Se connecterEVA
Je n’ai pas dormi de la nuit.
J’ai revu chaque seconde de cette soirée, chaque mot, chaque regard. L’intensité de leurs yeux. Le frôlement de leurs doigts sur ma peau nue. L’indécence de leur proposition.
Trois millions !
Trois millions d’euros pour… ça.
Je devrais être révoltée , offensée. Écœurée même.
Mais ce matin, je ne ressens rien de tout ça.
Juste une chaleur confuse. Un vertige lent qui me colle à la peau. Une tension sourde dans le creux de mon ventre.
Et cette envie inexplicable d’y retourner.
Pas pour l’argent.
Pour eux.
Le chauffeur me retrouve à l’adresse qu’ils m’ont donnée. Il m’ouvre la porte d’une berline noire, silencieux, impeccable. Je monte, sans un mot. Le cuir sent le luxe et le danger. Les vitres sont teintées, le monde extérieur s’efface. Il ne reste que mon reflet, pâle, tendu, le regard fuyant. Le trajet est court. Trop court. Mon cœur cogne à mes tempes.
L’immeuble est haussmannien, immense, orné de sculptures anciennes et de balcons forgés. On dirait un décor de théâtre. Une gouvernante m’attend déjà, vêtue de noir, tirée à quatre épingles. Ses yeux ne me jugent pas, mais son silence pèse. Elle me fait signe de monter. L’ascenseur est en panne, évidemment. Je gravis les marches de marbre, une à une, comme si j’allais être jugée.
Mon souffle est irrégulier. J’ai mal aux jambes. Je suis en colère contre moi-même. Et en même temps… fascinée.
Quand la gouvernante ouvre la porte, je suis happée par la lumière.
Un salon immense. Des baies vitrées qui laissent entrer un soleil doré. Des œuvres d’art contemporaines sur les murs, un piano à queue dans un coin. Et eux.
Sasha.
Niko.
Assis côte à côte, sur un canapé de cuir noir. Immobiles. D’un calme presque dérangeant.
Ils sont encore plus beaux que dans mon souvenir.
Sasha porte une chemise blanche, à moitié déboutonnée, révélant un torse à la fois délicat et musclé. Son regard est presque doux, mais glacial sous la surface. Niko, lui, est tout en tension maîtrisée. Costard sombre, cravate desserrée. Il me fixe comme s’il pouvait déjà me lire.
— Eva, dit Sasha d’un ton bas.
— Assieds-toi.
Je m’exécute, presque à contrecœur. Ma robe est trop courte. Mes jambes nues s’effleurent contre le cuir froid. J’ai l’impression d’être déjà à moitié offerte.
C’est peut-être ce qu’ils attendent.
Niko incline légèrement la tête, ses yeux ne quittant pas les miens.
— Tu es venue, murmure-t-il. Donc tu n’as pas dit non.
Je croise les bras, plus pour me protéger que pour protester.
— Je suis venue… pour comprendre.
Ils échangent un regard. Comme s’ils s’attendaient à ma réponse.
Comme si j’avais déjà franchi la première ligne.
— Ce que nous te proposons, dit Sasha d’une voix calme, n’est pas une simple transaction.
Il se penche légèrement.
— C’est une initiation. Un pacte. Une porte que tu peux choisir d’ouvrir. Ou non.
— Une initiation à quoi ? soufflé-je.
Niko sourit, sans joie.
— À ce que tu n’oses même pas t’avouer.
Il laisse planer un silence. Mon cœur bat trop vite.
— Il ne s’agit pas de sexe, reprend-il. Ou pas seulement. Il s’agit de… pouvoir. De lâcher-prise. D’abandon. De confiance.
Il s’approche, lentement, jusqu’à ce que ses genoux frôlent les miens.
— Et d’obéissance.
Je me fige.
Sasha se lève, contourne le canapé. Il marche lentement, comme un prédateur. Il passe derrière moi, son parfum m’enveloppe. Ses doigts frôlent ma nuque, effleurent mes épaules, descendent jusqu’à la naissance de ma colonne.
