Laurie
Alexander Knight se plante devant moi, et je me sens violer d'un coup. Il doit faire plus d'1m90, une tour humaine qui me domine malgré mes talons. Mes yeux grimpent pour croiser les siens, et je prends toute sa carrure en pleine face – épaules larges, posture droite, un mur de muscles moulés dans un costume sombre taillé au scalpel. On dirait qu'il passe autant de temps à soulever de la fonte qu'à diriger son empire. Minuscule, voilà ce que je suis à côté de lui, une fourmi face à un géant.
Son visage me frappe encore plus. Des traits durs, angulaires, une mâchoire carrée qui lance l'autorité. Sa peau, légèrement bronzée, trahit des heures dehors, pas le genre de mec cloîtré dans un bureau à longueur de journée. Ses cheveux bruns, presque noirs, sont coupés court, impeccables, pas une mèche qui dépasse – tout chez lui respire le contrôle. Mais ses yeux… Putain, ses yeux. Gris acier, froids comme une lame, ils me transpercent sans pitié. Ils analysent tout – mes lunettes, mon tailleur cheap, le tremblement que je cache dans mes mains. Sous ses sourcils épais, ce regard est un scanner, implacable, impossible à tenir plus de trois secondes sans frissonner. Ses lèvres fines, serrées, ne laissent rien passer – pas un sourire, pas une fissure. Cet homme est une statue de puissance brute, un silence qui pèse plus qu'un cri.
Il tend la main, un geste simple, mais je sens le test derrière. Ma paume moite glisse dans la sienne, chaude, ferme, et je serre de toutes mes forces pour ne pas flancher. Nos yeux se croisent, et mon souffle se bloque. Ce gris… J'ai déjà vu ça quelque part. Une étincelle, un souvenir flou qui me pique le cerveau, mais où ? Pas le temps de creuser, je secoue la tête, chasse l'idée. Faut que je me ressaisisse.
« Mademoiselle… ? » Sa voix claque, claire, rauque, un grondement qui attend ma réponse.
Je respire un grand coup, force un sourire qui doit puer le stress. « Laurie Brunel, enchantée de vous rencontrer. »Il ne répond rien, reste froid comme une porte de prison. « Suivez-moi », lâche-t-il, sec, avant de pivoter. Je le talonne, ses pas lourds résonnant dans le couloir. À côté de lui, je suis une gamine perchée sur ses serres, luttant pour garder la cadence. Il s'arrête devant une porte, se décale légèrement, me laisse passer. Je m'exécute, la gorge nouée, et la porte claque derrière moi – un bang qui fait vibrer mes os. Je sursaute, me fige une seconde, puis mes yeux tombent sur la vue.
Derrière son bureau, une baie vitrée immense s'ouvre sur La Défense, et ça me coupe le souffle. Les gratte-ciel s'élancent, acérés, leurs façades de verre et d'acier scintillant sous un ciel voilé de brume. La Grande Arche trône au loin, massive, comme une reine sur son échiquier. En bas, les rues grouillent, minuscules, une fourmilière écrasée par la hauteur vertigineuse de cet étage. C'est pas juste un bureau, c'est une scène de film – un décor hollywoodien qui lance pouvoir et ambition. Je sens un frisson me grimper le long de la colonne, un mélange de vertige et d'adrénaline. Cet endroit respire les décisions qui changent des vies, un terrain où les erreurs n'ont pas leur place.
Je pivote légèrement, détaille la pièce. Minimaliste, moderne, glaciale. Un bureau en ébène, immense, trône au centre, impeccable – juste un ordinateur dernier cri posé dessus, rien d'autre. Les meubles en bois sombre et métal brillent sous la lumière crue, chaque angle est calculé, chaque détail lance la perfection. C'est son royaume, et je suis une intruse. Mon tailleur, mes lunettes, ma sacoche utilisée – tout me trahit ici, mais je carre les épaules, refuse de me laisser bouffer par l'ambiance.
Il s'avance, contourne le bureau, et je sens son regard peser sur moi, encore. Mes mains tremblent, je les planque derrière ma sacoche, fais semblant de m'intéresser à la vue. Mais c'est lui qui domine, pas les tours dehors. Cette froideur, cette assurance – c'est une arme, et il sait s'en servir. Mon cœur cogne, mes pensées s'emmêlent. Ce mec a repris l'entreprise de son père, Amadeus Knight, il y a deux ans, et il l'a transformé en monstre. Les rumeurs parlent d'un type impitoyable, d'un bulldozer en costard qui s'écrase tout sur son passage. Et maintenant, je suis là, face à lui, à jouer ma vie sur un coup de poker. Faut que je tienne.
