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Chapitre 4

Author: Branche Flamboyante
« Ce n'est pas que je ne te crois pas. Mais en seize ans et sept mois, Céleste ne m'a jamais menti. »

Florian a marqué une pause, a froncé sévèrement les sourcils, et a tranché : « Lucie, puisque tu l'as fait pleurer, c'est à toi de la consoler. »

À ce moment, Céleste, qui sanglotait discrètement, a lancé délibérément sa bague dans la piscine.

« Oh non ! Florian, ma bague... Elle est tombée dans l'eau ! » s'est-elle écriée avec une fausse surprise.

Puis elle a fixé Lucie, un sourire provocant aux lèvres : « Bon, inutile de t'excuser. Récupère cette bague, et j'oublierai tout ce que tu m'as fait. »

L'hiver venait tout juste de s'installer. L'eau de la piscine était glaciale, d'autant plus que la blessure au front de Lucie n'était pas encore guérie.

Elle a tourné les yeux vers Florian, assis là. Mais l'homme gardait la tête baissée, son expression dissimulée.

Ses longs doigts tambourinaient la table. Son profil aristocratique restait impassible, refusant de lui accorder un regard.

À cet instant, Lucie a senti son cœur se transpercer d'une douleur aiguë et persistante.

Un souvenir lui est revenu brusquement : six mois après l'annonce du handicap de Florian, son père était venu à l'hôpital et, jugeant ses chances de guérison trop faibles, avait commencé à chercher un autre héritier. Ce soir-là, Florian avait disparu.

Quand Lucie l'avait retrouvé, il poussait son fauteuil roulant vers les vagues déchaînées, l'eau glacée lui montant déjà jusqu'à la poitrine.

Affolée, elle avait tenté de le raisonner, mais il l'avait repoussée violemment : « Cesse ton numéro ! Tu n'es que ma copine, pas ma femme. Si tu veux vraiment te mêler de mes affaires, prouve-le ! Fais un aller-retour dans ces vagues, et dès ce soir, je t'écouterai. »

Lucie était restée pétrifiée. Elle aurait voulu lui crier qu'elle était sincère, qu'elle rêvait d'être son épouse. Alors, bien que ne sachant pas nager, elle s'était jetée à l'eau sans hésiter.

Le courant l'avait emportée en un instant et elle avait perdu conscience.

À son réveil, elle avait croisé le regard inquiet de Florian. Son visage était décomposé, la mâchoire crispée : « Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu savais pas nager ?! Tu es folle ? Te jeter à l'eau comme ça ? »

Elle avait levé vers lui des yeux fiévreux, la voix rauque : « Même si tu ne remarches jamais... Je veux t'épouser. Je t'aime... bien plus que tu ne l'imagines. »

Depuis ce jour, Florian l'avait tenue éloignée de la mer. Il était même allé jusqu'à interdire qu'on remplisse la piscine chez eux.

C'était seulement parce que Lucie avait trouvé cela étrange qu'il avait finalement cédé, autorisant les domestiques à la remplir quotidiennement.

Perdue dans ses pensées, Lucie a esquissé un sourire crispé, son visage restant de marbre : « Tu veux que je ramasse ta bague ? D'accord, je vais la chercher. »

Sans même prendre la peine d'enlever son manteau, elle a plongé dans l'eau glacée. Le froid l'a transpercée instantanément, la faisant trembler de tout son corps.

Elle s'est laissée lentement couler, submergée par une terreur immense, mais refusant obstinément d'appeler à l'aide.

Une traînée rouge a commencé à se diffuser dans l'eau.

« Mon Dieu ! Vous saignez ! » s'est exclamé Jacob, horrifié.

Florian a arraché sa veste et a sauté dans la piscine pour la repêcher.

« Ça suffit ! Pourquoi es-tu aussi têtue ? Tu n'avais qu'à partir ! » a-t-il hurlé.

Lucie, les yeux vers l'anneau scintillant au fond du bassin, a déclaré d'une voix glaciale : « Tu voulais que je la console ? Comme ça, ta chère Céleste doit être ravie, non ? »

Les sourcils froncés, le beau visage de Florian s'est déformé sous l'effet de la colère : « Combien de fois dois-je te répéter ? Céleste, je la considère comme ma petite sœur. Ne sous-estime pas l'influence de sa famille. Si l'histoire de ta manipulation s'ébruite, tu imagines les conséquences ? Les rumeurs sont difficiles à étouffer. Tout ce que je fais, c'est pour te protéger. »

Sa voix s'est faite douce, presque tendre, comme si chaque mot n'avait été motivé que par son souci pour elle.

Mais ces paroles ont fait rire Lucie amèrement.

Difficile d'étouffer les rumeurs ? Lui, l'héritier prestigieux de la famille Rouzet, avait bien réussi à cacher l'accident de course qui l'avait rendu handicapé, un stupide coup de tête pour faire sourire Céleste !

Céleste, arrogante, égoïste et même tyrannique, n'avait jamais été une bonne personne. Sa famille inspirait elle aussi la méfiance, et c'était seulement sous la protection de Florian qu'elle avait pu prospérer.

Et qu'en était-il de cette grossesse par FIV qu'il avait si soigneusement dissimulée ?

Maintenant que Lucie était concernée, soudain les rumeurs devenaient ingérables ? La vérité était cruelle : il ne tenait tout simplement pas autant que ça à Céleste.

Trop épuisée pour débattre, elle a ôté son manteau noir trempé et s'est dirigée vers le salon.

Mais après quelques pas, la perte de sang avait raison d'elle. Elle s'est effondrée, inconsciente.

Surpris et livide, Florian s'est précipité vers elle, mais Céleste a choisi ce moment pour se plier en deux, sanglotant : « Florian... J'ai mal au ventre... Porte-moi à l'étage... »

Son hésitation n'a duré qu'un instant. Il a tourné les talons et a pris Céleste dans ses bras.

Laissant Lucie s'écrouler lourdement sur le sol, il s'est contenté de lancer au majordome sans même un regard en arrière : « Jacob, emmène-la à l'hôpital. »
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