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Chapitre 7

Author: Limonade Douce
Après avoir rangé les affaires qu'elle avait achetées dans son nouvel appartement, Chloé retournait à la villa des Bernard.

Lorsqu'elle a allumé la lumière, elle a aperçu Lucien assis sur le canapé, l'air sombre.

Elle changeait de chaussures et a passé devant lui sans un mot.

Mais Lucien l'a attrapée brusquement par le poignet et l'a jetée violemment sur le canapé.

Son bras blessé a heurté le bord, la douleur lui faisait aussitôt pâlir le visage.

Mais Lucien avait complètement oublié qu'elle était blessée. Comme d'habitude, il lui lançait des reproches d'un ton glacial : « Qu'est-ce qui t'a pris aujourd'hui, Chloé ? Tu te crois forte maintenant, à oser me bloquer ? Et pourquoi t'es pas allée à l'hôpital comme je te l'ai dit ? »

Ces trois dernières années, dès qu'il était de mauvaise humeur, c'est elle qui servait de défouloir. Les reproches étaient le minimum. Parfois, il la poussait, la brutalisait. Une fois, elle s'était cognée contre un meuble, le dos couvert d'hématomes. Elle était restée allongée trois jours. Ensuite, il s'excusait, disait qu'il n'avait pas fait exprès.

Elle comprenait, car il était malade, et elle l'avait toujours supporté.

Mais maintenant qu'il avait retrouvé sa mobilité, qu'il n'était plus ce Lucien désespéré et reclus d'avant, elle n'était plus disposée à tolérer ce genre de comportement.

Elle répondait d'un ton glacial : « Toi, t'as le droit de bloquer mon numéro, mais moi j'ai pas le droit de te bloquer sur Messenger ? Et je suis pas la bonne de Jeanne. Sa blessure n'a rien à voir avec moi, j'ai aucun devoir de m'occuper d'elle. »

Lucien ne comprenait pas de quoi elle parlait. Il a ouvert son téléphone, regardait les numéros bloqués... et voyait effectivement celui de Chloé.

Il s'est rappelé alors vaguement l'avoir bloquée autrefois, sans même se souvenir pourquoi.

Il s'est passé la main dans les cheveux, agacé, puis levait les yeux vers elle. Elle avait toujours été docile. Mais depuis quelque temps, elle était devenue rebelle, insupportable.

Il se souvenait aussi qu'il n'avait pas mangé ses plats depuis un moment. Et au fond, ça lui manquait.

Il n'était pas idiot, il comprenait bien qu'il l'avait négligée dernièrement.

Dans l'espoir de la calmer et de la ramener à son rôle « normal », il a adouci un peu le ton : « OK, t'as bloqué mon Messenger, c'est bon, on est quittes. Pour Jeanne, t'as pas besoin d'aller à l'hôpital. Mais prépare ses repas tous les jours et apporte-les-lui. »

Il est sorti une carte bancaire secondaire. « Si t'as besoin de faire du shopping pour te changer les idées, vas-y. Mais évite de te disputer avec Sophie ou de dire n'importe quoi qui nous foute la honte. Moi, j'ai jamais voulu divorcer. Donc arrête de ressortir ce sujet. Tiens, prends cette carte, le plafond est de deux cent mille par mois. Tu pourras aussi gérer les dépenses de ta mère. Même si elle a plus besoin de soins lourds, elle aura toujours besoin d'une bonne alimentation. Comme ça, t'auras plus besoin de me redemander d'argent. »

Il savait qu'elle manquait d'argent. Et dans sa tête, il suffisait de lui donner plus pour qu'elle se tienne tranquille.

Mais Chloé regardait la carte avec dégoût.

Ces trois dernières années, chaque fois qu'elle lui avait demandé de l'argent, il la traitait de haut, la rabaissait. Et maintenant, il lui tendait une carte secondaire ? Elle n'en voulait plus.

Leur contrat de trois ans touchait à sa fin, l'état de sa mère s'était amélioré. Elle n'avait plus besoin de lui.

Elle n'aspirait plus qu'à une chose : partir.

Elle a repoussé la carte et répliquait avec mépris : « Pas besoin. Je veux rien de toi. »

Lucien fronçait les sourcils : « Deux cent mille, ça te suffit pas ? Tu veux combien ? »

Il estimait avoir été plus que généreux. Même s'il ne l'aimait pas, il assumait ses responsabilités, y compris envers sa belle-mère. Qu'est-ce qu'elle voulait de plus ?

Chloé, froide comme la glace : « Je veux rien. Je veux juste divorcer. T'as déjà signé les papiers, non ? Finissons ça proprement. »

« Quels papiers de divorce ? » demandait-il, confus.

Il ne se souvenait pas avoir signé ça.

