Home / Paranormal / BRÛLURES ÉTERNELLES / Chapitre 4– Entre Raison et Obsession

Share

Chapitre 4– Entre Raison et Obsession

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-20 19:27:27

Lysandra

Je n’ai pas dormi de la nuit.

Impossible d’effacer son regard de mon esprit, impossible de ne pas ressentir cette brûlure persistante sous ma peau.

Ciel Donovan… Qui est-il vraiment ?

Je me tiens devant le miroir de la salle de repos, observant mon reflet avec insistance, cherchant une trace, un indice qui me prouverait que tout cela n’est qu’un délire.

Mais il n’y a rien. Juste mes propres yeux fatigués et l’écho de ses mots qui résonnent encore dans ma tête.

— Tu as brûlé avec moi…

Je secoue violemment la tête et sors précipitamment. J’ai besoin d’air. D’éloigner cette sensation d’être au bord d’un gouffre.

Je traverse les couloirs de l’hôpital, le pas rapide, comme si je pouvais fuir quelque chose d’invisible. Mais il est partout. Dans mes pensées, dans cette chaleur anormale qui pulse sous ma peau, dans cette obsession qui me dévore sans que je puisse l’expliquer.

J’essaie de me concentrer sur mes patients, sur mes dossiers, mais chaque fois que je baisse ma garde, des images fugaces surgissent dans mon esprit.

— Cours, Lysandra !

Je sursaute, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Une douleur sourde me traverse la tête.

— Docteur Lysandra, vous allez bien ?

Je lève les yeux vers l’infirmière devant moi, une jeune femme aux cheveux attachés en chignon, le regard inquiet.

— Oui, oui… un simple vertige.

Elle hoche la tête sans me croire complètement, mais elle ne pose pas plus de questions. Tant mieux.

Je continue mon chemin, me forçant à respirer lentement, à garder le contrôle. Mais alors que je tourne au bout du couloir, une silhouette familière attire mon attention.

Ciel.

Il est debout.

Mon souffle se bloque. Il ne devrait même pas être capable de marcher après ses blessures, et pourtant, il se tient là, en plein milieu du couloir, son regard braqué sur moi.

— Lysandra…

Mon cœur rate un battement.

— Vous devriez être alité, dis-je d’un ton sec pour masquer mon trouble.

Il s’approche lentement, et je recule malgré moi.

— Il faut que je te parle.

— Non.

Je tourne les talons, mais sa voix me cloue sur place.

— Ce n’est pas la première fois que tu me fuis.

Un frisson me parcourt.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez, rétorqué-je, la gorge serrée.

— Tu le sais, Lysandra. Tu le ressens, n’est-ce pas ?

Je ferme les yeux une seconde, luttant contre ce feu intérieur qui semble s’intensifier à chacun de ses mots.

— Ce ne sont que des hallucinations… Je suis fatiguée, c’est tout.

— Tu te mens.

Sa voix est basse, vibrante, pleine d’une douleur que je ne comprends pas encore.

Il fait un pas de plus, et cette fois, je ne recule pas.

— Vous êtes mon patient, Ciel. C’est tout ce que vous êtes pour moi.

Un silence.

Puis un sourire triste étire ses lèvres.

— Si seulement c’était vrai…

Il lève la main, hésite un instant, puis frôle mon bras du bout des doigts.

Une déflagration de chaleur m’envahit instantanément.

Le couloir disparaît.

Les lumières blafardes de l’hôpital s’effacent, remplacées par une obscurité rougeoyante, par des flammes qui lèchent les murs, par des cris que je ne reconnais pas encore… mais qui résonnent dans mon âme comme un écho oublié.

Je suffoque, prise au piège entre deux réalités.

— Lysandra !

Une voix. La sienne. Mais pas celle du présent.

Celle d’un passé que je ne veux pas voir.

Je rouvre brusquement les yeux, et le couloir de l’hôpital me revient en pleine figure.

Ciel est là, toujours devant moi, son regard brûlant d’une certitude effrayante.

Et je comprends.

Ce ne sont pas des hallucinations.

C’est un avertissement.

Un souvenir.

Un amour perdu dans les cendres du temps… qui cherche désespérément à renaître.

Ciel

Je la regarde vaciller sous l’effet du souvenir.

Ses pupilles se dilatent, son souffle s’accélère. Elle lutte, je le vois. Elle refuse de croire ce qu’elle ressent, ce qu’elle voit.

Mais je ne peux plus attendre.

Lysandra doit se souvenir.

— Ça va ?

Une voix nous interrompt.

Un médecin s’approche, l’air préoccupé. Son badge indique « Dr. Morel ». Il pose une main sur l’épaule de Lysandra, et une vague de rage me traverse.

