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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-05-04 22:43:51

LAURIE

On marche, main dans la main, à travers la cour, puis à l’intérieur, nos pas résonnant dans les couloirs vides. Chaque pièce est un souvenir – la salle commune où on jouait aux cartes, le dortoir où je pleurais la nuit, l’escalier où Alexander m’avait promis qu’on s’en sortirait. Je m’arrête devant une porte, celle du bureau du directeur, et je frissonne, repensant à Elena, à sa silhouette dans la photo, à tout ce qu’on a découvert. Stahl est en prison, les preuves d’Oméga ont fait tomber des puissants – politiciens, hommes d’affaires, ombres qu’Amadeus manipulait. Knight Enterprises est sauvé, Hargrove a signé pour de bon, et pourtant, je sens encore une ombre, un poids qui refuse de partir.

Alexander le sent aussi, je le vois dans sa posture, dans la façon dont ses yeux balaient les murs, comme s’il cherchait quelque chose. Il sort une lettre de sa poche, celle trouvée dans les dossiers de Stahl, écrite par Amadeus avant sa mort. Il me la tend, et je la prends, mes doigts tre
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    LAURIECarter relâche ma main et se redresse, un sourire en coin revenant sur son visage, comme s’il retrouvait son assurance.— Fais gaffe, Knight, lance-t-il, taquin, ses yeux pétillant. Elle est têtue, cette fille. Elle va te faire tourner en bourrique, mais elle vaut le coup.Alexander rit, un son bas, rauque, qui résonne dans ma poitrine.— Je sais, murmure-t-il, un éclat malicieux dans les yeux, son regard glissant vers moi.Le reste de l’équipe – Marc, quelques techniciens de Knight Enterprises, une amie de Carter – finit par partir, leurs rires et leurs voix s’évanouissant dans l’escalier. Le rooftop redevient notre refuge, un îlot suspendu au-dessus de Paris. Le vent se lève, jouant avec mes cheveux, les faisant danser autour de mon visage. Je les repousse, frissonnant légèrement, et Alexander s’approche, s’asseyant à côté de moi sur le coussin. Il est proche, si proche que je sens la chaleur de son corps, l’odeur de son eau de Cologne, boisée et subtile, mêlée à celle de la

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    LAURIEJe m'approche des portes vitrées de Knight Enterprises, et mon cœur cogne si fort sous ma veste que je me demande si quelqu'un peut l'entendre. Deux entretiens déjà dans la poche, passés haut la main, mais aujourd'hui, c'est une autre guerre. Le grand face-à-face. Alexander Knight, le PDG en personne, celui qui tient ma vie entre ses mains. Il peut me propulser dans ce monde de luxe ou me balancer dehors comme une vieille chaussette. Cette pensée me hante depuis des jours, me réveille la nuit, trempée de sueur. Je ne peux pas foirer. Pas maintenant, pas après tout ce que j'ai traversé.J'ai pas eu une vie en cadeau. Rien n'a été facile, chaque pas a été une bataille. Je m'appelle Laurie Brunel, j'ai 26 ans, et si je tiens encore debout, c'est parce que j'ai appris à encaisser les coups dès le berceau. Née dans une bagnole qui s'est fracassée sur une route glissante, ma mère a clamsé quelques minutes après m'avoir poussée dans ce monde. Mon père, brisé par l'accident, cloué dans

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    LaureiL'hôtesse m'a lâché son « dernier étage » comme un ordre, et je pivote vers le couloir, le cœur qui cogne toujours aussi fort sous ma veste. Pas le temps de traîner. Je traverse le hall, mes escarpins claquants sur le marbre, chaque pas un défi lancé à ce monde qui me hurle que je ne suis pas à ma place. Mais je suis là, et je vais pas me dégonfler. Pas maintenant. Pas face à lui – Alexander Knight, le nom qui fait trembler les murs de cette tournée, celui qui va décider si je grimpe ou si je m'écraser.Je jette un coup d'œil autour de moi, juste assez pour ajuster mon armure. Mon tailleur noir, mon miracle à dix euros, tient le coup, mais je sens la sueur perler dans mon dos. Mes cheveux châtains sont tirés en un chignon si serré qu'il tire sur mon cuir chevelu – strict, pro, peut-être un peu trop sévère pour mes 26 ans. Mes yeux bleus, soulignés d'un trait discret de mascara, brillent d'une lueur que j'espère assurée. Je passe une main sur mes lèvres, vérifiez la teinte rouge,

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    Alexandre )Je laisse Mademoiselle Brunel passer devant moi, et son stress me saute aux narines comme une odeur de sueur froide. Elle tremble sous son tailleur ajustée, mais elle le cache bien – presque. Son CV est une surprise, pourtant. À même pas trente ans, elle aligne plus de diplômes que moi, des lignes de prestige qui brillent sur le papier. Moi ? J'ai jamais eu besoin de ça. Amadeus Knight m'a ramassé, modelé, et martelé une seule vérité : je serais son héritier, son bras droit, le prochain à tenir les rêves de son empire. L'école, c'était juste un moyen, pas une fin. Lui, il a bâti tout ça à la force des poings, avec du culot, un peu de chance, et des deals pas toujours nets. Il m'a jamais caché les ombres de son jeu.Gamin, je voyais des types louches défiler à la maison. Des soirées poker au sous-sol, des fumées épaisses qui montaient jusqu'à l'étage, pendant que ma mère adoptive me collait devant un film avec du popcorn trop salé. Ou des réunions dans son bureau, portes