— Nous ne voulons rien te prendre, murmure-t-il.
Sa voix est un souffle contre ma peau.
— Mais si tu nous donnes quelque chose… ce sera entier.
Une pause.
— Et nous t’emmènerons loin. Très loin de ce que tu connais.
Je ferme les yeux une seconde.
Je devrais partir. Je sais que je devrais partir.
Mais au lieu de ça, je demande :
— Je dois dire que je suis assez hésitante.
Niko sourit, presque amusé.
— Alors tu es libre. Il n’y aura ni colère ni vengeance. Juste… un oubli.
Il se lève à son tour. Sa silhouette m’impose. Il est tout près, maintenant. Trop près. Mon souffle se bloque.
— Mais si tu dis oui… alors il faudra tout donner. Pas seulement ton corps. Ta volonté. Ton regard. Tes mots. Ta douleur. Tes désirs les plus inavouables.
Sasha s’agenouille devant moi. Ses mains effleurent mes genoux. Sa bouche s’approche de mon oreille.
— Dis oui, Eva. Pas pour l’argent. Mais pour toi.
Un frisson me parcourt.
Je rouvre les yeux. Ils sont tous les deux là, me fixant. Deux regards brûlants. Deux promesses d’abandon. De perte. De transformation.
Et je sens cette chose insensée monter en moi.
Pas la peur.
Pas la honte.
L’envie.
Je déglutis.
— Je veux savoir ce que vous attendez de moi…
exactement.
Sasha sourit.
Niko tend la main vers moi.
Et je comprends que l’entretien… ne fait que commencer.
Éva Le jour se lève, striant le parquet de lames de lumière pâle. Je n'ai pas dormi. Mon corps est une statue de douleur, raide et froid. La soif est un feu dans ma gorge, la faim un vide douloureux au crein de mon ventre. Mais pire que les souffrances physiques est la terreur mentale, cette sensation d'avoir été démontée, pièce par pièce, et mal reconstruite.La porte s'ouvre. Ce n'est pas Sasha. Ce n'est pas Niko.Une femme d'un certain âge, vêtue d'une robe simple et sombre, entre. Elle porte un plateau. Son visage est une page blanche, sans expression.—Mademoiselle, dit-elle d'une voix neutre. Vous allez vous lever. Vous allez manger. Puis vous allez vous préparer.Elle pose le plateau sur la table de nuit. Une assiette de fruits, un verre d'eau. Un festin. Une humiliation. Je me lève, les muscles criants, et je bois l'eau d'une traite, laissant couler le précieux liquide sur mon menton. La femme ne sourcille pas.— Les Messieurs vous attendent dans le salon dans une heure.Elle
Éva Le retour à l'appartement des Volkov est un cortège funèbre. Aucun mot n'est échangé dans l'ascenseur qui monte vers le penthouse. Le silence est une chape de plomb, bien plus lourde que n'importe quelle violence. Ils marchent de chaque côté de moi, leurs présences un rempart de chair et de volonté contre lequel toute tentative de fuite se briserait.La porte en acajou massif se referme derrière nous avec un claquement définitif. Le son résonne dans le hall d'entrée, scellant mon sort.Sasha se tourne vers moi. Son visage est un masque de pierre, mais ses yeux... ses yeux brûlent d'un feu sombre, refoulé.—La chambre, ordonne-t-il, d'une voix qui ne souffre aucune discussion.Mon cœur se met à battre la chamade, un affolement d'oiseau pris au piège. Je recule d'un pas, le dos heurtant la porte froide. Je cherche du regard Niko, un semblant de la clémence qu'il m'avait montrée auparavant. Il est penché sur le bar, se versant un verre d'ambre, détaché, observateur. Son silence est
Éva Le jour baisse derrière les immeubles décrépits quand ils arrivent. Il n’y a pas de voiture de luxe, pas de costume qui claque. Ils sont vêtus de sombre, fonctionnels, deux ombres se fondant dans la grisaille du quartier. Ils montent les escaliers puants sans un bruit. La porte de mon studio n’est qu’un morceau de bois mince, une illusion de sécurité.La serrure cède avec un craquement sec sous l’outil que Sasha manipule avec une efficacité brutale. La porte s’ouvre.Je suis assise sur le lit, recroquevillée. Je les avais attendus, mais la réalité de leur présence, emplissant l’exiguïté misérable de mon repaire, est un choc physique. L’air devient immédiatement rare, chargé de leur colère froide et de leur puissance.Ils ne crient pas. Ils ne hurlent pas. Leur silence est bien pire.Sasha entre le premier. Son regard balaie la pièce – la table boiteuse, l’évier rempli de vaisselle sale, le matelas mince – avec un mépris si absolu qu’il me brûle plus que n’importe quelle insulte.
