Les mots de Lefevre résonnaient encore dans ma tête comme un écho sinistre. La vérité peut être plus dangereuse que tu ne le penses. Chaque syllabe semblait peser sur mes épaules, et malgré tout ce que je croyais savoir, une angoisse insidieuse commençait à m'envahir. Il y avait une menace sous-jacente dans ses paroles, comme si, en cherchant la vérité, j'étais en train de m'enfoncer davantage dans un piège sans issue.Lefevre me fixait toujours, un regard dénué d’empathie mais empli d'une étrange forme de compréhension, comme s'il savait déjà comment cette rencontre allait se terminer. Je n'avais toujours pas la moindre idée de ce qu’il cachait, mais une chose était certaine : il détenait des informations cruciales, et chaque geste qu’il faisait me rapprochait d'une vérité que je ne pouvais pas encore saisir.Je pris une profonde inspiration, tentant de garder mon calme, malgré le tourbillon d'émotions qui menaçait de me submerger. Je devais rester concentré, et surtout, ne pas lui d
Le mécanisme de la boîte émit un léger clic, et le couvercle s’ouvrit lentement, comme si elle voulait me révéler ses secrets tout en prenant son temps. J'eus un instant de flottement, une impression d’irréalité, avant de m’incliner pour mieux voir ce qu’elle contenait. À l’intérieur, il y avait une simple enveloppe en cuir, marquée d’un symbole que je ne connaissais que trop bien : une clé stylisée, entremêlée dans un motif complexe. Ce symbole était familier. Il apparaissait souvent dans les documents liés à L’Ensemble, un marqueur discret, mais puissant.Je tendis la main avec précaution, mes doigts effleurant l’enveloppe. À cet instant, tout me sembla étrangement silencieux. Le bourdonnement des lumières, le souffle retenu de Lefevre dans la pièce, tout se confondait dans une attente presque palpable. J’avais l’impression que, d’une manière ou d’une autre, l’ouverture de cette enveloppe marquerait la fin d’une époque pour moi. Le début de la fin ou la fin du début — peu importait.
Je n'avais pas fermé l’œil de la nuit. L'enveloppe, ce document, les révélations sur le projet Horizon tournaient sans cesse dans ma tête, en boucle. À chaque pensée, le poids de la vérité semblait se faire plus lourd, plus insupportable. Lefevre avait raison sur un point : il y avait un prix à tout cela. Un prix que je n’étais pas encore prêt à payer. Mais il n’y avait pas de retour en arrière possible. La route était tracée, et elle ne menait qu’à une seule destination : la vérité.Le matin était arrivé, mais il ne m’apportait aucune clarté. Au contraire, il semblait amplifier la confusion qui m’étouffait. Les lumières froides du jour filtraient à peine à travers les stores, projetant des ombres sinistres dans le bureau de Lefevre, où je m'étais réfugié après ma rencontre avec lui. J’étais assis derrière son grand bureau en bois sombre, le rapport toujours devant moi. Je l'avais relu des dizaines de fois, cherchant des indices, un élément, une faille qui me permettrait de comprendre
La porte se referma derrière Lefevre avec un bruit sourd, mais sa silhouette restait gravée dans ma tête. Chaque mot qu’il avait prononcé, chaque phrase, s’entrechoquait dans mon esprit. La vérité, la réelle vérité, était encore plus vaste que ce que je pouvais imaginer. L’Ensemble, un réseau global, une organisation cachée dans les ombres, tirant les ficelles des gouvernements et des multinationales… Mon frère avait défié ce pouvoir, et maintenant, je devais faire face à la même ombre menaçante.Je m’assis sur le fauteuil en cuir, le rapport de mon frère toujours posé devant moi. Le symbole de L’Ensemble, ce signe de la clé entremêlée, m’obsédait. Ce n’était plus juste une enquête. C’était une guerre secrète contre des forces que je ne comprenais même pas encore. Mais une chose était sûre : Horizon n’était qu’une petite partie de quelque chose de bien plus dangereux. Et c’était là, dans cette ombre, que mon frère avait été pris au piège.Je n’avais plus de temps à perdre. Lefevre m’a