Je ne sais pas d’où vient cette jalousie soudaine, mais je la ressens dans chaque fibre de mon être.

— Je vais bien, répond-elle d’une voix faible.

Mensonge.

Ses jambes tremblent encore. Ses doigts se crispent le long de sa blouse comme si elle tentait de s’ancrer dans le présent.

Le Dr. Morel me jette un regard méfiant.

— Vous ne devriez pas être debout, monsieur Donovan. Vous avez besoin de repos.

Je serre les dents, l’envie irrationnelle de lui faire ravaler son ton paternaliste me traversant. Mais ce n’est pas lui l’ennemi.

— Je vais bien.

Il fronce les sourcils mais ne répond rien, reportant son attention sur Lysandra.

— Vous êtes sûre que tout va bien ?

Elle hoche la tête sans me regarder.

— Oui. J’ai juste besoin d’un peu d’air.

Puis, sans un mot de plus, elle s’éloigne.

Je pourrais la retenir.

Je pourrais lui dire que fuir ne changera rien.

Mais je la laisse partir.

Parce que je sais que bientôt, elle reviendra.

Elle n’aura pas le choix.

---

Je retourne dans ma chambre, le corps encore douloureux, mais l’esprit trop en alerte pour me soucier de la souffrance physique.

Les souvenirs remontent, plus clairs que jamais.

Je revois Lysandra d’une autre époque. Sa chevelure sombre ondulant sous le vent, ses yeux brillants de défi et de passion. Je revois la façon dont elle courait, ses rires cristallins résonnant contre les murs d’une forteresse oubliée.

Et je revois la fin.

Les flammes.

Sa silhouette disparaissant sous le brasier.

Mon hurlement.

La sensation insoutenable d’être consumé avec elle, de perdre plus qu’une vie… de perdre une partie de mon âme.

Je serre les poings.

Je n’ai jamais cessé de la chercher.

À travers les âges, à travers la mort elle-même, je l’ai cherchée.

Et aujourd’hui, elle est là, vivante, devant moi.

Mais elle ne se souvient pas encore.

— Tu te rappelleras, Lysandra.

Je fais la promesse à voix haute, comme un serment ancré dans mon sang.

Peu importe ce que ça me coûtera.

Cette fois, je ne la perdrai pas.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 82 –FIN , Nous .

    LysandraL’aube se lève lentement, teintant le ciel de nuances douces, trop paisibles pour ce que je ressens à l’intérieur. Mon corps est encore brûlant de sa présence, mes lèvres portent la trace de ses baisers, et pourtant, une peur sourde s’accroche à mes entrailles.Ciel dort, son souffle calme, son bras autour de ma taille comme s’il avait peur que je disparaisse. Mais ce n’est pas moi qui fuis.C’est lui.Et ce matin, je refuse de le laisser partir sans avoir mis des mots sur ce qui nous consume.Je me redresse lentement, le cœur battant plus fort que je ne le voudrais. Il grogne légèrement, ses cils frémissent avant qu’il ne cligne des yeux.— Lys…Sa voix est rauque de sommeil, son bras cherche à m’attirer contre lui, mais je ne bouge pas.— On doit parler.Il se fige. Juste un instant. Puis, il pousse un soupir avant de se redresser, s’appuyant sur un coude.— Ça sonne grave.— Ça l’est.Il passe une main dans ses cheveux, visiblement en train de peser ses mots. Je ne lui lai

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 81 – À vif

    LysandraCiel dort. Enfin.Son souffle est irrégulier, comme s’il luttait encore contre quelque chose dans son sommeil. Je pourrais passer la nuit à le regarder, à veiller sur lui, mais la tension dans mon corps est insupportable.Je sors.L’air est froid, tranchant. La mer est calme, mais le silence est trompeur. Tout est toujours sur le fil.Comme nous.Je serre mes bras autour de moi. Je devrais être soulagée. Ciel est là. Il est vivant. Pourtant, une angoisse sourde me ronge. Comme si rien n’était réellement terminé.— Tu comptes rester dehors toute la nuit ?Je sursaute.Ciel est sur le seuil, torse nu, une couverture jetée sur ses épaules. Ses yeux sombres me sondent.— Tu devrais te reposer, dis-je doucement.— Toi aussi.Il s’avance lentement. Son visage est fermé, mais son regard brûle.— Je n’y arrive pas, murmuré-je.Il s’arrête juste devant moi.— Pourquoi ?Je détourne les yeux.— Parce que j’ai peur.— De quoi ?— Que tu disparaisses encore.Il pose une main sur ma nuque

