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Chapitre 5 : Un cadeau inattendu

Author: LGRINA
last update Huling Na-update: 2025-07-24 03:29:42

Jared et moi étions à la même université. Après la remise des diplômes, il a choisi de s’installer à Los Angeles, et depuis, on ne s’était plus revus. Il a fondé sa propre maison d’édition, et aujourd’hui, il encadre de jeunes auteurs japonais, les forme, les pousse à aller au bout de leurs projets.

Tous mes souvenirs avec lui sont bons. Cet homme et moi, on a fait les quatre cents coups ensemble. Il fait partie de ces gens dont la simple présence réveille le passé. Je revois notre adolescence, ces années où on était deux gamins maigrichons qui se goinfraient de nouilles instantanées, séchaient les cours, draguaient maladroitement des filles…

Une époque révolue, désormais. On est devenus des hommes, on a accompli certaines choses. Je suis marié, heureux ? Peut-être. En tout cas, j’essaie de l’être. Jared, lui, ne porte pas d’alliance. Et ça ne m’étonne pas. Il n’a jamais été du genre à rêver de vie de famille, avec une maison, des enfants et une femme à ses côtés. C’est un électron libre. Un parachutiste de la vie qui saute dans l’inconnu sans se retourner. Il carbure à l’adrénaline. Plusieurs femmes ont essayé de l’aimer, de le retenir, mais aucune n’a réussi à lui faire renoncer à sa liberté.

— Je veux discuter avec toi, mais pas ici. T’es chaud pour un bon dîner ce soir, chez moi ?

— Et ton boulot, t’en fais quoi ?

— J’ai juste quelques papiers à signer, et on file ?

Il hoche la tête. Son téléphone vibre. Il décroche, brièvement. J’en profite pour me plonger dans mes dossiers.

— Allô ? dit-il, la voix froide.

— Dis-lui que je suis occupé, finit-il par dire en fronçant les sourcils.

Il raccroche. Quelques secondes à peine, mais il semble agacé. Il s’assied dans le fauteuil en face du mien et se masse les tempes.

— Des investisseurs ? je demande sans lever les yeux.

— J’ai pas envie de parler boulot. Je suis ici pour toi. Ça fait plus de quinze ans qu’on s’est pas vus. Qu’est-ce que tu deviens ?

Je l’observe. Il a toujours ce sourire sincère, celui qu’il arborait déjà à l’époque.

— Je suis plus vraiment le Aaron d’avant, celui qui se faisait virer des cours toutes les deux semaines. Je suis marié, ma vie est… calme.

— Et Siara ? me relance-t-il.

Il la connaît. Elle était avec nous à la fac. Je me rappelle qu’elle a un manuscrit qu’elle garde dans ses tiroirs depuis une éternité. Jared pourrait vraiment l’aider.

— Elle va bien. Elle sera contente de te voir.

— Aaah, je vais enfin goûter la cuisine de ta femme ! À L.A, je mange quasiment jamais de vrai plat, tu sais ? Et je me souviens que Siara avait du talent derrière les fourneaux. Elle devrait ouvrir un restau !

— Non, elle préfère écrire. C’est Joey le cuisinier maintenant !

On éclate de rire tous les deux. Joey, un autre pote de la fac. Rien que son nom nous ramène des années en arrière.

— Joey ! Ce bon vieux Joey ! Et Karen, elle va bien ?

Karen, c’était sa copine à l’époque. Aujourd’hui, elle est mariée à Joey. Fou, non ?

— Elle va très bien.

Teresa, la secrétaire entre dans le bureau. Elle porte un pantalon noir ample, un chemisier assorti, un blazer vert olive. Ses cheveux sont attachés en une natte épaisse.

— Monsieur, un colis vient être livré pour vous.

Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais je m’empresse d’aller voir avec Jared. Le “colis” est une énorme boîte noire ornée d’un ruban rouge. Jared fronce les sourcils, intrigué.

— Je reconnaîtrais cette boîte entre mille. La personne qui t’a envoyé ça a du fric.

Je le regarde. Il est juste derrière moi, son pouce et son index sous le menton. J’ouvre la boîte : un costume bleu nuit, une cravate rouge. Classe. Très classe. Cher, aussi. Je découvre une carte d’invitation glissée sous la veste.

— Une invitation à dîner dans un hôtel, je murmure en lisant la carte.

— C’est ta femme ? Elle a vraiment du goût.

J’hésite. Siara pourrait me faire une surprise, mais… ce n’est pas son genre. Elle est plus du style à m’offrir des bonbons et des petits mots doux, pas un smoking hors de prix et un dîner dans un palace.

Qui alors ? Une admiratrice ? Pourtant tout le monde sait que je suis marié. Mon nom figure sur la carte. Ce cadeau m’est destiné.