LAURIECarter relâche ma main et se redresse, un sourire en coin revenant sur son visage, comme s’il retrouvait son assurance.— Fais gaffe, Knight, lance-t-il, taquin, ses yeux pétillant. Elle est têtue, cette fille. Elle va te faire tourner en bourrique, mais elle vaut le coup.Alexander rit, un son bas, rauque, qui résonne dans ma poitrine.— Je sais, murmure-t-il, un éclat malicieux dans les yeux, son regard glissant vers moi.Le reste de l’équipe – Marc, quelques techniciens de Knight Enterprises, une amie de Carter – finit par partir, leurs rires et leurs voix s’évanouissant dans l’escalier. Le rooftop redevient notre refuge, un îlot suspendu au-dessus de Paris. Le vent se lève, jouant avec mes cheveux, les faisant danser autour de mon visage. Je les repousse, frissonnant légèrement, et Alexander s’approche, s’asseyant à côté de moi sur le coussin. Il est proche, si proche que je sens la chaleur de son corps, l’odeur de son eau de Cologne, boisée et subtile, mêlée à celle de la
laurieLe rooftop de Knight Enterprises scintille sous un ciel constellé d’étoiles, les guirlandes lumineuses suspendues entre des poutres d’acier jetant des éclats dorés qui dansent sur le béton poli. L’air frais d’avril 2025 porte une odeur sucrée de croissants tout juste sortis du four, flottant depuis un café niché dans une ruelle en contrebas, mêlée au parfum métallique et vibrant de Paris. La ville s’étend sous nos pieds, un océan de lumières clignotantes, des toits en zinc luisant sous la lune, des boulevards traçant des lignes dorées dans la nuit. Je suis assise sur un coussin posé à même le sol, une tablette sur les genoux, griffonnant des idées pour un projet qui n’a pas encore de nom – des esquisses de code, des concepts pour une start-up, des bribes de rêves que je n’ai jamais osé formuler à voix haute. Mes lunettes glissent sur mon nez, et je les repousse d’un geste machinal, mon pull en laine effleurant ma peau, doux comme une caresse contre la fraîcheur du soir.Alexande
laurieLa pluie tambourine contre les baies vitrées du bureau d’Alexander, un rideau glacé qui brouille la skyline de La Défense, ses éclats scintillant comme des yeux dans la nuit d’avril 2025. L’air sent le café refroidi et le papier, saturé par les vibrations des écrans tactiles, leurs notifications clignotant comme des battements de cœur. Je tiens la lettre d’Amadeus, mes doigts tremblants sur l’encre noire, le croquis d’un médaillon – cercle barré, symbole d’Oméga – brûlant mes yeux. Alexander, penché sur un écran, fronce les sourcils, ses cheveux noirs en mèches rebelles, ses yeux gris pleins d’une tempête contenue. Il croise mon regard, et je sens mon pouls s’affoler, une chaleur familière malgré la peur.« Son médaillon, » murmuré-je, ma voix rauque, pointant le dessin. « Il le portait toujours. Dans son ancien bureau, ici, non ? »Avant qu’il réponde, son téléphone vibre, et la voix de Marc, paniquée, déchire le silence. « Stahl s’est évadé, » dit-il. « Un gardien corrompu. I
LAURIEOn marche, main dans la main, à travers la cour, puis à l’intérieur, nos pas résonnant dans les couloirs vides. Chaque pièce est un souvenir – la salle commune où on jouait aux cartes, le dortoir où je pleurais la nuit, l’escalier où Alexander m’avait promis qu’on s’en sortirait. Je m’arrête devant une porte, celle du bureau du directeur, et je frissonne, repensant à Elena, à sa silhouette dans la photo, à tout ce qu’on a découvert. Stahl est en prison, les preuves d’Oméga ont fait tomber des puissants – politiciens, hommes d’affaires, ombres qu’Amadeus manipulait. Knight Enterprises est sauvé, Hargrove a signé pour de bon, et pourtant, je sens encore une ombre, un poids qui refuse de partir.Alexander le sent aussi, je le vois dans sa posture, dans la façon dont ses yeux balaient les murs, comme s’il cherchait quelque chose. Il sort une lettre de sa poche, celle trouvée dans les dossiers de Stahl, écrite par Amadeus avant sa mort. Il me la tend, et je la prends, mes doigts tre
laurieLe soleil se lève sur la campagne, un éclat timide qui perce les nuages, comme une caresse après une longue nuit de tempête. Je suis debout dans la cour de l’orphelinat, l’herbe humide trempant mes baskets, mon souffle formant de petits nuages dans l’air frais d’avril. Alexander est à côté de moi, sa main dans la mienne, chaude, solide, un ancrage que je n’aurais jamais cru possible il y a encore quelques semaines. Nos valises sont posées près de la voiture, un vieux break qu’on a loué pour ce voyage, comme si on voulait laisser le luxe de Knight Enterprises derrière nous, ne serait-ce que pour un jour. On est revenus ici, à cet endroit qui nous a faits et brisés, pas pour chercher des réponses, pas pour se battre, mais pour dire adieu – aux murs gris, aux souvenirs amers, à la douleur qu’on a portée trop longtemps.L’orphelinat n’a pas changé, pas vraiment. Les fenêtres sont toujours cassées, leurs cadres mangés par la rouille, et la grille d’entrée penche comme un vieillard f
Il attrape son arme, rapide comme un serpent, et je pousse Laurie derrière moi, mon flingue levé, le canon pointé sur sa poitrine. Mon cœur cogne, mais ma main est ferme.— Pose ça, Stahl, dis-je, la voix basse, un grondement. T’es pas en position de jouer.Il hésite, ses yeux passant de moi à Laurie, puis à la porte, comme s’il calculait ses chances. On gagne du temps, c’est le plan – laisser les flics se positionner, attendre le signal de Marc. Mais je vois Laurie bouger du coin de l’œil, discrète, maligne. Elle glisse une main dans sa poche, son téléphone allumé, l’écran masqué par sa paume. Elle enregistre, encore, capturant chaque mot de Stahl, chaque aveu qu’il lâche malgré lui. Elle est brillante, toujours un coup d’avance, et une bouffée de fierté m’envahit, même au milieu de cette tension.— Parle, Stahl, dis-je, pour le pousser, pour le faire craquer. T’as perdu. Pourquoi tu t’accroches ?Il ricane, mais ses mots sortent, presque malgré lui, comme si la pression le faisait d