Chapitre 2

Sophie est restée figée un instant, croisant son regard. « Tu ne me disais pas la même chose quand tu avais fait ce marché avec moi, et maintenant, tu regrettes ? »

Oui, elle regrettait.

Céleste a baissé les yeux, refoulant l'amertume qui lui piquait la poitrine. « Je vous ai déçue. »

Sophie a fermé profondément les yeux et a laissé échapper un soupir. « Tant pis, si tu veux divorcer, alors divorce. Je t'avais offert l'opportunité de l'épouser, mais tu n'avais jamais réussi à conquérir le cœur d'Antoine, et notre famille Caron n'avait plus aucune dette à ton égard. »

Céleste a senti une lourdeur dans sa poitrine et a esquissé un sourire rauque. « Merci. »

…

Céleste est revenue au Domaine des Érables et, en arrivant dans le hall de l'immeuble, elle a croisé Élise avec son fils et Antoine.

Élise et son enfant sont rentrés avec Antoine en voiture.

Céleste est restée un instant figée, incapable de réagir immédiatement.

Élise l'a regardée avec surprise. « Docteur Aubry ? Tu habites ici aussi ? »

Céleste a regardé instinctivement Antoine, mais il n'a même pas changé d'expression.

Plus il paraissait calme, plus cela lui transperçait le cœur.

Le Domaine des Érables était un quartier huppé situé à l'intérieur du deuxième arrondissement de Paris et faisait partie des biens appartenant au Groupe Caron. Cet appartement avait été donné à Céleste par Antoine à l'époque comme une forme de compensation.

Comme il était proche de l'hôpital, elle avait accepté.

Mais elle n'aurait jamais imaginé qu'Antoine y installerait également Élise et son fils.

Vraiment pressé, hein…

« C'est bien le hasard. » a dit Céleste.

Elle avait réussi à refouler les émotions qui lui serraient le cœur et s'apprêtait à s'éloigner, lorsque Élise a pris la parole : « Docteur Aubry, j'ai entendu dire que tu t'étais mariée… mais pourquoi je n'ai jamais vu ton mari ? »

Les pas de Céleste se sont figés instantanément.

Mari ?

Elle a balayé du regard Antoine.

Son expression s'est faite sombre.

Céleste a esquissé un sourire froid dans son esprit, se demandant s'il pouvait vraiment avoir si peur qu'Élise découvre leur relation.

Elle a répondu calmement : « Je n'ai pas de mari. »

Le regard d'Antoine, habituellement d'une calme constance, a laissé apparaître une ombre de trouble.

« Tu n'as pas de mari ? Mais Docteur Aubry, tu t'étais mariée, non ? » a dit Élise, un sourire toujours accroché à ses lèvres.

Mariée…

Dans son CV hospitalier, elle avait effectivement indiqué son état civil comme « mariée ».

Mais personne n'avait jamais vu son mari.

Céleste a esquissé un sourire sarcastique. « C'était juste pour faire joli, je n'ai pas de mari. »

Pas de mari ?

Les yeux d'Antoine se sont plissés dangereusement.

Puisque Céleste a déjà démissionné et a pris la décision de partir, elle n'a plus ressenti le moindre désir de dévoiler les intentions d'Antoine concernant le fait de vouloir garder leur mariage secret.

Elle a ignoré les personnes derrière elle et est entrée dans l'immeuble sans un regard en arrière.

La nuit est tombée.

Céleste a rassemblé tous ses effets personnels et les a soigneusement rangés dans deux grandes valises qu'elle a placées dans le dressing.

Son regard s'est alors posé sur le cadre de leur mariage : à l'intérieur, elle portait une robe de mariée et tenait le bras d'Antoine, arborant un sourire radieux, qui contrastait vivement avec le visage froid et impassible d'Antoine.

À cette époque, elle pensait seulement qu'il n'aimait pas sourire.

Bien qu'il n'y ait eu qu'une seule photo de ce genre, elle la considérait comme un trésor.

Mais maintenant, en la regardant, elle y voyait une ironie amère.

Il n'avait pas pour habitude de ne pas sourire, c'était simplement qu'elle n'avait jamais été digne de recevoir son sourire.

Céleste a alors pris le cadre entre ses mains, l'a contemplé une dernière fois avant de le déposer dans une boîte en carton, où il a été scellé avec les autres objets qu'elle a abandonnés, tous rangés et confinés dans le dressing.

En sortant de la chambre, elle a entendu du bruit venant du salon.

Elle a su qu'Antoine était rentré.

Céleste est sortie du salon et a aperçu Antoine accrocher son manteau sur le porte-manteau de l'entrée, tout en enfilant une autre paire de chaussures.

Elle a inspiré profondément et s'est avancée vers lui. « Tu ne vas pas expliquer ce qui s'est passé aujourd'hui ? »

Elle faisait référence au fait qu'il avait également installé Élise et son enfant au Domaine des Érables.

Antoine a retiré sa cravate, ses yeux empreints d'une froideur subtile. « Expliquer quoi ? »

« Le Domaine des Érables est proche de l'hôpital, tu peux y habiter, alors pourquoi Élise et son enfant n'y habiteraient-ils pas ? »

Il a accroché sa cravate sur son coude et l'a regardée. « Céleste, tu as déjà obtenu ce que tu voulais, inutile de chipoter. »

Céleste s'est sentie anéantie par ses paroles.

Elle chipotait ?

Oui, à ses yeux, elle avait déjà obtenu la place de Madame Caron, et vouloir maintenant se mesurer à Élise et à son enfant ne revenait-il pas à pinailler pour des broutilles ?

Antoine s'apprêtait à se diriger vers la chambre, mais Céleste l'a arrêté. « Parlons un peu. »

Il s'est immobilisé, s'est tourné vers elle avec un léger agacement, ses yeux trahissant une indifférence totale. « Qu'est-ce qu'il y a encore ? »

« Divorçons. » Céleste a retiré lentement sa bague de mariage et l'a serrée dans sa main. « Je te libère. »