Une image surgit dans mon esprit : un visage froid, des yeux sombres, une élégance presque gothique. Elle. Cette inconnue. Elle a dû faire des recherches sur moi. Je ne peux pas accepter ça. Si Siara découvre ce cadeau, elle va péter un câble.

— Franchement, chapeau ! dit Jared avec un sourire en coin. À mon avis, c’est Siara qui veut passer un moment romantique avec toi à l’hôtel. Je te laisse imaginer la suite !

Ouais, voilà Jared. Toujours aussi fan de romance torride. Même s’il le cache derrière son air blasé, il adore ça. Il est introverti, pudique, mais il reste un passionné.

— Il faut que j’appelle Siara pour la remercier.

C’est surtout pour tirer ça au clair. Si elle entre dans le jeu, c’est que c’est elle. Sinon…

Je saisis mon téléphone. Jared me le prend des mains.

— Non, mec ! Tu la remercieras ce soir.

Si seulement c’était elle…

Je demande à ma secrétaire de mettre le costume dans ma voiture. Mais toute la journée, je n’arrête pas d’y penser. À elle. À son regard vide, sa voix étrange. C’est trop. Je dis non. Je veux l’oublier. Elle ne mérite pas mon attention. Une inconnue dont je ne sais rien, sauf que son visage hante mes pensées.

Je me plonge dans le boulot. Rapports de ventes, prévisions de stock, livraisons. La routine.

Jared, lui, s’est installé sur le canapé de mon bureau, concentré sur un jeu mobile. Des bruits de tirs retentissent — un battle royale, sans doute.

— Ivy est toujours accro à I*******m, balance-t-il.

— Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

— Relax, elle vient de poster une photo d’elle en maillot. Toujours aussi canon. Dommage que j’aie jamais pu passer la nuit avec elle…

— Sérieux, mec. Elle est mariée. T’as pas honte ?

Je le taquine, mais je le fixe aussi sérieusement.

Il soupire, se lève et va se poster devant la baie vitrée.

— J’ai rien dit de mal. Et puis, le passé, c’est le passé. Je m’ennuie ici. Tu termines quand ?

— Dans quelques minutes, je dis sans lever la tête.

Il regarde sa montre.

— Et tu comptes dîner à vingt-trois heures ?

Je sursaute. Quelle heure est-il ?

— Il est vingt-deux heures, répond-il calmement.

Je referme mes dossiers. Il est temps de rentrer. On monte dans ma voiture. Jared a laissé la sienne au parking, histoire qu’on parle un peu en chemin. Et là, j’ai envie de lui parler. De tout lui dire. Peut-être qu’il comprendra.

— Je sais pas si t’es au courant, mais Siara et moi, on essaie d’avoir un enfant. Elle m’a dit qu’elle était enceinte. On est allés à l’hôpital ce matin. Test négatif.

Je garde pour moi certains détails. Comme le fait qu’elle a pris la pilule pendant des années sans rien dire. Elle m’a laissé croire que le problème venait de moi. J’ai porté cette culpabilité, sombré dans la boisson. Un verre, deux, puis toute la bouteille. Jusqu’à ne plus me reconnaître. Jusqu’à traîner dans des bars miteux.

— J’sais pas trop quoi te dire, commence Jared. Mais… peut-être que Siara n’est pas encore prête. Vous avez déjà parlé de tout ça avec un pro ? Un conseiller, un psy de couple ?

Il se veut sérieux, mais je perçois l’ironie dans sa voix. Ça me fait sourire.

— On en parlait au début. On voulait tous les deux une famille. Mais je sais plus ce qu’il s’est passé. Je sais plus quand les mensonges ont commencé.

— J’espère que c’est pas un problème de fertilité, lance-t-il, inquiet.

— Non ! Non, ça n’a rien à voir avec ça.

— Alors, parle à quelqu’un. Ça pourrait aider.

Je garde cette idée en tête. En silence. Jared tripote son téléphone. On a encore une demi-heure de route.

On arrive. Le moteur s’éteint. Je laisse le costume et l’invitation dans le coffre. Pas envie d’éveiller le flair de détective que Siara sort quand elle a un doute.

En entrant, une bonne odeur de viande grillée emplit la maison. Je souris. Et mon ventre aussi. Siara est dans la cuisine. Elle se retourne, surprise de nous voir.

Je m’approche, je l’embrasse.

— Madame Blaz ! annonce Jared avec un grand sourire.

Il la prend dans ses bras.

— Jared ?! Tu… t’es là ? Aaron ne m’avait rien dit…

Elle me lance un regard interrogateur. J’évite de croiser ses yeux.

— J’ai son téléphone, comment aurait-il pu te prévenir ?

— C’est pas grave. Il y a assez pour trois.

Si elle m’avait envoyé ce cadeau, elle aurait sorti sa plus belle robe. C’est donc elle… L’autre femme ?

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