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Chapitre 7 : Mensonges et confrontation.

Author: LGRINA
last update Huling Na-update: 2025-07-24 04:00:59

Silence.

Toujours ce silence qu’elle trimballe partout où elle va. Il ne l’épuise pas. Il est son échappatoire… ou peut-être son châtiment. Veronica Hughes. C’est comme ça qu’elle s’appelle.

Elle m’a entraîné dans un jardin public, calme et désert, baigné par une brise fraîche. On est assis côte à côte sur un banc en bois usé. Nos paroles n’ont pas leur place ici. Le silence pousse à la réflexion. Sous la lune. Sous le vent.

— Tu vas enfin me dire pourquoi tu m’as fait venir ici ?

Je finis par briser la glace. Elle soupire, longuement. Puis son regard se perd dans le vide quelques secondes. Puis un dossier apparaît sous mes yeux. Elle me le tend, sans un mot.

J’hésite. Mes mains tremblent, je n’ose pas… mais ma curiosité l’emporte. Lentement, je saisis le dossier. Quelques papiers s’en échappent. Mes yeux balayent les lignes, d’abord confus, puis de plus en plus clairs : certificat médical, factures… des dizaines. Tous au nom de Siara.

Ma gorge se serre, ma bouche est sèche. Je continue de lire, et à chaque mot, la colère monte en moi. Le verdict est là, sous mes yeux, implacable. Siara porte un stérilet. Installé dans une clinique, il y a plus de deux ans.

Elle m’a menti. Depuis tout ce temps.

Non. Non. Ce n’est pas possible. Pas encore.

Je sens cette colère sourde gonfler dans ma poitrine. L’air devient lourd. Mon cœur cogne. Le regard de Veronica me traverse, m’accuse, me détruit. Je suffoque. Mon visage se décompose. Je suis en rage, contre elle, contre Siara, contre le monde entier.

— Ta femme est—

— Ne dis rien ! criai-je, refusant d’entendre cette vérité que je devine déjà.

Je me lève, prêt à exploser. J’ai besoin de frapper quelque chose, de faire sortir cette haine qui me consume.

— Comment as-tu eu ces papiers ?

Ma voix est violente, tranchante. Elle, en revanche, reste de marbre. Aucune émotion sur son visage. Et c’est précisément ce qui m’énerve encore plus. Elle vient de s’immiscer dans ma vie, de m’éclater une bombe à la figure, et elle reste impassible.

— Hé ! C’est pas contre moi que tu devrais être en colère, mais contre ta femme !

Elle a raison. Putain, elle a raison. Mais ça ne m’aide pas à me calmer.

— Pourquoi tu me montres ça ?!

— L’autre fois, tu disais que tu l’aimais. Je voulais te prouver que tu te trompais. Le mariage, ce n’est qu’une suite de compromis qui t’arrachent ta liberté.

— Mais en quoi ça te regarde ?!

Je hurle, étranglé par la douleur. Personne ne peut comprendre ce que je ressens. Personne, surtout pas elle.

— Tu fais exprès ou quoi ? Je viens juste de t’ouvrir les yeux !

Elle hausse le ton. Un homme s’approche.

— Madame Hughes, tout va bien ? demande-t-il.

Je le fusille du regard.

— Oui, Wilfried. Allez vous reposer, répond-elle calmement.

Il s’éloigne. Je reste figé.

— J-j’étais persuadé qu’on était seuls, murmuré-je, la gorge nouée.

— C’est ce que tu voulais ?

Ses yeux reflètent la lune. Ils me percent. Je suis incapable de répondre clairement.

— Non… enfin, c’est ce que t’as dit…

Elle se tait. Moi, j’ai juste envie de partir. Je dois parler à Siara. Je dois comprendre. Pourquoi elle m’a menti ? Pourquoi elle me fait ça ? Les larmes me brûlent les yeux, mais je me retiens. Je refuse de craquer devant Veronica. Elle veut me voir souffrir, je le sens. Elle me déteste. Et à cet instant précis, je la déteste aussi.

— Écoute-moi bien. N’approche plus jamais ni de moi, ni de ma femme. Tu m’as ouvert les yeux ? Très bien. Mais maintenant, fous-moi la paix.

Je m’éloigne. Mes pas sont lourds. Je sens encore sa présence. Elle m’attrape le bras. Je me retourne.

Et là… quelque chose m’échappe. Son regard me déstabilise. Une fraction de seconde, et je me dégage. Elle ne dit rien. Alors je pars.

Je suis dans ma voiture. Je roule comme un fou. Chaque mètre parcouru accélère le rythme de mon cœur. Le ciel est noir, chargé. Un éclair fend les nuages. Il pleut. Les gouttes battent le pare-brise avec la même violence que celle que j’ai dans le ventre.

Colère. Colère. Colère.

C’est tout ce qui me reste.

Dix ans. Dix ans à croire qu’on avançait. J’ai été un putain de naïf.