La clé dans ma main semblait presque brûler, comme si elle portait avec elle le poids de tout ce que j’allais découvrir. Elle était simple, mais son impact était immense. C’était plus qu’un simple objet ; c’était un symbole. Un signe qu’il y avait encore des choses que je n'avais pas saisies, des portes que je n'avais pas encore franchies. Mais ce que j’ignorais à ce moment précis, c’était que cette clé allait me mener à des révélations qui bouleverseraient ma perception de tout ce qui m’entourait.Je quittai le café, ma décision prise. L’adrénaline faisait battre mon cœur plus fort, chaque battement accentuant l’imminence de ce qui allait arriver. Je n’avais aucune idée de ce que cette clé allait ouvrir ni où elle me mènerait, mais je savais qu’il n’était plus question de faire marche arrière. La vérité était là, à portée de main, et il n’était plus question de fuir. Le temps des questions était révolu. Il était temps d’agir.Je pris un taxi qui me conduisit vers un quartier plus élo
Lefevre ne me donna pas le temps de réfléchir. D’un geste fluide, il se dirigea vers la porte secrète qu’il avait ouverte, et je n’eus d’autre choix que de le suivre. L’obscurité qui régnait de l’autre côté semblait dévorer toute lumière, mais Lefevre avançait sans hésitation, et je n’avais aucune intention de le perdre de vue. Un frisson d’angoisse s’installa dans ma poitrine, mais une part de moi savait que c’était le seul chemin qui me permettait de découvrir ce qui se cachait réellement derrière la mort de mon frère et le projet Horizon.Nous traversâmes un couloir étroit, les murs tapissés de métal et de verre noir. L’air était lourd, une odeur métallique flottait dans l’atmosphère. La lumière au plafond était faible, presque clinique. Tout ici semblait fait pour dissimuler, pour effacer les traces, comme si cet endroit n'existait pas pour le monde extérieur. Un laboratoire secret. Ou un sanctuaire. Je n’étais plus sûr de rien.Lefevre marcha devant moi sans se retourner, me lais
Le message de "N" m’avait frappé comme un éclair. Je le relus plusieurs fois, chaque mot pesant lourdement dans mon esprit. "Tout ce que vous croyez savoir est faux." Cela ne faisait qu’ajouter à la confusion. J’étais déjà perdu dans ce dédale d’informations contradictoires, mais ce dernier avertissement venait me secouer, m’empêchant de m’arrêter. Pourquoi m’avertir maintenant ? Qui était cette personne, et pourquoi me disait-elle que tout ce que je croyais savoir était faux ?Je levai les yeux vers Lefevre, toujours aussi calme, toujours aussi calculateur. Il observait ma réaction avec un regard de plus en plus perçant, presque satisfait de voir mon agitation. Je n’avais pas l’intention de lui donner satisfaction. J’étais à la croisée des chemins. Chaque choix que je faisais me rapprochait d’un avenir incertain. Mais je savais maintenant qu’il fallait agir, et vite.— "Pourquoi m'envoyer ce message, Lefevre ?" demandai-je, en scrutant son visage à la recherche d’un indice, d’une réa
Je sentais l’air autour de moi se charger d’une étrange densité. Chaque mot prononcé par Lefevre semblait ajouter du poids à l’atmosphère, comme si l’univers lui-même s’était resserré autour de nous, attendant que je prenne la décision qui allait tout changer. L’écran devant moi clignotait de symboles incompréhensibles, mais je savais que derrière ces lignes, derrière cette complexité numérique, se cachait la vérité. La vérité sur L’Ensemble, sur ce qu’ils cherchaient réellement, et sur ce que mon frère avait découvert avant de mourir.— "C’est ici, Alexandre," dit Lefevre, d’une voix presque solennelle. "Ce que tu es sur le point de voir ne pourra plus être effacé. Peu de gens ont eu accès à ce genre de savoir, et encore moins ont survécu pour en témoigner."Ses yeux brillaient d’un éclat qui ne présageait rien de bon. Il n’était pas là pour me protéger, mais pour me guider dans une descente vertigineuse, sans savoir où cette chute finirait.Il tourna une manette, et une autre partie
