LOGINEVA
La pièce semble se refermer sur moi. Chaque mouvement que je fais est observé, chaque souffle mesuré. Je sens leur attention comme un poids sur ma peau. Je m’assois plus droite, consciente que mes jambes nues trahissent ma nervosité et mon désir. Chaque frôlement du cuir contre ma peau semble amplifier ma tension.
— Très bien, dit Sasha d’une voix douce mais autoritaire. Raconte-nous ce que tu ressens.
Je le fixe, surprise. Mes sentiments ? Mes pensées ? J’ouvre la bouche, mais rien ne sort. Il sourit, un sourire qui n’a rien de tendre. Il sait. Il sait que je ne sais pas par où commencer.
— Ne réfléchis pas trop, souffle Niko, en s’asseyant à nouveau, son regard perçant planté dans le mien. Laisse parler ton instinct.
Je ferme les yeux. Le souvenir de la soirée précédente me brûle encore. Leurs mains qui effleuraient ma peau, comme pour sonder mes limites, chaque geste calculé pour provoquer un frisson inattendu. La tension contenue dans leurs corps, la puissance qu’ils dégageaient… et maintenant, ici, seule avec eux, cette tension me semble presque tangible, collante, insidieuse.
— Confusion… je commence par ça, dis-je enfin. Et… excitation. Peur aussi, un peu.
Sasha hoche lentement la tête.
— La peur n’est pas un ennemi ici, dit-il. Elle est un guide. Elle te montre où se trouve ton seuil, ce que tu refuses, ce que tu désires sans oser l’avouer.
Niko se penche, sa main effleurant la mienne sur l’accoudoir du canapé. Un simple contact, mais je sens un frisson me parcourir, long, lent, qui fait vibrer chaque muscle de mon corps.
— Et l’excitation ? demande-t-il, presque un murmure, sa voix comme un souffle qui caresse mon oreille.
— Elle est… irrésistible, avouai-je, ma voix plus basse que prévu, presque rauque. Trop basse.
Sasha se lève et fait le tour du canapé, sa démarche lente, calculée. Chaque pas résonne dans mon corps comme un avertissement. Il s’arrête derrière moi, et je sens son souffle dans mes cheveux, sa chaleur enveloppant mes épaules .
— L’initiation n’est pas une épreuve de corps seulement, dit-il doucement. C’est une épreuve d’âme. Tu dois accepter de te perdre pour mieux te trouver.
Mon cœur s’emballe. Chaque mot qu’il prononce me plonge plus profondément dans un état où raison et désir se mêlent, où peur et plaisir deviennent presque indiscernables.
— Et si ... ? demandé-je, ma voix tremblante malgré moi.
Niko sourit, un sourire froid et sûr.
— Refuser ? est toujours possible. Mais si tu choisis, alors ce choix n’appartient qu’à toi. Nous ne forçons jamais. Nous guidons. Nous observons. Nous révélons.
Leurs yeux sont partout sur moi. Leurs gestes, leur présence, chaque micro-signe de contrôle m’attire et me repousse à la fois. Je veux reculer, mais je ne peux pas. Je suis déjà trop impliquée, déjà trop fascinée.
Sasha glisse ses mains le long de mes bras, descendant doucement, jusqu’à effleurer mes mains jointes sur mes genoux. Je sens la chaleur de ses paumes se diffuser, brûlante, insistante, et un frisson électrique me parcourt de la nuque jusqu’aux chevilles.
— Le véritable abandon, Eva, murmure-t-il, n’est pas dans ce que tu donnes à nous. Il est dans ce que tu acceptes de te donner à toi-même.
Je me sens comme suspendue. Mes pensées tournent, rapides, chaotiques. Mais au fond de moi, une vérité silencieuse affleure : je veux franchir cette porte. Je veux savoir ce qui se cache derrière. Je veux ressentir ce qu’ils promettent.
Niko se penche vers moi, ses lèvres près de mon oreille. Son souffle effleure ma peau, et une chaleur étrange me noue le ventre.
— Alors, dis-le. Dis que tu es prête à explorer.