Je ne veux pas rentrer. Pas encore. Je suis pas prêt. Alors je me gare devant un bar. Les néons clignotent dans la nuit. Rouge, bleu, vert. Un foutu arc-en-ciel.

Je pousse la porte. Lumière tamisée. Musique de fond. Je m’installe. Le barman me regarde, essuie un verre.

— Un whisky. Bien fort.

Il me le sert. Je l’avale d’un trait. Je demande un autre. J’allais le boire quand…

Une main. Douce. Ferme. La sienne.

— Qu’est-ce que tu fous ici ?! Lâche-moi. Tu m’as pas déjà assez détruit ?

Je lui balance ma colère sans la regarder. Je refuse de croiser ses yeux. C’est plus simple comme ça.

— Boire n’arrangera rien, dit-elle.

Je tente de me libérer. Elle me retient. Je force. Mon verre vole contre un mur. Les gens se réveillent. Elle s’assoit à côté de moi. Tranquille. Comme si de rien n’était.

— Tu te prends pour qui ? Tu débarques dans ma vie et tu fous tout en l’air ! Si je t’avais jamais rencontrée, j’en serais pas là ! J’penserais pas à divorcer !

Le mot m’échappe. Divorcer. Merde.

Ce matin encore, je l’embrassais en lui promettant qu’on tiendrait bon. Mais là… je suis paumé. Et cette Veronica me rend dingue.

— Je suis personne, murmure-t-elle. Et après cette nuit, je partirai. Mais pourquoi, quand tu m’as demandé de partir, tes yeux me suppliaient de rester ?

— Tu dis n’importe quoi… Mes yeux veulent te fuir ! Je veux pas de toi, ni de ta haine du monde entier ! T’as brisé un couple que t’as même pas pris le temps de comprendre. Dix ans, Veronica ! Dix ans !

Elle ne bronche pas. Elle regarde devant elle. Moi, je suis à bout. Je tremble. J’explose de l’intérieur.

— Je suis désolée…

Sa voix. Elle me désarme. Elle est douce. Elle me traverse. Je veux qu’elle me prenne dans ses bras. Juste un instant. Mais je sais que ce serait mal. Ce serait lâche. Mon père m’a appris à respecter sa femme, toujours. Il a aimé ma mère jusqu’à la fin.

Je dois rester fort.

Il est temps de rentrer. Il faut que j’affronte Siara. Qu’elle me dise la vérité. Toute la vérité.

Je me lève. Je pars. Je ne me retourne pas.

Trente minutes plus tard, je suis en route pour la maison. Il pleut à torrent. J’allume la radio. Une vieille chanson d’amour me fait mal au cœur. Je pense à notre mariage. À nos débuts. À ce qu’on était. Et à ce qu’on est devenu.

Je pleure enfin.

Puis le téléphone de la voiture sonne.

— {Allô ?}

— {Aaron, c’est Jared. Je suis plus à la maison. J’ai reçu un appel urgent. T’inquiète pas, Siara dort comme une pierre. Tu me raconteras demain.}

— {Merci mec. Vraiment.}

Je raccroche.

Je marche dans l’allée, sous la pluie. J’entre. Tout est silencieux. Je monte les escaliers, la gorge serrée. Elle dort. Enroulée dans les draps. J’allume la lumière. J’enlève ma chemise, m’assois au bord du lit. Elle se réveille doucement. Ses mains parcourent mon dos. Ses lèvres s’y posent.

— T’es déjà rentré ? Je croyais que la réunion allait durer plus longtemps…

Ses mots me donnent la nausée. Elle joue la femme parfaite. Mais je connais la vérité. Pas grâce à elle. Grâce à Veronica. Encore.

— T’as l’air tendu. Laisse-moi te masser.

Ses mains glissent sur mes épaules. Douces. Efficaces. Et hypocrites.

— Tu continues à prendre la pilule ?

— Non… Je te l’ai dit…

Mensonge.

— Siara ! Ne me mens pas !

Ma voix claque. Même moi, elle me fait peur. Elle recule. Elle sanglote. Elle a peur. Mais je ne me retourne pas.

— Qui t’a raconté ça ?!

— J’ai vu les reçus, Siara. Alors sois honnête. Parce que si tu continues à me mentir, je pars. Et je reviendrai pas.

Silence.

Puis elle craque.

— S’il te plaît, Aaron… Le mois dernier, j’en ai racheté. Mais comprends-moi…

— Pourquoi ?!

— Parce que… Parce que je ne veux pas d’enfant.

Le monde s’arrête.

Je ne respire plus. Mon cœur s’éteint. Tout se fige.

J’ai tout sacrifié pour elle. Je me suis tué à vouloir qu’elle soit heureuse. Et elle m’a caché ça. Depuis le début.

Je me lève. Elle pleure. Elle me suit.

— Aaron ? Où tu vas ?! Je t’en supplie… reste !

Je descends les escaliers. Je claque la porte. Je monte dans la voiture.

Je vais n’importe où. Loin.

Peut-être un hôtel. Peut-être ailleurs.

Mais pas ici. Plus ce soir.

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