Éva L'aube naît à peine, teintant les luxueuses tentures d'une lueur grise et froide. Je me réveille avant eux. Leurs corps endormis m'enserrent encore, Sasha dans mon dos, Niko face à moi. Leurs respirations sont profondes, animales de satisfaction. Le poids de leurs bras sur moi est comme des chaînes de chair.Chaque muscle de mon corps crie, chaque bleu sur ma peau raconte la nuit. Mais ce n'est pas la douleur physique qui m'étreint. C'est la terreur de ce que je deviens ici, entre eux. La façon dont mon corps a répondu au leur, dont mon esprit a commencé à trouver une forme de réconfort tordu dans cette possession. Cette pensée est plus effrayante que tout.Je dois partir.Avec une lenteur d'agonisante, je me glisse hors de leur étreinte conjuguée. Leurs bras, lourds de sommeil, retombent sur les draps vides. Un frisson de panique me parcourt. S'ils se réveillent maintenant... Mais non. Ils dorment, repus, sûrs de leur prise.Je ramasse mes vêtements de la veille, déchirés et fro
Éva Un silence lourd et doré s’installe, peuplé seulement du son rauque de nos respirations qui se calment lentement. La sueur qui nous couvrait commence à sécher, laissant une fine pellicule saline sur nos peux. Je suis prise en sandwich entre eux, mon dos contre le torse chaud de Sasha, mon ventre contre celui de Niko. Le poids de leurs corps est à la fois un fardeau et un réconfort, une affirmation de ce qui vient de se passer.SashaSon bras est passé sous ma nuque, sa main large posée à plat sur mon sternum, comme pour sentir les battements désordonnés de mon cœur qui ralentissent peu à peu. Il sent la fragilité de mes os sous sa paume, la petite vibration résiduelle qui parcourt encore mes membres. Une vague de possession primitive, plus profonde que le simple désir physique, le submerge. Elle est à nous. La pensée est simple, brutale, et absolue. Il n’a jamais été un homme de sentiments démonstratifs, mais à cet instant, la satisfaction d’avoir été son premier, d’avoir marqué
ÉvaL'air que je respire est saturé de nous, de sueur, de sexe et de pouvoir. Je repose, anéantie, sur les coussins du canapé, mon corps n'étant plus qu'une carte de nerfs sensitifs, tous convergeant vers l'épicentre de ma vulnérabilité. La dernière vague d'orgasme vient à peine de se retirer, laissant derrière elle un calme étrange, lourd de promesses bien plus grandes.Sasha se tient debout, et son mouvement pour déboutonner son pantalon n'a rien de précipité. C'est un rituel. Chaque geste est délibéré, calculé pour maximiser l'anticipation. Mes yeux, lourds et sombres, sont rivés à lui, incapables de se détourner. La peur et le désir se mêlent en un cocktail enivrant dans mes veines.Quand le dernier bouton cède, le tissu tombe, et mon souffle se bloque.Il est magnifique. D'une beauté presque cruelle. Son sexe, libéré de son entraine, se dresse, fier et imposant. Il est long, épais, veiné, le gland sombre et luisant à la lueur tamisée. C'est une arme, un outil de domination, une p







