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Chapitre 4

Author: Island
Ce que André appelait un « rendez-vous » s'est révélé être un tour de grande roue.

J'avais toujours adoré les grandes roues. Combien de fois avais-je imaginé contempler la ville avec lui, échanger un baiser au point culminant ?

Mais il avait le vertige. Après un premier refus, je n'avais plus jamais insisté.

Alors, quand il a exaucé enfin ce vœu, au moment même où je m'apprêtais à partir, la surprise était sincère.

« André... merci. » Ces mots venaient du cœur.

Mais à peine une seconde plus tard, Célia a débarqué avec un sac de pop-corn : « Quelle coïncidence ! Un rendez-vous ? C'est si mignon à deux... Moi je suis toujours seule. »

Son regard s'est attristé, fixant André avec des yeux de chiot battu.

L'homme a cédé aussitôt : « Alors viens avec nous. »

Mon sourire s'est figé. Célia m'a lancé un regard victorieux : « Je suis désolée de vous déranger... »

André s'est tourné vers moi, enfin conscient de la gêne : « Éva, si ça ne te va pas, dis-le. »

Étrange. En deux jours, il avait enfin appris à me consulter ? Mais trop tard.

« Pas de problème », ai-je répondu avec une fausse légèreté, « plus on est de fous ! »

Je n'osais pas refuser. Sinon, me voilà la méchante qui persécutait une orpheline !

Dans la cabine, André et Célia riaient et parlaient de leurs patients, de potins people, voire de la meilleure recette de soupe aux champignons.

Un sourire ironique m'a échappé : à les voir, on aurait cru les vrais fiancés.

« En parlant de soupe aux champignons, celle que tu as préparée chez moi était la meilleure de ma vie. Célia a vraiment de la chance d'en profiter pour toujours~ »

André, à ces mots, m'a jeté un regard inquiet, la bouche entrouverte comme pour se justifier, craignant sans doute ma réaction. Mais je ne leur accordai même pas un regard.

Mes yeux étaient rivés sur la ville qui s'étendait sous nos pieds, cette ville où j'avais vécu sept années de ma vie.

Célia est venue se coller à moi : « La vue est magnifique, n'est-ce pas ? J'adore les grandes roues. La dernière fois, quand mon chien est mort, j'avais tellement de chagrin que je voulais mourir. André m'a emmenée ici pour me consoler. »

Je m'efforçais de ne pas les écouter, de ne pas les voir, de ne pas imaginer leurs moments doux. Pourtant, Célia semblait déterminée à me provoquer. Mon cœur, bien que meurtri, saignait encore pour cet homme.

J'avais cru qu'André avait surmonté sa peur pour me faire plaisir. En réalité... il l'avait déjà fait pour une autre.

Célia a pris un ton taquin pour se vanter : « Tu sais, la dernière fois, il tremblait tellement qu'il s'est accroché à moi. Je ne l'avais jamais vu comme ça. »

J'ai baissé les yeux. Moi non plus, je ne l'avais jamais vu ainsi.

Mon silence a semblé inquiéter André : « Ça va ? Tu as mal à l'estomac ? Ou c'est le vertige ? »

« Je regarde juste le paysage », ai-je menti.

Il a gobé cette excuse pitoyable, retournant à sa conversation avec Célia.

À la descente, Célia, qui semblait pourtant en parfaite santé, s'est collée soudain à André, reprenant son rôle : « André... J'ai un peu mal à la tête... »

L'homme m'a jeté un regard embarrassé, cherchant péniblement ses mots : « Célia a aussi le vertige... La dernière fois, c'était pour l'aider à surmonter sa peur... »

« Inutile d'expliquer. Ramène-la chez elle. »

« Attends-moi ici alors. Je reviens te chercher après. »

J'ai regardé leur voiture s'éloigner... puis ai tourné les talons sans hésiter.

Trop de fois j'avais attendu. Cette fois, plus jamais.

Dans le taxi qui m'emmenait à l'aéroport, les messages d'André pleuvaient :

« Éva, et si nous organisions notre mariage au pied de la grande roue ? Nous nous embrasserions au sommet, échangerions nos alliances sous le regard de Dieu... »

Ses voix enregistrées s'accumulaient, tentant d'enfoncer la porte de mon cœur verrouillé.

« Tu as planifié 66 mariages pour moi. Laisse-moi faire le 67e. Je veux que tu sois la plus radieuse des mariées. »

Je n'ai pas répondu. Trop de déceptions avaient anéanti toute confiance.

Avant le décollage, son ultime message est arrivé :

« Le vertige de Célia s'aggrave. Je dois rester avec elle. Prends un taxi pour rentrer, d'accord ? »

Encore une fois, il m'abandonnait. Son choix serait toujours elle.

Heureusement, ma blessure avait cicatrisé en indifférence.

J'ai tapé alors ma dernière réponse : « Je comprends. Occupe-toi bien d'elle. Tu peux même l'accueillir chez nous si nécessaire. Rompons et annulons ce 67e mariage. »

Enfin, c'était moi qui annulais les noces.

À partir de ce jour, nos vies suivraient leurs cours, sans jamais plus se croiser.
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