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Chapitre 3 – Celle que j’étais

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-05-15 07:02:08

Éva

Il fait nuit quand je quitte le bureau. Une nuit lourde, sans vent, où même l’air semble figé dans une attente fiévreuse. Je marche lentement. Je n’ai pas envie de rentrer. Pas envie de retrouver le silence de mon studio, le vide organisé de mon existence. J’ai la gorge nouée, comme si chaque respiration m’écorchait de l’intérieur.

Je tourne à droite, puis encore à droite. Mes pas me guident sans y penser, comme un instinct revenu d’un autre temps. J’arrive devant une porte noire, discrète, sans enseigne. Une sonnerie. Une caméra. Une seconde d’hésitation. Puis je parle.

— Lune.

Le déclic est immédiat. La porte s’ouvre.

À l’intérieur, les murs sont couverts de velours foncé. La lumière est basse, dorée, presque intime. Tout est comme avant. Le parfum du bois ciré, la chaleur du cuir, la musique classique qui flotte en arrière-fond. Et ce silence feutré qui vous avale dès l’entrée. Je laisse mes doigts glisser sur la rampe de l’escalier. Je descends.

En bas, le couloir est désert. Mais la porte du fond est entrouverte. La pièce est éclairée par une lampe au verre opalin. Un fauteuil. Une silhouette.

Il l’a su. Il m’attendait.

Victor se lève lentement. Il porte une chemise noire, simple, sans cravate. Il ne parle pas. Il me regarde. Je le regarde. Et pendant quelques secondes, nous ne sommes plus que deux présences silencieuses face à face, deux éclats d’un même passé.

Je m’approche, le cœur battant plus fort que d’habitude.

— Je ne suis pas là pour toi.

Ma voix tremble légèrement, mais je l’étouffe. Il sourit, à peine, ce sourire glacial qui m’a toujours fait frissonner.

— Je sais. Tu es là pour elle. Pour Lune.

Je hoche la tête. Il me tend une boîte. Noire, vernie, lourde. Je la reconnais. Elle contient ce que j’ai laissé derrière moi : un téléphone crypté, une clé USB codée, une montre équipée, un carnet vide au cuir usé. Mon ancien arsenal. Mes armes.

Je prends la boîte sans un mot.

— Le dossier que je t’ai laissé… L’homme que tu dois approcher s’appelle Sébastien Marval. Il dirige une holding aux Seychelles, mais ses bureaux sont ici, dans le 8e. Derrière ses investissements éthiques se cache un trafic d’influence de très haut niveau.

— Pourquoi ne pas l’avoir détruit toi-même ?

Je ne peux retenir la question. Il me fixe d’un air implacable, comme si chaque seconde d’hésitation de ma part l’irritait.

— Parce qu’il ne se laisse pas approcher. Il faut quelqu’un de propre. Quelqu’un d’oublié. Toi.

Je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale, une peur sourde que j’essaie d’ignorer. Un retour à tout ce que j’ai fui. Je tremble intérieurement.

— Je n’ai plus rien à voir avec ça. C’est fini, Victor. Je ne veux pas reprendre ce métier. Pas après tout ce que j’ai… Je veux plus que ça.

Mon cœur bat plus fort, une vérité que j’essaie de me convaincre d’accepter, mais il me scrute, comme s’il pouvait voir à travers chaque mensonge que je me raconte.

Il soupire, mais son regard ne faiblit pas. Et, soudain, il me le dit, d’un ton calme mais tranchant :

— Tu n’as pas le choix. Si tu refuses, tout ce que tu as construit depuis ces dernières années s’effondrera. Je vais retrouver tous ceux qui sont restés dans ton passé. Et je vais faire en sorte que leur vie devienne un enfer. Pour toi, pour eux, pour tout ce que tu crois avoir reconstruit.

Je recule d’un pas. Sa menace est claire, nette, sans appel. Il n’a pas changé. Il peut détruire ma vie en un claquement de doigts. Il le sait. Et moi aussi.

Je sens mes jambes se dérober sous moi, mais je tiens bon, je me force à respirer.

— Tu ne feras pas ça. Ce n’est pas qui tu es, Victor. Tu n’es plus cet homme-là.

Il sourit à nouveau. Ce sourire, froid et cruel, celui qui me hante encore.

— Si tu savais à quel point tu te trompes, Éva. Tu crois que tu peux t’échapper, que tu peux fuir ce monde ? C’est impossible. Tu es encore Lune. Et tant que tu portes ce nom, tu me reviendras toujours. Quoi qu’il arrive.

Je ferme les yeux un instant, tentant de contenir la peur, la panique qui menace d’exploser. Mais quelque chose en moi, quelque chose que j’ai cru effacer, revient à la surface. Lune, la femme que j’étais, la tacticienne, celle qui jouait avec les hommes et les systèmes pour sa propre survie.

Je secoue la tête, me battant contre ce retour en arrière.

— Je n’ai plus rien à voir avec Lune.

Il s’avance lentement, ses pas résonnant comme des échos dans la pièce silencieuse.

— Tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as fait, te suivra toujours, Éva. C’est ça, la vérité. Peu importe ce que tu penses. Peu importe ce que tu veux. Lune est toujours là. Et moi aussi.

Je suis paralysée, prise au piège entre la peur et la honte. Je n’ai pas le choix. La réalité me frappe. La liberté, celle que je croyais avoir, est une illusion. Je n’ai pas échappé à mon passé. Mon passé m’a rattrapée.

— Je… Je vais le faire. Mais je te préviens, Victor. C’est la dernière fois. Après ça, je disparais. Je te le promets.

Il acquiesce lentement, sans joie.

— Bien. Mais souviens-toi de ce que je t’ai dit. Tu n’es jamais vraiment partie.

Je prends la boîte, en silence. Je quitte la pièce, les mains tremblantes, le cœur lourd. Quand je franchis la porte, je sens une partie de moi rester là, derrière cette porte noire, avec lui. Lune est de retour, malgré elle.

Je me suis perdue. Et je viens juste de m'en rendre compte.

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