Je ferme les yeux. Je devrais hésiter. Je devrais m’éloigner. Mais je sens une force étrange me pousser vers eux, irrésistible, magnétique. Une force que je n’avais jamais sentie auparavant.
— Je… je veux savoir, murmurai-je enfin. Je veux comprendre.
Le silence tombe, mais il n’est pas lourd. Il est chargé, vibrant, comme un écho de ce que nous sommes tous en train de créer ici. Chaque respiration semble rallonger le temps, chaque battement de cœur un rappel de ma vulnérabilité et de mon excitation.
Sasha se redresse, ses yeux brûlants me dévorant. Niko prend ma main, et je sens le contact devenir une promesse, un pont invisible entre mon corps et les désirs que je ne pensais pas avoir.
— Très bien, dit Sasha. Alors commence.
— Commence quoi ? demandé-je, le souffle court.
— À te découvrir, répond Niko simplement. À explorer tes limites, à comprendre tes désirs, à te confronter à toi-même.
Je sens mon estomac se nouer, une tension délicieuse et dangereuse. Chaque fibre de mon être est en alerte. Et alors que je m’avance, incertaine, mais irrésistiblement attirée, je comprends que ce que je viens de dire… change tout.
Ce n’est plus un jeu. Ce n’est plus une offre. C’est le début. Le début d’une initiation dont je ne connais pas encore l’issue.
Sasha approche derrière moi, une main sur ma nuque, l’autre glissant le long de ma colonne vertébrale, et un frisson me coupe la respiration. Niko caresse doucement le dos de ma main, tandis que nos regards se croisent et s’embrasent.
— Nous allons te guider, murmure Sasha contre mon oreille. Et chaque limite que tu franchiras, chaque peur que tu oseras affronter, te rendra plus vivante… plus toi.
Et quelque part, au fond de moi, je sais que je ne reviendrai pas en arrière. Je suis prête à franchir la ligne, à me perdre pour mieux me retrouver, et à m’abandonner totalement à cette initiation qui ne fait que commencer.
DianeIl rejoint sur le lit, son poids s’insinue à côté de moi. Ses mains recommencent leur exploration, plus insistantes maintenant. Elles pétrissent ma chair à travers la soie de ma culotte, puis glissent en dessous. Ses doigts me trouvent, entreprennent leur travail avec la même précision experte que ses lèvres. Je sens mon corps, traître, réagir. C’est une réponse physiologique, déconnectée de moi. Un circuit fermé qu’il a activé. Je laisse faire. Je regarde le plafond orné de moulures dorées, je compte les rosaces.Son humeur, jusqu’ici contrôlée, satisfaite, semble s’échauffer au fur et à mesure que mon corps, malgré moi, trahit une certaine forme de réceptivité. Son souffle se fait plus rauque contre mon cou. Ses baisers deviennent moins mesurés, plus avides. Il y a une avidité qui perce, celle de l’homme qui veut non seulement posséder, mais consommer.— Ma femme, grogne-t-il à mon oreille, en m’écartant les jambes de sa main libre.Il se positionne entre mes cuisses. Je sens
DianeLa suite est trop silencieuse. Un silence de cathédrale, pesant, où chaque bruit de la ville en contrebas semble étouffé par les épais rideaux de soie et les tapis profonds. Je reste debout devant la baie vitrée, mes paumes toujours plaquées contre le verre froid, jusqu’à ce que la chaleur de ma peau y laisse deux halos de buée fugaces.Le temps se dilate, élastique. Je pourrais rester ainsi une éternité, statue de satin et de diamants dans son écrin. Mais je sais que ce n’est qu’un répit. L’attente fait partie du rituel.Le bruit de la clé dans la serrure est discret, mais il déchire le silence comme un coup de feu. Je ne sursaute pas. Je ne me retourne pas tout de suite. J’attends que la porte s’ouvre, que l’espace se remplisse de sa présence.Volkov entre sans hâte. Il a quitté sa veste, sa cravate est dénouée. Il tient un verre à cognac à la main, qu’il pose avec un petit clic sur la console dorée. Son regard me parcourt, du chignon impeccable à la traîne de la robe étalée s