ÉliseJe cours sans réfléchir, portée par la main de Samuel, tirée dans l’ombre d’un homme que je ne connais pas.Et pourtant, quelque chose en lui m’est familier.Son allure.Son silence.Son regard, vu à peine une seconde, qui ne laissait place à aucun doute : cet homme est né de la guerre.La pluie me claque le visage, me noie les pensées, mais je continue.Samuel grogne à chaque pas, il serre les dents pour ne pas hurler — je vois bien qu’il saigne.Mais il ne ralentit pas.Il court, malgré la douleur.Parce qu’il la connaît déjà, cette douleur.Parce qu’elle lui appartient.Nous prenons un virage sec dans une rue plus étroite encore, puis une porte métallique s’ouvre devant nous, poussée par le frère fantôme.Alexandre.Il ne prononce pas un mot.Pas une question.Pas une explication.Il entre.Nous le suivons.Et la porte se referme derrière nous avec un grondement sourd, comme un couperet.L’intérieur est sombre, humide.Une vieille cave ? Un abri ? Un lieu oublié du monde.Je
SamuelJe serre la main d'Élise sous la table.Elle tremble à peine, mais je le sens.Elle aussi a compris.Quelque chose de terrible se prépare.Pas seulement l’attaque.Pas seulement la violence.Autre chose.Quelque chose qui remue l’âme, qui fouille dans les entrailles, qui réveille des souvenirs que je croyais morts et enterrés.Un instinct ancien griffe l'intérieur de mon crâne, hurle que le pire est à venir.Je jette un œil aux clients autour de nous.Ils commencent à paniquer.Certains se lèvent précipitamment, renversant leurs verres, bousculant les chaises.Le serveur crie d’appeler la police.Trop tard.Beaucoup trop tard.Je me lève d'un bond, tirant Élise avec moi.Elle ne pose pas de questions. Elle sait lire l'urgence dans mon regard.On fonce vers l'arrière du restaurant, bousculant une serveuse en larmes, ignorant les protestations paniquées.Mon cœur tambourine dans ma poitrine, battant un rythme frénétique dans mes oreilles.La porte de service.Notre seule issue.M
AlexandreLa pluie commence à tomber au moment où je m’éloigne du café.Des gouttes lourdes, glacées, cognent contre ma capuche. Chaque impact résonne comme un rappel brutal de ce que je m'apprête à faire.Chaque pas claque sur l’asphalte fendu, chaque battement de mon cœur martèle l’évidence : cette fois, je ne peux pas rester spectateur.Pas cette fois.Je glisse dans une ruelle étroite, engloutie par l’ombre. Le téléphone volé vibre dans ma paume.Un message s’affiche."Équipe 2 en place. Fin de mission avant 23h00."Pas minuit.Vingt-trois heures.Ils accélèrent.Ils sentent que quelque chose dérape.Ils vont frapper plus tôt, plus fort, sans subtilité.Et cette fois, ils n’attendront pas poliment devant un vieux café.Je me mets à courir.Pas pour fuir.Pour traquer.Je dois trouver qui tire les ficelles. Couper la tête du serpent avant qu’il ne crache son venin.Avant qu'il ne touche Samuel.Je connais ces jeux.Je les ai joués.Je les ai gagnés.Et j’en ai perdu bien trop.Un c
AlexandreIl ne sait pas que je suis là.Depuis la rue, dissimulé sous ma capuche, je les observe à travers la vitre craquelée du vieux café.Samuel.Mon frère.Mon double.Celui qui m’a cru mort pendant tout ce temps. Celui que j'ai laissé croire au pire, par nécessité... ou par lâcheté.Je vois ses épaules, tendues sous le poids d'un monde qu'il essaie encore de porter seul.Je reconnais sa posture, ce léger tremblement qu'il cache aux autres, cette rage froide qui bout sous sa peau.Et face à lui, la fille.Élise.La faille.Le point où tout en lui se désarme, où ses défenses tombent.Elle ne s’en rend même pas compte, mais elle est en train de le sauver — doucement, silencieusement.Je serre les dents.Ce n’est pas de la jalousie qui me noue les tripes. Ce n’est pas non plus de la haine.C’est pire.C’est ce vide en moi, ce gouffre que Samuel a fui en se raccrochant à une main tendue... pendant que moi, je me laissais engloutir.Je pourrais partir.Tourner les talons.Laisser cett
SamuelJe reste sur ce banc longtemps après son départ, le papier serré dans ma main moite.Le monde continue de tourner autour de moi — les enfants crient, les feuilles bruissent sous le vent d’avril, les conversations flottent dans l’air comme des bulles prêtes à éclater — mais moi, je suis figé.Il n’y a plus que cette adresse, cette minuscule ligne d’encre, qui bat contre ma paume comme un deuxième cœur.Je sais ce que ça signifie.Ce soir, je n’aurai plus d’excuses.Ce soir, je ne serai plus seulement celui qui observe depuis l’ombre, qui prétend avoir le temps.Ce soir, il faudra choisir. Définitivement.Je ferme les yeux un instant, le souffle court.Je suis tellement habitué aux ordres, aux missions, aux manipulations, que le simple fait de devoir faire un choix libre me terrifie plus que n’importe quelle arme pointée sur moi.Mais je le ferai. Pour elle. Pour moi aussi, peut-être.Je me lève, range le papier dans ma poche, et je pars avant que le doute ne me rattrape.---La
