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chapitre 10: Ce que je prends avec moi

Author: Scilla
last update Last Updated: 2025-09-29 00:04:58

Le départ approche, et les jours semblent se resserrer autour de moi comme des draps trop étroits, m’empêchant de bouger sans froisser quelque chose d’essentiel. Chaque matin, je me lève avec cette impression étrange que le temps s’est mis à marcher à reculons, que chaque geste, chaque décision, chaque objet que je touche me ramène à ce que je m’apprête à quitter. Je commence à faire mes valises, mais rien ne se range facilement. Tout résiste. Ce carnet, par exemple — celui que je traîne depuis des années, rempli de pensées griffonnées, de fragments de rêves, de phrases que je n’ai jamais osé dire à voix haute — contient-il trop de souvenirs pour être emporté sans douleur ? Et cette écharpe, douce et usée, garde-t-elle encore l’odeur de Sofia, ou seulement celle du passé ?

Je plie, je déplie, j’hésite. Chaque objet semble me poser une question silencieuse, comme s’il voulait savoir s’il a encore sa place dans ce nouveau chapitre. Je ne sais pas ce que je dois garder, ni ce que je doi
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  • Corine, fragments d'une obsession    chapitre 8: Éloignement doux

    Le matin s’est levé sans bruit. La neige tombait en silence, comme si elle voulait recouvrir le monde sans le déranger. Je suis restée longtemps dans mon lit, les yeux ouverts, à fixer le plafond. Le drap encore froissé là où Sofia s’était assise la veille. Son parfum flottait dans l’air, discret, presque timide. Je n’ai pas eu le courage de le chasser. Les cours sont suspendus pour les vacances des fêtes. L’école est fermée, les couloirs vides, les voix éteintes. Une pause imposée, presque irréelle. Je décide de sortir, de marcher un peu, comme pour me prouver que le monde continu malgré tout. Je passe devant le collège de St-Jean. Il semble abandonner, figé dans le froid. Les marches sont ensevelies sous la neige, les fenêtres sombres. Je m’arrête un instant, les mains dans les poches, le souffle court. Je ne veux pas entrer. Pas aujourd’hui. Trop de choses s’y sont passées. Trop de choses y restent suspendues. Je reprends ma route. Le vent me pique les joues, mais je conti

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    L’hiver s’est installé comme une couverture trop lourde. Le cégep est en pause. Les journées s’étirent sans rythme, et l’appartement semble respirer plus lentement. Je passe mes matinées dans l’atelier, à tourner autour de mes toiles sans vraiment peindre. Le silence n’est plus seulement autour de moi — il est en moi. Chaque bruit devient une distraction : le craquement du bois, le sifflement du radiateur, le tintement d’une tasse contre l’évier. Mais rien ne comble ce qui manque. Le vide persiste. Tout est en suspens. Même moi. Je pense à Sofia. À ce que je pourrais dire. À ce que je ne devrais pas dire. Puis j’écris, simplement : Merci pour le pendentif. Il est beau. Il me touche. J’espère que tu vas bien. Je l’ai écrit sans trop réfléchir, avec cette retenue qui vient quand on ne sait plus exactement où l’on se situe dans le cœur de l’autre. J’appuie sur “envoyer”. Je reste là, le téléphone dans la main, le souffle suspendu. Sofia est connectée.

  • Corine, fragments d'une obsession    chapitre 7: Traits d'ombre et de lumière

    L’examen est terminé. Les couloirs se vident lentement, comme si l’école elle-même expirait un long soupir de soulagement. Je marche aux côtés de Sofia, encore un peu sonnée par la concentration, par le stress… et par ce qui s’est passé ce matin. Rien ne semble réel. Le froid sur ma peau, le parfum de Sofia qui flotte encore dans l’air, le silence de la salle d’examen… tout se mélange dans ma tête comme un rêve fiévreux. Nous ne parlons pas. Pas encore. Nos regards se croisent parfois, furtifs, comme pour vérifier que l’autre a bien vécu la même chose. Que ce moment volé dans les toilettes n’était pas une illusion. En arrivant chez moi, je m’effondre dans le fauteuil du salon. Le tableau de maman me regarde depuis le mur, paisible. Je sens le besoin de peindre à nouveau, de poser sur la toile ce que je n’arrive pas à dire. Mais avant ça, je prends mon carnet. J’écris. Des mots, des pensées, des fragments de ce matin. Et surtout, cette question qui me hante : Pourquoi So

  • Corine, fragments d'une obsession    chapitre 6: Examen final

    Il est 6h30 du matin. Le réveille sonne a la même heure la semaine d’école. Sofia est toujours étendue près de moi. Elle ouvre ses yeux tranquillement et me regarde tendrement avec un sourire sur ses lèvres. On se lève et ont se prépare pour se rendre à l’école. Nous avons décidé de partir plus tôt pour étudier encore un peu avant les cours. De toute évidence les portes de l’établissement scolaire sont toujours ouvertes et accessible avant le commencement des cours, deux heures à l’avance. Ainsi, certains étudiants peuvent se permettre de terminer leurs devoirs ou tout simplement de déjeuner à la cafeteria avant les cours. C’est toujours tranquille le matin à ces heures l’a. Pendant que Sofia et moi marchions sur le chemin de l’école, je pouvais sentir un vent froid d’automne qui soufflait sur nos visages. Un froid de plus en plus intense qui annonçait un hiver. Fini les feuilles et les décors d’halloween. A travers le vent je constatais même que quelques flocons de

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    J’entends le téléphone sonner dans la salle à manger. Je me dépêche de déposer mes ustensiles sur le comptoir et de m’essuyer les mains. Après trois sonneries, j’arrive enfin au combiné et décroche. — Allô ma sœur ! Comment tu vas ? J’avais hâte de t’appeler. Avec les travaux et les rénovations, Steve et moi sommes complètement débordés. Je profite que les murs du salon soient en train de sécher pour te passer un petit coup de fil. — Allô Stella ! Comme je suis contente d’entendre ta voix. Je vais bien, merci. Je commençais à m’ennuyer un peu. Alors, les rénovations avancent, à ce que j’entends ? C’est génial ! — Oui, on agrandit le sous-sol pour y installer une table de billard. Et on va faire tomber un mur pour créer un accès direct à la piscine depuis la maison. J’ai hâte de voir le résultat. — Oh wow, ça va être superbe ! Et merci pour les photos que tu as glissées dans mes boîtes. Je les ai contemplées pendant des heures le week-end dernier. — De rien, ça me fait p

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