DianePuis vient la robe. Elle glisse sur ma peau comme une seconde peau, plus froide que la première. Le satin épouse chaque courbe, me gaine, me transforme en statue. Le diadème est posé sur mon front, un froid qui irradie jusqu’à mes tempes. Les diamants des boucles d’oreilles accrochent la lumière, lançant des éclairs minuscules et froids.Quand c’est terminé, je me lève et me tourne vers le miroir plein pied.La transformation est absolue. Je suis magnifique. Effrayante de perfection. Une princesse de conte de glace. Aucune trace de la femme qui a hurlé et sangloté sur un parquet quelques heures plus tôt. Aucune trace de Diane.Madame Alia recule d’un pas, un rare éclair d’approbation dans le regard.— Parfait. Ils vous attendent en bas.Je descends l’escalier, une main légère sur la rampe pour ne pas trébucher sur l’ourlet trop long. Chaque pas est mesuré. Je sens le poids du diadème, la tension du satin sur mes épaules. Je me concentre sur ces sensations physiques pour ne pas p
DianeLe matin vient non pas comme une aube, mais comme une sentence.La lumière qui se faufile entre les lattes des volets est grise, implacable. Elle ne réchauffe rien. Elle expose. Elle découpe les contours de la pièce, les vêtements en lambeaux sur le parquet, le silence épais entre les deux corps qui ne se touchent plus.Je suis éveillée depuis longtemps, allongée sur le côté, les yeux ouverts. Je sens le vide derrière moi, là où Liam a fini par s’allonger aux petites heures, à une distance calculée. Je sens aussi les échos dans ma chair. Une courbature profonde, familière et étrangère. Un souvenir physique inscrit dans mes muscles, entre mes cuisses, sur la peau sensible de mon cou. Ce n’est plus de la douleur. C’est une carte. Un manuel d’instruction gravé à même mes nerfs.Sans un bruit, je me lève. Les planches du parquet sont glaciales sous mes pieds nus. Je contourne le lit, évitant de regarder la silhouette immobile ensevelie sous les draps. Je passe devant le miroir et n’
DianeLa cage de mes côtes ne contenait plus qu’un oiseau fou, battant des ailes contre ma chair, cherchant une issue. Ma peau était un parchemin en feu, chaque centimètre marqué par lui, par la salive, les morsures, la sueur.Putain.Le mot tournait dans ma tête, syncopé au rythme de ses coups. C’était la seule prière qui me restait. Une obscénité jetée à la face de tout ce qui avait été doux, tout ce qui avait été Liam.Parce que ce n’était plus Liam. Ce n’était plus l’homme aux mains tendres, au rire facile. C’était une créature née de ma propre trahison et de sa rage refoulée. Une vengeance qui prenait chair entre mes cuisses.Le mur contre lequel il me tenait claquait, un son creux et humide qui scandait notre chute. La tapisserie ancienne frottait contre mon dos, éraflant la peau. La douleur était un aiguillon de plus, un fil électrique qui se branchait directement sur le noyau brûlant entre mes jambes.— Tu aimes ça, hein ? Aimer être baisée comme ça ?Sa voix était du gravier
DianeLe marbre froid du sol de la salle de bain pénètre mes genoux, mais la sensation est lointaine, engourdie. Tout est engourdi, sauf cette chose brûlante et acérée qui bat derrière mon sternum. La Haine. Elle a un goût de métal et de cendres. Elle a le visage de Dimitri Volkov.Mes doigts se crispent sur le bord de la vasque. J’ai essayé de m’enfuir. Une tentative désespérée, puérile, conçue dans la panique de cette journée. J’avais un plan, un contact, une route vers la liberté. Ou vers Liam. C’était la même chose, dans ma tête. Liam, c’était la liberté. La douceur, la normalité, un amour qui ne laissait pas d’empreintes bleues sur la peau.Volkov l’a su avant même que je ne bouge. Il avait anticipé chaque pas. Le chauffeur « complice » était à sa solde. La voiture qui devait m’emmener à l’aéroport s’est arrêtée devant les grilles de la propriété moscovite, et l’homme a simplement tourné la tête, un sourire navré aux lèvres.— Monsieur Volkov vous attend, madame.Il attendait. Co







