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Chapitre 2 : Rencontre mystérieuse

Author: LGRINA
last update Last Updated: 2025-07-24 03:06:29

Je me suis laissé entraîner dans un bar par Teyanah.

Merde. J’avais promis à Siara que j’arrêterais de boire. Si je rentre saoul, elle va exploser. Et franchement, je la comprends.

— Allez, viens Aaron ! On va s’installer là-bas, me lance la voix de Teyanah, à travers le vacarme.

On est dans un bar à deux rues de l’entreprise. L’ambiance est électrique. Des filles secouent leur popotin comme si le monde en dépendait, et des mecs s’y collent sans complexe. Ce genre de truc m’avait manqué… enfin, pas les corps qui se frottent, mais cette ambiance festive, libre. Les gens dansent, rient, picolent. Et l’alcool coule à flot.

Teyanah m’attrape le bras et m’entraîne sur la piste de danse. Mauvaise idée. J’ai deux pieds gauches et elle, c’est Beyoncé sous Red Bull. On a passé l’âge de ces délires, non ? Trente-et-un balais, des responsabilités… Et pourtant, je la suis, un verre à la main, mon index pointé vers l’horizon comme un vieux riche de Beverly Hills qui croit encore savoir danser.

Tout le monde s’y met. Certains commandent du whisky comme s’il n’y avait pas de lendemain, d’autres draguent à tout-va, oubliant complètement leurs alliances. En pensant à ça, mon esprit s’égare : Siara. Qu’est-ce qu’elle fait, là, maintenant ? Peut-être qu’elle m’a préparé une surprise. Peut-être qu’elle m’attend déjà au resto d’Hector …

Je sors mon téléphone pour lui envoyer un message. Mais Teyanah me bouscule et me l’arrache des mains.

— Lâche ça ! On est là pour s’amuser, crie-t-elle, le regard dur.

— Je veux juste lui dire que je vais rentrer un peu tard…

— Elle peut attendre. C’est qu’un verre entre collègues. Elle comprendra.

Elle me tend mon téléphone et m’ordonne ensuite de le ranger. J’exécute.

Je hausse les épaules. Si Teyanah le dit… après tout, c’est une femme, elle doit savoir ce qu’elle fait. Juste un verre. Pas de quoi en faire un drame.

Sauf qu’on en est déjà à notre quatrième tournée. Du whisky, encore et encore. Mon vieux démon s’est réveillé, et je bois comme si j’avais dix-huit ans. Je suis étourdi. J’ai chaud. J’ai la tête qui tourne. On est dans un coin VIP, entourés d’inconnus. Un type, complètement bourré, me prend pour un certain “Franck” et me parle comme si on était potes depuis la maternelle.

Je me lève pour aller pisser… et je trébuche.

— Franck ! Où tu vas ?! me lance le gars.

Je l’ignore. Ma vessie est au bord de l’implosion. Je fonce vers les toilettes en titubant, retire mon pantalon à moitié sans même vérifier où je suis. Ma vue est floue, mes paupières lourdes. Tout tourne. J’entends la musique vibrer jusque dans mes os.

Quand mes yeux s’ouvrent enfin, je comprends l’erreur : y’a quelqu’un derrière moi.

Et pas un homme.

— Putain… non…

Mes yeux se posent sur une affiche : Toilettes femmes. La panique me saisit. Je frotte mes yeux, mais rien n’y fait. J’ai du mal à voir.

— Sale pervers !

Sa voix me claque comme une gifle. Mon taux d’alcool chute d’un coup… ou d’un pourcent peut-être, j’en sais rien. Je baisse les yeux : boxer noir, pas totalement nu. Mais presque.

— Désolé, je balbutie, incapable de formuler une explication rationnelle.

— Ils sont tous aussi cons dans cette ville ou c’est juste toi ?

Elle sort en claquant la porte.

Je remonte mon pantalon à la vitesse de l’éclair. Plus envie de pisser. Ni de boire. Je me lave les mains, tente de reprendre contenance, et sors.

Dehors, Teyanah est toujours là, à danser comme une possédée. Ses cheveux blonds sont en bataille, et ses mouvements de furet enragé me font à la fois rire… et regretter toute ma soirée.

Je palpe mes poches. Mon téléphone. Il est dans celle de derrière. L’écran s’allume : 20h00. Siara m’a appelé 10 fois. Et m’a envoyé cinq messages. Je n’ose pas les ouvrir, mais je le fais quand même. Et là, sobriété immédiate.