Chloé avait un petit rire moqueur : « Tu t'en rappelles pas ? L'autre jour... »

Elle n'avait pas le temps de finir : le téléphone de Lucien a sonné.

Il a décroché. La voix affolée de Sophie a résonné à travers le combiné : « C'est pas bon, frère ! Jeanne vient de s'évanouir ! »

Le visage de Lucien changeait du tout au tout.

« Quoi ?! Attends-moi, j'arrive tout de suite. »

Sans même un regard pour Chloé, il est sorti en trombe.

Chloé s'y attendait. Ce qu'il avait de plus cher au monde, c'était Jeanne.

Qu'elle parte, ça lui arrangerait les choses. Il pourrait vivre son histoire avec Jeanne. Et elle, au moins, serait enfin libre.

Une semaine a passé. Lucien n'a remis pas les pieds à la villa.

Évidemment, Chloé n'allait pas chercher à savoir ce qu'il faisait. Elle n'avait plus envie de se faire du mal.

En ouvrant son Messenger, elle est tombée sur une nouvelle publication de Sophie.

Une photo de billet d'avion, accompagnée d'une légende : « Trop heureuse ! Encore en train de profiter des avantages de mon frère et de ma belle-sœur, direction l'Islande pour voir les aurores boréales ! »

Chloé comprenait. Lucien était parti en voyage avec Jeanne. Voilà pourquoi l'assistante ne l'avait pas relancée pour livrer les repas.

Elle n'était pas jalouse. Elle trouvait juste que Jeanne s'était bien trop peu fait mal en tombant.

À ce moment-là, Mme Bernard l'appelait.

« Chloé, tu viendras à mon anniversaire la semaine prochaine, hein ? »

Elle hésitait un instant, puis répondait : « Oui, j'y serai. »

Mme Bernard n'avait jamais été mauvaise avec elle. Une dernière fois avant le divorce, elle voulait bien lui faire cet honneur.

L'aînée a éclaté de rire, soulagée. Puis elle soupirait : « Tu sais, Chloé, je t'aime beaucoup... Dommage que Lucien ne sache pas te chérir. »

À ses yeux, malgré un statut modeste, Chloé était bien plus digne que Jeanne. Elle savait se taire, endurer, et avait tout d'une vraie épouse.

Mais puisque son fils ne l'aimait pas, elle ne pouvait pas la forcer à rester.

Le lendemain du retour de Lucien et Jeanne, c'était l'anniversaire de Mme Bernard.

Comme Lucien n'était pas rentré chez lui, Chloé se rendait directement à la résidence familiale.

En entrant dans la salle de réception, elle a aperçu Lucien dans un élégant costume, et Jeanne dans une robe champagne, les épaules dégagées.

Ils étaient bras dessus, bras dessous, un couple idéal.

Autour d'eux, les invités s'extasiaient : « Quelle belle paire ! » « Ils vont si bien ensemble ! »

Jeanne, rayonnante, souriait encore plus fort en entendant ces compliments.

Chloé restait dans un coin de la salle, silencieuse.

Lucien a fini par la remarquer.

Il fronçait les sourcils et s'approchait d'elle. « Qu'est-ce que tu fais là ? »

La plupart des invités ce soir étaient des personnalités importantes de Royanville. Il ne voulait surtout pas que quelqu'un apprenne que Chloé était sa femme.

Elle répondait calmement : « C'est ta mère qui m'a invitée. »

Lucien, agacé : « Tu lui souhaites son anniversaire et tu pars vite. Faut pas que les gens sachent qui t'es. »

Sans attendre de réponse, il s'éloignait.

Un invité lui demandait : « Et cette jeune femme, c'est qui ? »

Lucien a jeté un bref regard à Chloé : « Mon assistante. »

Chloé esquissait un sourire amer.

À ses yeux, elle n'était pas digne du titre de Mme Bernard.

Il ne l'avait jamais présentée comme sa femme dans les événements importants. Juste dans les réunions familiales entre proches.

Sur scène, Jeanne s'est mise à jouer un morceau de piano. La mélodie était douce et élégante. L'assemblée l'applaudissait avec ferveur.

Après sa performance, elle est descendue, s'accrochait au bras de Lucien.

Quelqu'un lançait : « Mlle Laurent, vous êtes diplômée de la Conservatoire royal de musique de Bruxelles, non ? Quel talent ! »

Jeanne rougissait et se rapprochait encore de Lucien.

Sous les éloges, Lucien semblait rayonner.

Pour lui, une femme comme Jeanne, belle, bien née, talentueuse, cultivée... c'était ça, la partenaire idéale.

Quant à Chloé ? Elle n'était bonne qu'à s'occuper de lui à la maison. La montrer en public ? Jamais.

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