démissionner ? »

« Parce que j'ai trouvé un nouveau travail qui me passionne. »

Après toutes ces années d'études médicales, mon rêve avait toujours été d'aider ceux qui souffrent. Devenir médecin sans frontières me comblait de joie.

Mais le visage d'André s'est assombri brusquement : « Tu peux pas partir maintenant. Célia a fait une allergie lors de notre mariage, annulant la cérémonie. Si tu démissionnes tout de suite, elle pensera que tu lui en veux... Elle est orpheline, très sensible émotionnellement... »

Mon enthousiasme s'est éteint instantanément.

Pour éviter que sa précieuse Célia ne se fasse des idées, il voulait que je renonce à ma passion ?

Mon découragement a dû se lire sur mon visage, car sa voix s'est adoucie soudain : « Tiens encore quelques temps. Après notre mariage, tu feras ce que tu voudras. Je te le promets. »

J'ai cru avoir mal entendu. Après tout cela, il pensait encore à notre mariage ?

J'étais trop épuisée pour continuer ce combat.

Mon silence lui a paru être un acquiescement, comme toujours dans le passé, où je cédais à tous ses caprices.

« Allons, ne boude plus. On dîne ensemble ce soir ? » Il a attrapé ma main, respectant notre vieille promesse : peu importe les disputes, chaque rendez-vous devait être joyeux.

« D'accord », j'ai accepté, mais seulement pour tourner la page.

C'était alors que Célia a surgi en criant : « André, au secours ! Le vieux du lit 8 me regarde encore de façon dégoûtante. Tu peux aller l'examiner à ma place ? »

Je l'ai toisée d'un regard glacé.

En tant qu'infirmière, elle aurait dû s'adresser à la surveillante en cas de problème. Tout ceci n'était qu'une comédie pour attirer la pitié d'André.

Autrefois, je l'aurais démasquée. Mais désormais, cela m'était égal.

André m'a jeté un regard hésitant, comme s'il attendait mon approbation, lui qui ne me consultait jamais.

« Célia est orpheline, vulnérable et faible. En tant que son seul ami, tu devrais l'aider », ma voix était douce, trop douce.

Avant de partir, André m'a scrutée longuement, incrédule face à ce changement.

Célia s'est emparée de ma main : « Éva, tu es si gentille de me prêter ton fiancé ! »

Je l'ai ignorée, mais elle a insisté : « Oh ! Ton collier... on dirait qu'il va avec le mien ! »

Mon regard s'est figé sur son pendentif. C'était comme un coup de foudre dans ma poitrine : son collier représentait une clé, tandis que le mien figurait un cadenas.

Lorsque j'avais tout quitté pour suivre André dans cette ville inconnue, il avait fait spécialement concevoir ces colliers jumeaux. « Seule ma clé peut ouvrir ton cadenas », avait-il murmuré en le passant à mon cou, « Je le porterai toute ma vie, comme je t'aimerai toujours. »

Et maintenant, ce symbole sacré pendait au cou d'une autre.

L'ironie était cruelle.

J'ai retiré mon collier et l'ai tendu à Célia : « Prends le mien. Ils formeront une paire parfaite. »

...

En sortant du travail, André est venu me chercher pour notre rendez-vous. Son regard s'est posé aussitôt sur mon cou dénudé. « Où est ton collier ? » s'est-il écrié en agrippant mon poignet, « Nous avions promis de ne jamais l'enlever ! »

Mes yeux se sont dirigés vers son propre cou, lui non plus ne le portait plus. Alors quel culot d'exiger ce qu'il ne respectait pas ?

« Désolé... J'ai perdu le mien », a-t-il balbutié, évitant mon regard.

Un sourire amer aux lèvres, j'ai répondu : « Quelle coïncidence. Moi aussi. »

Il a paru soulagé : « Je t'en offrirai un nouveau. »