De Siara :

Salut chéri, le vote est terminé ? 🙂

De Siara :

J’ai réservé une table chez Hector, rejoins-moi dans 10 minutes. ❤️

De Siara :

Tu fais sûrement la fête avec tes collègues. Ne bois pas trop, rappelle-moi. ❤️

De Siara :

J’ai vu les stories de Teyanah sur I*******m ! 😡😡 Aaron Blaz !!! Si tu ne rentres pas TOUT DE SUITE, je débarque dans ce foutu bar !

De Siara :

Donc tu bois du whisky ? 😡😡 Ce soir tu dors sur le canapé ! On s’était promis d’être honnêtes l’un envers l’autre…

Mon cœur cogne si fort qu’il pourrait fissurer ma cage thoracique. Je cherche les clés de ma voiture… jusqu’à ce que je me souvienne : on est venus à pied. Génial. Je sors du bar et tente désespérément d’arrêter un taxi. Aucun ne s’arrête.

Et là, comme dans un film, une limousine approche.

Je me redresse, réajuste ma cravate. Une femme s’apprête à monter. J’aperçois ses talons aiguilles, son allure élégante. Une chance ?

Je cours, trébuche… et m’écroule littéralement à ses pieds.

— Wilfried, referme cette portière. Immédiatement, ordonne-t-elle sans me jeter un regard.

— Oui, madame.

Je me relève en panique.

— Attendez ! Est-ce que vous pourriez me déposer ? Ma femme va débarquer ici. Je suis foutu si je ne rentre pas tout de suite.

Elle ne semble pas m’écouter. Son regard me traverse. Une paire de lunettes noires dissimule un visage aussi beau que froid. Son rouge à lèvres rouge sang attire mon attention, tout comme le collier en or massif orné d’un diamant.

— Et en quoi est-ce mon problème ? Débrouillez-vous ! … Attendez… je vous reconnais.

Elle baisse ses lunettes. Ses yeux… vides. Littéralement. Aucune émotion. Comme si elle n’appartenait pas au même monde que moi. J’en suis presque paralysé. L’air me glace. Elle dégage un truc que je n’arrive pas à nommer. Et ça me rend fou.

— On se connaît ?

Ma voix est à peine audible. Je ne bouge plus. Elle m’observe, en silence.

Puis soudain :

— Montez. Je suis de bonne humeur.

Elle se détourne. Ses cheveux caressent mon visage. Leur parfum est à la fois sucré, boisé… un mélange irrésistible. J’en perds mes repères.

Je monte à l’arrière. Luxe total. Sièges chauffants. Elle s’assied en face de moi, les yeux rivés sur son téléphone.

Et moi, je pense à Siara.

Je cherche mon portable. Plus là. Disparu.

— Merde… j’ai perdu mon téléphone. Siara va me tuer.

Elle relève les yeux.

— Qui est Siara ? Votre femme ?

Sa voix est glacée. Et pourtant, elle fait vibrer tout mon être. J’ai l’impression de plonger dans un lac gelé. Mon corps réagit sans que je le contrôle.

— Oui… Est-ce que je pourrais utiliser votre téléphone, s’il vous plaît ?

Elle me fixe. Soupire.

— Je vous laisse monter et maintenant vous voulez mon téléphone ? Décidément…

Ce ton hautain… mais j’y devine une douleur. Comme si elle portait un masque pour se protéger. Une armure bien trop lourde à force d’être portée.

— Siara m’attendra. Je gèrerai ça à la maison, dis-je presque pour moi-même.

Elle lâche, d’une voix lasse :

— C’est pour ça que je déteste le mariage. On s’unit à quelqu’un, et ensuite, on ne vit plus pour soi.

Chaque mot sonne comme une confession. Elle a aimé, c’est sûr. Elle a été trahie. C’est devenu un mur.

— Vous savez… entre elle et moi, c’est pas toujours comme ça. Je l’aime, elle…

Elle lève un doigt pour me couper.

— C’est terriblement ennuyeux. Wilfried, de la musique, s’il vous plaît.

— Oui, madame Hyûga, répond une voix grave depuis le siège avant.

Je tente quand même :

— Vous êtes mariée ?

— Non. Je profite de la vie. Mais si vous étiez à moi… je vous laisserais faire tout ce que vous voulez.

Sa voix me transperce. Littéralement. Ai-je bien entendu ? Me drague-t-elle ? Ou est-ce l’alcool qui me joue des tours ?

— Pardon ? Qu’est-ce que vous venez de dire ?

— Où se trouve votre maison ?

Élégance glacée. Contrôle absolu.

— Résidence B24, avenue Lyun…

— Wilfried, vous avez entendu ?

— Oui, madame.

Je me tais. Et je pense à Siara.

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