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    AlexanderElle entre dans mon bureau, Mademoiselle Brunel, et je lui fais signe de s'asseoir d'un geste sec. La chaise en face de moi l'attend, froide, comme tout le reste ici. Je vais pas tourner autour du pot – quelques questions, directes, précises, puis je trancherai dans un jour ou deux. Mon père n' est plus là pour tenir les rêves, mais son ombre plan encore. Je lui balancerai mon ressenti, comme toujours, avant de signer quoi que ce soit. Un CV, ça se truque, mais pas chez nous. Mes détectives fouillent tout – stages, écoles, passés louches. Rien ne passe entre les mailles. Elle a tenu le coup jusque-là, mais on verra si elle craque face à moi.« Voulez-vous un café ? » je lâche, histoire de briser la glace – ou de la tester encore. Elle hésite, une seconde de trop, puis se redresse d'un coup, ses yeux bleus plantés dans les miens. « Volontiers. »Un coin de ma bouche tique – pas vraiment un sourire, juste une réaction. Elle se détend, croit que je baisse la garde. Erreur. J

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    laurieLe soleil se lève sur la campagne, un éclat timide qui perce les nuages, comme une caresse après une longue nuit de tempête. Je suis debout dans la cour de l’orphelinat, l’herbe humide trempant mes baskets, mon souffle formant de petits nuages dans l’air frais d’avril. Alexander est à côté de moi, sa main dans la mienne, chaude, solide, un ancrage que je n’aurais jamais cru possible il y a encore quelques semaines. Nos valises sont posées près de la voiture, un vieux break qu’on a loué pour ce voyage, comme si on voulait laisser le luxe de Knight Enterprises derrière nous, ne serait-ce que pour un jour. On est revenus ici, à cet endroit qui nous a faits et brisés, pas pour chercher des réponses, pas pour se battre, mais pour dire adieu – aux murs gris, aux souvenirs amers, à la douleur qu’on a portée trop longtemps.L’orphelinat n’a pas changé, pas vraiment. Les fenêtres sont toujours cassées, leurs cadres mangés par la rouille, et la grille d’entrée penche comme un vieillard f

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    Il attrape son arme, rapide comme un serpent, et je pousse Laurie derrière moi, mon flingue levé, le canon pointé sur sa poitrine. Mon cœur cogne, mais ma main est ferme.— Pose ça, Stahl, dis-je, la voix basse, un grondement. T’es pas en position de jouer.Il hésite, ses yeux passant de moi à Laurie, puis à la porte, comme s’il calculait ses chances. On gagne du temps, c’est le plan – laisser les flics se positionner, attendre le signal de Marc. Mais je vois Laurie bouger du coin de l’œil, discrète, maligne. Elle glisse une main dans sa poche, son téléphone allumé, l’écran masqué par sa paume. Elle enregistre, encore, capturant chaque mot de Stahl, chaque aveu qu’il lâche malgré lui. Elle est brillante, toujours un coup d’avance, et une bouffée de fierté m’envahit, même au milieu de cette tension.— Parle, Stahl, dis-je, pour le pousser, pour le faire craquer. T’as perdu. Pourquoi tu t’accroches ?Il ricane, mais ses mots sortent, presque malgré lui, comme si la pression le faisait d

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    LAURIE— T’es toujours là, murmure-t-il, la voix rauque, râpeuse comme du papier de verre.— Ouais, dis-je, un sanglot coincé dans la gorge. Mais t’as intérêt à arrêter de te faire tirer dessus, parce que je vais pas passer ma vie à jouer les infirmières.Il rit, un son bref qui se transforme en grimace de douleur, et je me penche, l’embrasse doucement sur les lèvres, un geste impulsif qui dit tout ce que je ne peux pas formuler. Ses lèvres sont sèches, mais chaudes, et il répond, faiblement, comme s’il puisait dans ses dernières forces. On s’écarte, et ses yeux cherchent les miens, pleins de questions, de regrets, mais aussi d’autre chose, quelque chose qui ressemble à de l’espoir.— Le disque ? demande-t-il, sa voix plus ferme.Je tapote ma poche, le métal dur sous mes doigts.— En sécurité. Les flics ont tout – les dossiers, l’enregistrement d’Elena. Elle chante comme un canari. Stahl est dans le vent, mais ils le traquent.Il hoche la tête, ses doigts serrant les miens un peu plus

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    LaurieL’hôpital pue l’antiseptique, un parfum acide qui s’accroche à mes narines, mêlé à une odeur plus insidieuse, celle de la peur, de la mort évitée de justesse. Ça me retourne l’estomac, me donne envie de vomir ou de fuir, mais je reste clouée sur cette chaise en plastique inconfortable, les yeux rivés sur Alexander. Il est là, allongé dans ce lit trop blanc, trop propre, son torse enveloppé de bandages là où la balle l’a frappé. Une blessure nette, ont dit les médecins, mais le mot « nette » n’efface pas la tache rouge qui s’est imprimée dans ma mémoire, ni le cri qu’il a poussé quand il s’est effondré. Il est vivant, stable, mais chaque bip du moniteur cardiaque, régulier et mécanique, me rappelle à quel point c’était proche, à quel point j’ai failli le perdre. Mes mains tremblent, serrant le disque dur qu’on a arraché à ce cauchemar, ce foutu « Projet Oméga » qui a failli nous tuer tous les deux. C’est un rectangle froid, métallique, à peine plus grand qu’un paquet de cartes, m

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