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7

Author: KabalaFranck
last update Last Updated: 2025-04-19 17:06:27

Chapitre 7 : Ce qu’on fuit finit toujours par nous rattraper

Le mail est arrivé en début d’après-midi. 

Objet : Réunion confidentielle – Projet Majestic – Priorité haute.

Il est signé par l’architecte en chef, Peter Hallman. Le ton est formel, presque trop neutre pour être honnête. Je le relis une deuxième fois, les sourcils froncés.

Un dîner.

À 20 heures. 

Dans une salle privée du restaurant haut de gamme situé au dernier étage du Majestic. 

« Pour discuter des aspects confidentiels du projet, en présence du commanditaire principal. »

Je n’ai même pas besoin de lire entre les lignes.

Le commanditaire principal, c’est lui. William.

Il veut me voir.

Encore.

Je repose mon téléphone sur mon bureau, comme s’il m’avait brûlée. Je fais quelques pas dans mon salon, les bras croisés, le cœur légèrement accéléré. Une partie de moi veut refuser tout de suite. Répondre sèchement que je ne mange jamais avec mes clients, encore moins avec mon ex-mari milliardaire et manipulateur.

Mais l’autre partie…

Celle qui me dégoûte un peu…

Elle hésite.

Parce qu’au fond, une infime part de moi veut savoir. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce regard qu’il m’a lancé ce matin, ce silence pesant, cette tension qui semble prête à exploser ?

Et puis surtout… cette phrase.

Je veux comprendre si ce qu’on a vécu mérite une vraie fin… ou un nouveau départ.

Elle résonne encore dans ma tête. M’empêche de penser à autre chose.

Je me déteste d’y penser. Mais c’est là.

En fin de journée, je passe voir Clara, ma meilleure amie et bras droit dans l’agence.

Elle me connaît trop bien.

Dès qu’elle voit mon visage, elle pose son stylo et plisse les yeux.

« Qu’est-ce qu’il a encore fait, ce crétin en costume ? »

Je soupire. Je me laisse tomber dans le fauteuil devant son bureau.

« Il veut dîner avec moi. Demain. »

Elle arque un sourcil.

« Attends. Il t’a invitée ? En mode gentleman ou en mode ‘je glisse ça dans un mail comme un lâche’ ? »

Je lève les yeux au ciel.

« Par un mail de Peter Hallman. Une ‘réunion confidentielle’. »

Elle éclate de rire.

« Classique. Il pense que s’il met un peu de formalisme autour, tu vas pas te méfier. »

Je secoue la tête.

« Le pire, c’est que je me méfie. Et pourtant… j’hésite. »

Elle se penche vers moi, soudain plus sérieuse.

« Angie… tu sais que je te soutiendrai, quoi que tu fasses. Mais si tu y vas, ce n’est pas pour l’écouter. C’est pour te confronter à ce que tu ressens encore. Et ça, c’est risqué. »

Je hoche lentement la tête.

« Je sais. »

Silence. Puis elle ajoute doucement :

« Tu te souviens de la dernière fois que tu l’as regardé comme ça ? »

Je ferme les yeux.

Et le souvenir remonte.

C’était un an avant le divorce. Un soir de gala. Un de ces événements mondains où les femmes portent des robes trop chères et les hommes des sourires de requins. Moi, je portais du rouge. Il m’avait regardée comme si j’étais la seule lumière dans une salle pleine de miroirs.

Il m’avait pris la main au milieu de la foule, sans prévenir.

« On s’en va », avait-il dit.

« Maintenant ? Mais— »

« Tout ce que j’ai envie de voir ce soir, c’est toi. »

On était montés dans sa voiture, roulé sans but jusqu’au bord de l’Hudson. Il m’avait raconté des souvenirs d’enfance, parlé de sa mère, de ses peurs.

Ce soir-là, j’avais cru que je l’aimais plus que jamais.

Et ce soir-là, j’avais aussi compris qu’il me cachait quelque chose.

Je l’avais senti, sans preuve.

Juste cette distance subtile. Ce mur invisible entre son cœur et le mien.

Je rouvre les yeux.

Clara m’observe.

Je murmure, presque pour moi-même :

« Peut-être que je dois l’entendre. Juste une fois. Et après, je tournerai la page pour de bon. »

Elle pince les lèvres.

« Ou peut-être qu’il va trouver le moyen de t’embrouiller à nouveau. »

Je me lève.

« Pas cette fois. Je ne suis plus la femme qu’il a quittée. »

Elle me sourit, un peu triste.

« Non. Tu es plus forte. Mais même les femmes fortes ont le droit d’avoir mal. »

Je ne réponds pas.

Je rentre chez moi.

Et le soir venu, devant mon dressing, je me rends compte que je cherche inconsciemment une robe. Quelque chose d’élégant, mais pas trop. Neutre… mais flatteur.

Je m’insulte intérieurement. Et pourtant, je choisis quand même un tailleur pantalon noir, une chemise ivoire. Ma tenue de combat.

Je serai prête, demain.

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