SamuelJe relis l’adresse, encore et encore, comme si les lettres pouvaient s’effacer sous mes yeux, comme si ce choix pouvait disparaître s’il me faisait trop peur.Il n’y a que trois rues à traverser pour atteindre ce lieu qu’elle m’a indiqué. Trois rues qui pèsent comme trois continents. Chaque pas est une trahison silencieuse de celui que j’étais censé être. Chaque pas me pousse un peu plus loin de l’ombre où j’ai vécu trop longtemps.Le vent est frais ce soir. Il soulève des odeurs de bitume, de bois mouillé, et de feuilles mortes. L’air a un goût de fin d’été, de promesses épuisées. Mon cœur cogne trop vite contre mes côtes. Je ne devrais pas avoir peur. Je suis censé être l’homme sans attaches, celui qui observe, qui manipule, qui disparaît avant que quiconque ne réclame quoi que ce soit.Mais Élise n’a rien réclamé.Elle a tendu la main.Et je suis celui qui doit prouver que je peux la prendre sans la souiller.Je m’arrête devant une petite maison. Vieille, sans charme particu
ÉliseIl revient.Je le vois de loin, assis sur le même banc, mais aujourd’hui, il est plus proche du bord, comme s’il s’autorisait à frôler ma réalité. Il n’a pas ouvert son livre. Il ne fait même pas semblant de lire. Le simple fait qu’il soit là, à découvert, presque vulnérable, me serre le ventre.Je ne suis pas surprise. Pas vraiment. C’est comme si mon corps, avant même mon esprit, avait su qu’il reviendrait. Comme une de ces douleurs fantômes qu’on apprend à apprivoiser, qu’on cache dans un coin de la poitrine, en espérant qu’elle se taise.Il est là.Et moi, je suis là aussi.Mon fils court devant moi, la joie simple de l’enfance éclatant dans ses pas. Il lance un cri aigu en direction du bac à sable, s’arrête, regarde Samuel et, sans hésiter, lui adresse un petit salut de la main. Samuel répond d’un geste tout aussi doux. Ils se reconnaissent déjà, d’une manière que je n’ai pas encore acceptée.Je m’avance, comme on marche vers une frontière.— T’es revenu, je murmure, presqu
ÉliseIl y a quelque chose dans ses silences qui me trouble plus que mille paroles.Samuel.Ce nom tourne dans ma tête comme un écho qu’on n’arrive pas à faire taire. Je le regarde, chaque matin, assis sur ce banc. Il ne parle pas beaucoup. Il lit. Il écoute. Il me répond parfois avec un sourire doux, presque maladroit. Comme s’il avait peur que je le devine.Et pourtant, je sens bien qu’il cache quelque chose.Personne ne choisit ce banc par hasard. Pas à cette heure, pas chaque matin. Personne ne s’attarde dans le parc d’un quartier aussi gris sans raison. Et surtout, personne ne me regarde comme lui le fait… avec cette espèce de mélancolie retenue, comme s’il s’excusait d’avance de ce qu’il allait me faire.Je suis fatiguée de fuir. Fatiguée de deviner.Alors demain, je lui poserai la vraie question.Celle qui ne se camoufle plus derrière la politesse.Celle qui dit : “Qui es-tu vraiment, Samuel ?”---SamuelElle est venue plus tôt ce matin.Son fils tenait sa main, comme toujours
Élise Mais s’il est comme moi…S’il est juste un autre cœur blessé sous une autre peau brisée…Alors peut-être qu’on pourra, ensemble,changer les règles.Ou au moinsarrêter de se mentir.Ralentir le temps.Laisser nos silences se parler.Parce qu’à force de survivre,j’ai oublié ce que c’étaitd’être simplement en vie.Et si lui aussi l’a oublié…Alors peut-êtrequ’on peut se rappeler ensemble.— SamuelIl y a quelque chose dans sa manière de se tenir.Raide mais fragile.Comme une tour qu’on aurait reconstruite trop vite après un séisme.Elle me regarde comme si j’étais un fantôme.Ou pire : comme si elle m’attendait depuis toujours sans en avoir conscience.Et moi, je reste là.Assis sur ce banc que je n’ai pas choisi par hasard.À prétendre lire un livre que je connais par cœur depuis des années.Elle pense que je suis tombé sur elle par hasard.Mais rien, avec elle, ne sera jamais dû au hasard.---Je m’appelle Samuel.Enfin, ici, c’est le nom que j’utilise.Il y en a eu d’autr