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 80 – Fractures invisibles

    LysandraLes jours passent, mais quelque chose s’est brisé en lui.Je le vois. Je le ressens.Ciel ne parle presque pas. Il est là, physiquement, mais son esprit semble toujours perdu dans cet espace entre la vie et la mort. Il dort peu, et quand il ferme les yeux, c’est pour se réveiller en sursaut, tremblant, le souffle court.Je ne pose pas de questions.Je sais ce que c’est.Je sais ce que c’est d’avoir vu l’autre côté et d’en être revenu avec des cicatrices invisibles.Mais ça me tue de le voir ainsi.Alors, aujourd’hui, j’ose.— Viens avec moi.Il lève un regard fatigué vers moi.— Où ?— Juste… viens.Il hésite, puis hoche la tête.Je l’emmène hors de la chambre, hors de ces murs qui semblent l’étouffer. Je l’emmène là où le vent est frais, là où l’air sent autre chose que l’odeur sterile des draps et du désinfectant.Il marche lentement, comme si son corps ne lui appartenait plus tout à fait.Quand nous atteignons la plage, il s’arrête.Le ciel est gris, l’océan agité, mais mo

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 79– Ce que l’on ne dit pas

    LysandraLe silence.Il y a ce silence, lourd, oppressant, entre nous.Ciel dort. Enfin, il s’est assoupi, épuisé par la douleur et les jours d’inconscience. Sa main repose toujours dans la mienne, et je me surprends à en suivre du doigt chaque ligne, chaque relief. Comme pour me convaincre qu’il est là. Vraiment là.La peur ne m’a pas quittée.Elle est là, tapie dans l’ombre, prête à bondir au moindre signe de faiblesse.Parce que je sais.Je sais qu’il revient de loin. Trop loin.Son souffle est calme, mais son visage est marqué. La fièvre l’a quitté, mais son corps porte encore les stigmates de ce combat silencieux.Et moi ?Je suis là, prisonnière de ce moment, incapable de me détacher de lui.La porte s’ouvre doucement derrière moi.Je me retourne et croise le regard d’Isolde.— Il dort enfin ? murmure-t-elle.J’acquiesce, incapable de parler.Elle s’approche, pose une main sur mon épaule.— Tu devrais te reposer aussi.Je secoue la tête.— Je ne peux pas.Pas maintenant. Pas tan

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 78 – Ce que l'on retient

    LysandraCiel dort.Son souffle est plus régulier. Sa main repose toujours dans la mienne, et je ne peux pas me résoudre à la lâcher.La pièce est silencieuse, troublée seulement par la respiration lointaine des vagues qui s’échouent contre les rochers.Depuis combien de temps suis-je assise là ?Les heures se sont effilochées dans l’attente, mais mon cœur refuse de se détendre. Chaque battement est un rappel brutal de ce que j’ai failli perdre.Je n’ai jamais eu aussi peur.Pas même lorsque tout a basculé, lorsque j’ai compris que ma vie ne serait plus jamais la même.Parce que cette fois, ce n’était pas moi.C’était lui.Et l’idée de perdre Ciel…Un frisson me parcourt, comme si mon propre corps refusait d’envisager cette pensée.— Tu devrais te reposer.La voix grave me fait sursauter.Je me retourne et trouve Elijah, adossé au mur, les bras croisés. Il a cet air à la fois sévère et soucieux qu’il prend toujours quand il me regarde trop longtemps.Je secoue la tête.— Je ne peux pa

  • BRÛLURES ÉTERNELLES   Chapitre 77– Jusqu’au bout

    LysandraLe silence après l’orage est toujours plus terrible.Ciel a rouvert les yeux, a murmuré quelques mots, mais son souffle est encore si fragile que je n’ose pas me réjouir. Il oscille entre conscience et inconscience, comme suspendu au bord d’un précipice.Et moi, je suis là, incapable de détourner le regard.Nova et Nash font tout ce qu’ils peuvent. Ils nettoient, suturent, appliquent des compresses imbibées de plantes que je ne connais pas. Je devrais leur faire confiance, mais je n’y arrive pas.— Il va s’en sortir ?Ma voix tremble malgré moi.Nash ne répond pas tout de suite. Il termine de bander la blessure de Ciel, son expression grave.— On a stabilisé l’hémorragie. Mais il a perdu beaucoup trop de sang.— Ça veut dire quoi ?— Que les prochaines heures seront décisives.Un poids s’abat sur ma poitrine.Les prochaines heures.Je les compte déjà. Je m’imagine à chaque minute guetter le moindre changement dans sa respiration, scruter le moindre mouvement de ses paupières.

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status