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Chapitre 2 — L'offre 2

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-10-30 20:19:19

EVA

Je n’ai pas dormi de la nuit.

J’ai revu chaque seconde de cette soirée, chaque mot, chaque regard. L’intensité de leurs yeux. Le frôlement de leurs doigts sur ma peau nue. L’indécence de leur proposition.

Trois millions !

Trois millions d’euros pour… ça.

Je devrais être révoltée , offensée. Écœurée même.

Mais ce matin, je ne ressens rien de tout ça.

Juste une chaleur confuse. Un vertige lent qui me colle à la peau. Une tension sourde dans le creux de mon ventre.

Et cette envie inexplicable d’y retourner.

Pas pour l’argent.

Pour eux.

Le chauffeur me retrouve à l’adresse qu’ils m’ont donnée. Il m’ouvre la porte d’une berline noire, silencieux, impeccable. Je monte, sans un mot. Le cuir sent le luxe et le danger. Les vitres sont teintées, le monde extérieur s’efface. Il ne reste que mon reflet, pâle, tendu, le regard fuyant. Le trajet est court. Trop court. Mon cœur cogne à mes tempes.

L’immeuble est haussmannien, immense, orné de sculptures anciennes et de balcons forgés. On dirait un décor de théâtre. Une gouvernante m’attend déjà, vêtue de noir, tirée à quatre épingles. Ses yeux ne me jugent pas, mais son silence pèse. Elle me fait signe de monter. L’ascenseur est en panne, évidemment. Je gravis les marches de marbre, une à une, comme si j’allais être jugée.

Mon souffle est irrégulier. J’ai mal aux jambes. Je suis en colère contre moi-même. Et en même temps… fascinée.

Quand la gouvernante ouvre la porte, je suis happée par la lumière.

Un salon immense. Des baies vitrées qui laissent entrer un soleil doré. Des œuvres d’art contemporaines sur les murs, un piano à queue dans un coin. Et eux.

Sasha.

Niko.

Assis côte à côte, sur un canapé de cuir noir. Immobiles. D’un calme presque dérangeant.

Ils sont encore plus beaux que dans mon souvenir.

Sasha porte une chemise blanche, à moitié déboutonnée, révélant un torse à la fois délicat et musclé. Son regard est presque doux, mais glacial sous la surface. Niko, lui, est tout en tension maîtrisée. Costard sombre, cravate desserrée. Il me fixe comme s’il pouvait déjà me lire.

— Eva, dit Sasha d’un ton bas.

— Assieds-toi.

Je m’exécute, presque à contrecœur. Ma robe est trop courte. Mes jambes nues s’effleurent contre le cuir froid. J’ai l’impression d’être déjà à moitié offerte.

C’est peut-être ce qu’ils attendent.

Niko incline légèrement la tête, ses yeux ne quittant pas les miens.

— Tu es venue, murmure-t-il. Donc tu n’as pas dit non.

Je croise les bras, plus pour me protéger que pour protester.

— Je suis venue… pour comprendre.

Ils échangent un regard. Comme s’ils s’attendaient à ma réponse.

Comme si j’avais déjà franchi la première ligne.

— Ce que nous te proposons, dit Sasha d’une voix calme, n’est pas une simple transaction.

Il se penche légèrement.

— C’est une initiation. Un pacte. Une porte que tu peux choisir d’ouvrir. Ou non.

— Une initiation à quoi ? soufflé-je.

Niko sourit, sans joie.

— À ce que tu n’oses même pas t’avouer.

Il laisse planer un silence. Mon cœur bat trop vite.

— Il ne s’agit pas de sexe, reprend-il. Ou pas seulement. Il s’agit de… pouvoir. De lâcher-prise. D’abandon. De confiance.

Il s’approche, lentement, jusqu’à ce que ses genoux frôlent les miens.

— Et d’obéissance.

Je me fige.

Sasha se lève, contourne le canapé. Il marche lentement, comme un prédateur. Il passe derrière moi, son parfum m’enveloppe. Ses doigts frôlent ma nuque, effleurent mes épaules, descendent jusqu’à la naissance de ma colonne.

— Nous ne voulons rien te prendre, murmure-t-il.

Sa voix est un souffle contre ma peau.

— Mais si tu nous donnes quelque chose… ce sera entier.

Une pause.

— Et nous t’emmènerons loin. Très loin de ce que tu connais.

Je ferme les yeux une seconde.

Je devrais partir. Je sais que je devrais partir.

Mais au lieu de ça, je demande :

— Je dois dire que je suis assez hésitante.

Niko sourit, presque amusé.

— Alors tu es libre. Il n’y aura ni colère ni vengeance. Juste… un oubli.

Il se lève à son tour. Sa silhouette m’impose. Il est tout près, maintenant. Trop près. Mon souffle se bloque.

— Mais si tu dis oui… alors il faudra tout donner. Pas seulement ton corps. Ta volonté. Ton regard. Tes mots. Ta douleur. Tes désirs les plus inavouables.

Sasha s’agenouille devant moi. Ses mains effleurent mes genoux. Sa bouche s’approche de mon oreille.

— Dis oui, Eva. Pas pour l’argent. Mais pour toi.

Un frisson me parcourt.

Je rouvre les yeux. Ils sont tous les deux là, me fixant. Deux regards brûlants. Deux promesses d’abandon. De perte. De transformation.

Et je sens cette chose insensée monter en moi.

Pas la peur.

Pas la honte.

L’envie.

Je déglutis.

— Je veux savoir ce que vous attendez de moi…

exactement.

Sasha sourit.

Niko tend la main vers moi.

Et je comprends que l’entretien… ne fait que commencer.

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